5 bonnes raisons (en photos) d’aller visiter le barrage de Génissiat

par | 19 mars 2018

Le barrage de Génissiat est ouvert au public et il faut en profiter ! La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) a investi près d’1,5 M€ pour rendre l’infrastructure accessible, pédagogique et ludique à destination des particuliers, des groupes et des scolaires. Eco a pu faire la visite en primeur et, en complément de l’article paru dans notre hebdo du 16 mars, voici 5 bonnes raisons d’y aller vous aussi.

 

1 – Une occasion unique d’être au cœur d’un barrage

La CNR (EDF aussi, par ailleurs) a organise déjà des portes ouvertes dans ses installations, centrales et barrages. Mais c’est au coup par coup, pour des occasions spécifiques : anniversaires, Journées du patrimoine… Là il s’agit bien d’ouvrir en permanence. Et c’est a priori unique en France, au moins sur un site de cette ampleur. Le circuit passe vraiment au cœur de l’infrastructure, du grand hall des alternateurs à la salle des commandes (derrière une baie vitrée, quand même !)

 

La CNR ouvre les portes du barrage-centrale de Génissiat. Et à l’image du reste du site, elles sont géantes ! Le site porte le nom du président historique de la CNR, Léon Perrier, qui a lancé le projet en 1936 et l’a inauguré en 1948.

 

Il y a six groupes de production, matérialisés, en surface, par les six alternateurs rouges (c’est leur couleur depuis l’origine) du grand hall.

 

Le système de commandes d’origine est encore utilisé.

 

Mais il est complété par des équipements plus modernes.

 

 

2 – Un site impressionnant

Certes, il y a eu mieux depuis, avec les géants des vallées alpines : Roselend, Tignes, Grand’Maison… Mais lors de sa mise en service, en 1948, Génissiat était tout de même le plus gros ouvrage hydroélectrique d’Europe. De nos jours encore c’est le seul barrage de moyenne chute sur le Rhône, les 18 autres sont « au fil de l’eau ».

Pour ses 104 m de hauteur de chute et ses 143 mètres de large il a fallu couler plus de 500 000 mètres cubes de béton. De quoi construire un mur de 2 m de haut et 25 cm d’épaisseur sur… plus de 1 000 km !

A l’intérieur, la salle des alternateurs est sans doute le moment de la visite le plus spectaculaire. Tant au niveau des dimensions que de l’esthétique du lieu.

 

Chaque alternateur pèse dans les 750 tonnes et mesure près de 12 m de hauteur.

 

Pour pouvoir effectuer les travaux d’entretien et de maintenance sur les alternateurs et les turbines (situées au niveau inférieur, non visibles pendant la visite), le pont suspendu est à la hauteur des enjeux : il permet de soulever des charges de 220 tonnes.

 

Dans un tel cadre, même les opérations d’entretien courant s’apparentent à des chantiers d’envergure !

De l’extérieur aussi le site impressionne. Ici, la façade aval de la centrale, surplombée par le barrage.

 

 

Depuis d’en haut les dimensions imposantes s’appréhendent encore mieux.

 

Les environs du barrage demandent eux aussi des travaux de contrôle et d’entretien réguliers.

 

 

3 – Une architecture étonnante

L’ensemble (barrage, centrale,  évacuateurs de crues, bureaux…) est niché en fond de sillon et, du coup, ne se remarque pas trop, sauf depuis l’aval évidemment. A l’extérieur, les architectes (Léon-Emile Bazin et Albert Laprade) n’ont pas fait trop de fioritures. On pourrait se dire que c’est à cause de la période d’après guerre et de la nécessité de faire vite avec des moyens limités. Mais même pas, car les plans datent d’avant guerre. Non, c’est un choix : sobre, technique, cubique, style béton triomphant.

 

Les architectes ont fait sobre dans les lignes. Et ils se sont appliqués à intégrer le plus possible le bâtiment dans la paroi.

 

 

Bon, c’est vrai, de l’extérieur, c’est très « années 1930 béton triomphant »…

 

Mais à l’intérieur, de l’escalier double au carrelage de la salle des alternateurs, en passant par le mur décoré de la salle des commandes, les architectes se sont fait plaisir. En fait, ils ont conçu leur « monument » comme une vitrine de la puissance et du savoir-faire français, imaginant dès le départ qu’il pourrait accueillir de nombreuses visites. Mais faute de moyens, de volonté ou pour des motifs de sécurité Génissiat n’avait – jusqu’à maintenant – été ouvert que par bribes.

 

Mais à l’intérieur, c’est bien différent. Ici, l’escalier double, aux courbes qui contrastent avec la rigueur carrée des extérieurs…

 

L’élévation de l’escalier. Comme une métaphore de l’activité du site : l’énergie puisée au fond est transmise par les lignes et apporte la lumière au sommet.

 

Comme la couleur rouge des alternateurs, le carrelage du grand hall est d’origine: dès le départ les architectes avaient conçu l’usine comme un monument propice à la visite et comme une vitrine de la puissance et du savoir-faire français à différents niveaux.

 

Le mur, côté Est, de la salle des commandes : au coeur de la centrale l’énergie hydraulique est aussi magnifiée par l’art.

 

Le barrage vu par nos confrère de Des Racines et Des Ailes (France Télévision) :

 

 

4 – Une belle occasion de frimer devant les copains

Comme vous allez apprendre plein de choses, une fois la visite terminée vous allez pouvoir épater les copains. En leur expliquant les mécanismes de la production d’hydroéletricité ou en leur rappelant combien Génissiat a compté dans la communication officielle de la France d’après guerre (Vincent Auriol, président de la République, avait évoqué le « Niagara français », lors de l’inauguration et l’expression a marqué les esprits).

