La mobilité est devenue un enjeu de société essentiel. Le Pôle métropolitain du Genevois français conduit cette révoution en lançant dix projets de grande envergure qui permettront de réinventer la mobilité à l’horizon 2030.
Avec 420 000 habitants en 2019, le Genevois français, c’est-à-dire la partie française du Grand Genève, connaît depuis plusieurs années un important développement démographique en raison du dynamisme économique de Genève. Cette bonne santé, qui se traduit par la plus forte croissance démographique de France métropolitaine avec une progression de 2,1 % par an, a aussi pour conséquence des systèmes de transport et de déplacement saturés, où prédominent l’usage des transports individuels motorisés, avec 70 % des déplacements, et une offre de transports collectifs en retrait par rapport à des territoires comparables qui représente seulement 6,3 % des déplacements.
Evoluant au rythme de 10 000 habitants supplémentaires par an, la croissance démographique du Genevois français génère chaque jour d’importants volumes de déplacements supplémentaires. Au 1,34 million de déplacements quotidiens (recensés en 2015) s’en ajouteront 400 000, également quotidiens, à l’horizon 2030. Cette situation implique donc de nombreux défis en termes d’équipements des territoires pour assurer un développement équilibré, maîtrisé et durable à l’échelle de son bassin de vie mais également dans le cadre de la coopération transfrontalière du Grand Genève entre France et Suisse.
Une mission qui revient au Pôle métropolitain du Genevois français, composé de huit structures intercommunales. Partant du principe qu’agir de concert permet de mieux maîtriser son environnement, le Pôle métropolitain du Genevois français s’emploie à bâtir, porter et déployer un projet collectif et cohérent capable d’engager le territoire sur la voie des nouvelles mobilités, de la transition énergétique, de l’aménagement du territoire et du développement écologique.
« Le tram devient un élément fondamental de cette nouvelle mobilité avec l’extension de deux lignes… »

Place au tram
C’est dans cette vision que s’inscrit sa coopération active avec le Grand Genève et la mise en place de dix projets qui, dès aujourd’hui, révolutionnent la mobilité. Le tram devient un élément fondamental de cette nouvelle mobilité avec l’extension de deux lignes. La première concerne la ligne 12 TPG entre Moillesulaz et Annemasse. La L12, qui traverse Genève d’un bout à l’autre, sera prolongée dès le 15 décembre 2019 afin de desservir Gaillard, Ambilly et le centre d’Annemasse. Elle viendra compléter l’offre CEVA et renforcera la desserte vers Genève. Il faudra alors compter 25 minutes entre Annemasse et Genève.
L’extension de cette ligne permettra de diminuer de 5 400 le nombre de voitures et d’éliminer 1 000 tonnes de CO2 par an. Le deuxième projet concerne la ligne L15 entre Saint-Julien et les Palettes, dans la commune genevoise de Lancy, qui sera prolongée sur 6 km, dont 1,4 km en France. Lors de sa mise en service prévue pour 2023, elle permettra de relier la gare SNCF de Saint-Julien – les Palettes et les Nations en passant par la gare de Cornavin, avec une connexion au futur Léman Express en gare de Lancy-Pont-Rouge. La durée totale du parcours sera de 25 minutes. A terme, la ligne permettra de réduire la circulation de 3 100 voitures en direction de Genève, ce qui représente 600 tonnes de carbone en moins par an.

Des bus plus rapides
L’amélioration des bus transfrontaliers est à la base de deux importantes réalisations. C’est le troisième projet, qui concerne la ligne de bus transfrontalière T71 entre Sciez et Genève, qui répondra dans le futur aux critères d’un Transport à Haut Niveau de Service (THNS). Des aménagements sont actuellement réalisés sur 19 km entre la sortie de Thonon-les-Bains et Veigy-Foncenex. La mise en service de la ligne est prévue pour 2020.
Le temps de parcours sera réduit à une heure contre 1h20 actuellement. Il en est de même pour le quatrième projet qui permettra lui aussi de réduire le temps de parcours des voyages de la ligne F entre Gex, Ferney-Voltaire et Genève. Celle-ci sera modernisée afin de répondre à la croissance des territoires et à la saturation des réseaux. Cette ligne BHNS desservira les communes de Gex, Cessy, Segny, Ornex et Ferney-Voltaire.

