Trois années de travail et 600 000 euros ont été nécessaires à la PME savoyarde IDM, spécialisée dans la vente de matériel destiné aux domaines skiables, pour lancer ses revêtements de sol Ecoverclip, fabriqués avec de vieux anneaux de caoutchouc.
Les tapis en caoutchouc représentent environ 10 % des ventes d’IDM (Industrie Développement Montagne). Ils sont aussi la seule référence que la PME savoyarde importe d’Asie. « C’est un produit phare de notre gamme, dont les clients sont satisfaits. Alors, en lançant une solution alternative, Ecoverclip, nous prenons un risque industriel à court terme, mais il est sûr que le temps nous donnera raison », sourit Damien Laymond, son président.
Actuellement expérimenté dans la gare de départ du Funiplagne (la remontée mécanique la plus importante de La Plagne), Ecoverclip est une dalle de sol fabriquée à 75 % avec du caoutchouc recyclé. Ce dernier provient des bandages présents sur toutes les remontées mécaniques pour supporter et guider les câbles, minimiser les vibrations et réduire les nuisances sonores. Très sollicités, ces bandages, qui ont une durée de vie d’environ cinq ans, représentent un volume de 80 tonnes incinérées chaque année en France.
« Au niveau national, nous sommes le principal fournisseur de bandages. Les pièces usées contiennent quasiment la même quantité de caoutchouc que les neuves mais celui-ci durcit et perd ses caractéristiques absorbantes. Nos clients nous demandaient une solution pour valoriser ce déchet qui partait à l’incinération », poursuit Damien Laymond.
Recycler les bandages caoutchouc des remontées mécaniques
Engagées en 2019, les réflexions étaient au départ plutôt axées sur le recyclage des bandages pour en fabriquer de nouveaux. Mais la technicité de la pièce et les exigences attendues rendaient le process très compliqué. D’où l’idée de transformer les vieux bandages en tapis de sol et de stopper les importations depuis l’Asie.
« Nous avons eu la chance de rencontrer la société lyonnaise Plymouth, qui vient de breveter un procédé répondant à nos besoins. Pour fabriquer un produit en caoutchouc, il faut mélanger les ingrédients puis faire cuire l’ensemble. Le process de Plymouth permet, à partir d’un ensemble cuit, de revenir aux ingrédients initiaux », détaille Damien Laymond. C’est ainsi qu’on peut récupérer le caoutchouc pour le recycler dans la composition des dalles Ecoverclip.
Celles-ci sont, pour l’instant, vendues 10 % plus cher que les dalles importées. Mais les coûts sont plus sécurisés et la différence devrait peu à peu s’atténuer. Soutenue à hauteur de 175 000 euros par la Région, IDM a investi 600 000 euros dans l’opération. Ecoverclip est le premier produit répondant au label Ecovertis qu’elle souhaite étendre, peu à peu, à l’ensemble de ses gammes.
Un site de vente en ligne
Fondée en 1993 à Annecy, avant de s’installer en 1996 à Alpespace (Porte-de-Savoie), IDM est experte dans les pièces détachées toutes marques pour télésièges, téléskis, dameuses et dispositifs de neige de culture (selleries et flexibles). Dirigée par Damien Laymond (président) avec Julien Guilloteau (directeur général), elle est présente dans 37 pays et réalise 25 % de ses ventes à l’export.
Son chiffre d’affaires annuel s’élève habituellement à 8 M€ avec un catalogue d’environ 5 000 références et une équipe de 11 salariés. Pour développer ses ventes, la société vient d’investir 100 000 euros dans un site de vente en ligne qui va renforcer sa visibilité à l’international et auprès d’une clientèle de particuliers. L’investissement lui permettra aussi de recentrer sa force commerciale sur du conseil.
Sophie Boutrelle
Crédit photo : IDM
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