 

Spécialement formées, les guides conférencières sont incollables et vous en apprendront beaucoup sur le site (histoire, technologie…), la CNR et l’hydroélectricité en général.

 

Des tableaux interactifs permettent de découvrir le site, son fonctionnement et les différents métiers.

 

Mais vous pourrez aussi faire celui (ou celle) qui, plus généralement,  s’intéresse à l’environnement et aux énergies renouvelables. Et cela vous sera bien utile dans quelques mois, quand Génissiat sera de nouveau à la Une de l’actualité, mais pas pour son barrage. CNR s’apprête en effet à mettre en service, juste en aval du barrage, une ferme d’hydroliennes. Un projet à 12 M€, soutenu par l’Agence pour la maîtrise de l’énergie et unique en son genre au niveau mondial.

Le projet de ferme d’hydroliennes à Génissiat présenté en vidéo par la CNR :

 

 

5 – Une jolie balade

Que l’on vienne d’Annecy, Bourg-en-Bresse, Lyon où Genève, se rendre au barrage est une jolie ballade dans une campagne vallonnée et verdoyante. L’arrivée sur le site est spectaculaire, avec sa plongée dans la gorge naturelle qui a été utilisée pour bâtir l’infrastructure.

L’arrivée sur le barrage, côté Haute-Savoie.

A noter que la route passe sur l’ouvrage : un barrage peut aussi être un trait d’union. En l’occurrence entre les département de l’Ain et de Haute-Savoie, qui se partagent l’infrastructure.

 

La retenue d’eau en amont du barrage.

 

La balade offre de jolies vues sur le Rhône mais aussi sur les sommets du Jura alentours.

 

 

Une petite promenade permet aussi d’aller admirer le « tremplin de ski » (l’un des évacuateurs de crues) en même temps que les ruines d’un ancien château.

Pour réserver votre visite (obligatoire) : https://www.lescircuitsdelenergie.fr/fr/sites/genissiat/

 

Et puis allez, une sixième raison, pour l’anecdote…

Génissiat a été raccordé au réseau électrique le 19 mars 1948, il y a donc jour pour jour 7 décennies au moment de la mise en ligne de cet article. Et l’ouvrage a été inauguré le 1er aôut.

 

Le chantier en novembre 1947, deux mois seulement avant la mise en eau (janvier 1948) et  la mise en eau cinq mois avant la mise en service et le raccordement au réseau (19 mars 1948).

 

Etre aussi en forme à 70 ans mérite bien une petite visite de courtoisie, non ?

😉

 


Pour tout  connaître de la CNR en 5 chiffres et 4 infos, c’est ICI.


 

Génissiat en dates et en chiffres

1936

Lancement du projet. Pour l’anecdote, le président de la CNR, Léon Perrier, signe les premiers marchés avec les entreprises alors que le gouvernement n’a pas encore signé les autorisations de travaux : elles n’arriveront que deux ans plus tard, en 1938 ! En raison de la guère le chantier va durer 12 ans.

 

Vue d’ensemble du chantier, de l’usine et du barrage prise de la passerelle aval (1946).

 

1948

Mise en eau en janvier, raccordement au réseau électrique le 19 mars 1948, inauguration le 1er août par le Président de la République, Vincent Auriol et le président de la CNR, Léon Perrier (l’ouvrage porte aujourd’hui son nom).

300

C’est, en millions de francs de l’époque, le coût du chantier. Si l’on se fie à l’Insee, cela équivaudrait à un peu plus de 12 milliards d’euros d’aujourd’hui. A ce total, il faut ajouter le marché de 44 millions de francs passé dès 1936 pour préparer le site : déforester, terrasser et surtout dériver le Rhône via deux tunnels souterrains de 8 m de haut sur 12 m de large et 500 m de long.

 

L’histoire de la construction du barrage
dans une vidéo officielle de la CNR d’il y a quelques années :

Et pour d’autres vidéos de l’époque de la construction, c’est sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel.

23

C’est, en kilomètres, la longueur du lac de retenue, en amont du barrage, pour une capacité de 56 millions de mètres cubes d’eau.

 

600 000

C’est, exprimé en chevaux, la puissance de Génissiat, telle qu’évoquée sur le monument à l’entrée du site, côté Ain.

 

Le barrage-centrale dispose de 6 groupes de production (les 6 alternateurs visibles dans la grande salle) pour une puissance installée de 420 Mégawatts.

 

 

La production moyenne est de 1,7 milliard de kWh par an, ce qui correspond à la consommation électrique de 700 000 foyers.

 

30 000

En nombre de visiteurs sur l’année, c’est la capacité d’accueil théorique du barrage-centrale. Pour les particuliers, les visites seront possibles d’avril à octobre et de mi-janvier à mi-décembre pour les scolaires.

 

10

En euros, c’est le tarif d’entrée pour la visite pour un particulier. C’est 8 € / personne pour les groupes et 25 euros (adultes et 2 enfants) ou 30 euros (3 enfants et plus) pour les familles. 5 euros pour les étudiants et les demandeurs d’emploi et c’est gratuit pour les scolaires.

 

Toutes les infos pratiques sont ICI.

 

Génissiat

 

A lire aussi :

https://eco-savoie-mont-blanc.com/la-compagnie-nationale-du-rhone-en-5-chiffres-et-4-infos/?preview_id=23423&preview_nonce=87644c4aff&post_format=standard&_thumbnail_id=23388&preview=true

 

 

 

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