Développer le covoiturage et l’autopartage
La réponse à la mobilité devant d’être globale, le Pôle métropolitain du Genevois français a intégré la voiture. Le cinquième projet porte sur le développement du covoiturage. En effet, à fréquentation identique, 1€ investi par les collectivités dans le développement du covoiturage équivaut à 10€ investis dans les transports collectifs. L’objectif vise à augmenter le taux de covoiturage de 4 % actuellement à 6 %, soit une réduction de 30 000 voitures par jour.
Le taux d’usage de la voiture et des deux-roues motorisés passerait de 63 % à 59 %. Le Pôle métropolitain du Genevois français prévoit le déploiement d’un réseau de lignes de covoiturage spontané (Hé ! Léman), permettant de mettre en relation conducteurs et passagers en temps réel. La première ligne Valleiry-Viry-Bernex sera mise en service à partir du 21 mars 2019. Le sixième projet vise à développer l’autopartage, un « système qui permet à des abonnés de louer de façon ponctuelle une voiture en libre-service. »
Une voiture en autopartage permet à 10 habitants de renoncer à posséder une voiture, et permet de libérer huit à dix places de stationnement. Depuis 2016, l’offre d’autopartage sur le Genevois français se développe en partenariat avec Citiz. D’ici trois ans, le nombre de véhicules dans le Genevois français doublera, passant de 13 à 24.
« Une voiture en autopartage permet à 10 habitants de renoncer à posséder une voiture. »

Tendances : coworking et vélo
Les déplacements domicile-travail se font à 75 % en voiture. Afin de réduire ce taux, le Pôle métropolitain du Genevois français se positionne en partenaire des établissements de plus de 100 travailleurs en les accompagnant dans la réalisation de leur Plan de Mobilité (PDM) et en les aidant dans la coordination de ceux existants ou en construction sur le territoire. Plusieurs PDM sont actuellement accompagnés par le Pôle métropolitain du Genevois français (accompagnement gratuit du diagnostic au plan d’actions) : Centre Hospitalier de Saint-Julien-en- Genevois, Communauté de communes du Genevois, Technoparc de Saint-Genis-Pouilly, entreprise Colas à Bons-en-Chablais. Dix autres sont en cours de développement.
Le coworking joue un rôle grandissant dans la gestion de la mobilité et il en constitue le huitième projet. Le Grand Genève conduit depuis 2014 un programme de développement de nouveaux lieux de travail partagés (LTP) pour réduire les déplacements et fournir un environnement stimulant aux travailleurs. Il existe aujourd’hui 45 lieux de travail partagés à l’échelle transfrontalière. A l’horizon 2025, plus de 200 lieux couvriront l’ensemble du territoire, pour 7 000 places de travail utilisées par environ 35 000 personnes.
Pour son huitième projet, le Genevois français mise sur le « mix mobilité » en développant des parcs-relais permettant une connection facile au Léman Express, au Bus à Haut niveau de Service et autres transports en commun, tout en facilitant également le covoiturage. En 2018, 22 P+R étaient disponibles dans le Genevois français (environ 2 700 places). En 2023, viendront s’y ajouter 5300 places supplémentaires côté français, soit 24 nouveaux P+R et 13 en extension. En 2023, le total des places dans le Grand Genève sera de 20 000. Enfin, dixième projet, le plan vélo. Le Grand Genève a élaboré un schéma cyclable 2014-2030 afin de développer la pratique du vélo pour les déplacements domicile – travail.

En 2030, 6 % des déplacements devraient se faire à vélo dans le Genevois français contre 1,5 % actuellement. 750 km sont envisagés à l’échelle du Grand Genève. Aujourd’hui, la voie verte du Grand Genève s’étend sur une portion de 16 km (85 % de voies réservées) entre Bonne – Annemasse et la gare des Eaux-Vives. Le temps de parcours Annemasse – gare des Eaux- Vives est de 20 minutes. Un an après sa mise en service, la voie verte est une grande réussite.
Elle est utilisée chaque matin par quelque 500 personnes, se rendant à leur travail en vélo, trottinette ou à pieds. La fréquentation élevée a incité les autorités genevoises à mettre en place une signalisation et à rappeler dans une campagne de sensibilisation les règles de cohabitation entre les différents usagers. Lorsque les travaux des gares de Chêne-Bourg et des Eaux-Vives seront achevés, la pratique du vélo devrait encore augmenter.
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