Au stade des sélections régionales, la compétition met en avant des jeunes passionnés par leur métier, déterminés à montrer de quoi ils sont capables.
« Il reste un quart d’heure ! » À ces mots, les participants accélèrent encore le rythme. « Tu as vu comme il utilise ses deux mains », murmure un spectateur. Concentrés, un casque antibruit sur les oreilles, les candidats aux sélections régionales des Worldskills dans la catégorie carrelage les ignorent et peaufinent leur travail, une représentation murale de l’aéroport de Lyon. « C’est terminé. » Les jeunes s’éloignent de leur œuvre à regret. Le gagnant est un Aindinois de 19 ans. Alexis Varvier est élève au CFA du BTP de Bourg-en-Bresse dans lequel se sont déroulées les épreuves de carrelage et de béton armé les 8 et 9 mars. Il pourra avancer dans l’aventure de l’olympiade des métiers et prendre part aux finales nationales à Lyon du 13 au 16 septembre. Avec une chance, peut-être, de participer à l’épreuve mondiale réservée aux jeunes de moins de 23 ans. Sur les quelque cent candidats du territoire, ils sont trois à avoir été sélectionnés à ce jour pour prendre part à l’événement. Sous réserve de nouveaux gagnants, l’Ain sera donc représenté en carrelage, en soins infirmiers et en ébénisterie.
Le sens des valeurs
Du côté des maçons, Elio Carbonaro, chef de groupe maîtrise chez Bouygues Bâtiment dans le Rhône, observe les quatre jeunes qu’il a accompagnés, dont trois mineurs. « Participer au concours apporte des valeurs supplémentaires d’excellence et d’amour du travail bien fait. Cela permet à chaque jeune de se remettre en question et d’aller chercher le meilleur. Quand ils reviendront en entreprise, ils auront une culture et un regard différent sur le travail. Outre des binômes de plus grande qualité, ils apporteront cela auprès de leurs compagnons de leur niveau. » Selon le chef de groupe, le concours apporte énormément en maturité. Les candidats s’inscrivent dans une compétition où ils sont seuls, affrontant d’autres jeunes avec parfois plusieurs années d’expérience supplémentaires. « Participer aux Worldskills est un énorme plus sur le CV. C’est un véritable gage de sérieux compte tenu du niveau de la compétition », ajoute Raphaël Amato, dirigeant de la société Maison Amato, à Poncin.

Une démarche d’ailleurs encouragée par les chefs d’entreprise comme en témoignent des candidats en béton armé. « C’est une expérience à vivre et cela nous permet de nous challenger. Mon employeur était ravi que je prenne part à cette aventure », explique Alexandre Daraucha, 17 ans, en première année de bac pro maçonnerie au CFA du BTP à Bourg et en alternance chez Morel Bâtiment à Cormoranche-sur-Saône. « Quand mon chef d’équipe et mon patron ont appris mon inscription, ils m’ont soutenu dans cette démarche », ajoute Wyatt Barge, 17 ans, dans la même classe et en alternance chez Bourdon Construction à Saint-Cyr-sur-Menthon. Dans leur épreuve, les deux jeunes hommes obtiennent la médaille de bronze.

Compétition sportive de haut niveau
Sur les 69 catégories possibles aux Worldskills, la région en a ouvert 68 aux candidats. Auvergne-Rhône-Alpes Orientations, en charge de l’organisation régionale, accompagne les jeunes aux finales nationales. « Prendre part à un tel concours ne se fait pas sans préparation. Les jeunes sélectionnés seront accompagnés par un professionnel du métier, sur leur programme d’entraînement. En parallèle, nous les réunissons tous avec des coachs sportifs et mentaux pendant trois week-ends. Ils bénéficient d’un véritable plan de préparation, aussi bien sur les aspects techniques, que sur les aspects physiques et mentaux, comme des sportifs de hauts niveaux », conclut Aurélie Gavoille Alix, chargée de développement et d’animation chez Auvergne-Rhône-Alpes Orientation.
Joséphine Jossermoz
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