Pourquoi les entreprises doivent se préparer au Brexit

par | 06 décembre 2019

Imaginer que le statu quo perdurera est un mauvais pari, selon la cellule conseil aux entreprises des douanes. Mieux vaudrait profiter du dernier report en date pour s’organiser.

Si l’accord de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne en date du 17 octobre 2019 devait être validé, une période transitoire s’ouvrirait jusqu’en 2021 ou 2023, le temps d’organiser un système de reconnaissance de normes entre la Grande-Bretagne et l’Europe, comme il en existe un avec la Suisse, voire de négocier un nouvel accord de libre-échange. En revanche, en cas de Brexit dur, les formalités douanières seraient rétablies dès février 2021. « Cela signifie un retour des droits de douane, des contrôles sanitaires et phytosanitaires, avec des délais restreints pour organiser ces derniers. Ce sera comme importer de Chine, malgré la proximité géographique de nos deux pays », prévient Philippe Brehin, représentant de la cellule de conseil aux entreprises des Douanes d’Annecy, qui intervenait lundi 25 novembre, au terme de l’assemblée générale de la CCI de l’Ain.

Comme commercer avec la Chine

Les reports successifs sont censés avoir laissé du temps aux entreprises. Mais dans les faits, peu d’entre elles s’y sont réellement préparées. Selon un sondage conduit en octobre auprès de 3 000 entreprises commerçant avec le Royaume-Uni, seules 16 % ont prévu des mesures, tandis que 50 % n’ont pas fait d’étude d’impact et que 54 % estiment ne pas être prêtes. Or, pour Philippe Brehin, « même s’il a été reporté régulièrement, il n’y a pas de raison de penser que le Brexit ne se fera pas ».

Un rétablissement des formalités douanières suppose une déclaration à chaque passage de marchandises par la frontière, que les flux soient occasionnels ou réguliers. Cela oblige à revoir son organisation logistique. « À Calais, il passe 5 000 camions par jour. Il est difficile d’imaginer un dédouanement à la frontière pour tous. Les entreprises devraient se poser la question : Qui va gérer ces contraintes ? »

Déclaration anticipée

Du côté de la direction générale des douanes, la frontière a été digitalisée, soit le tunnel sous la Manche, huit ports et trois compagnies. « Notre objectif est de concilier contrôles et fluidité des échanges, notamment via des déclarations anticipées, appairées avec les plaques d’immatriculation des camions et un système de lecture automatique de ces dernières. Nous faisons passer le message à toutes les entreprises françaises, qui représentent 20 % du trafic à la frontière. Pour celles qui auront procédé à une déclaration anticipée, les contrôles seront aléatoires. Pour les autres, il sera systématique. » Une opportunité, selon Philippe Brehin : « À partir du moment où une contrainte s’impose à tous, certains s’en sortent nécessairement mieux que d’autres. »

Côté français, 700 agents des douanes vont être recrutés pour permettre aux bureaux de Calais de fonctionner sept jours sur sept et 24 heures sur 24, faire face au renforcement des contrôles en l’absence de reconnaissance de normes et sensibiliser les entreprises à la nécessité d’anticiper. Les Britanniques, eux, auraient à embaucher et former quelque 5 000 personnes. Ils en seraient à un millier. Le Royaume-Uni avait de surcroît décidé avant le vote du Brexit, de renouveler son outil informatique en 2020. « Le pays risque de laisser passer beaucoup de choses, mais pas nous. Nous, nous contrôlons pour l’UE. Et si l’on devait laisser passer des marchandises non conformes, nul doute que l’on nous demanderait des comptes », avertit le représentant des douanes. Un guide douanier de préparation au Brexit est disponible sur douane.gouv.fr et l’on peut faire le point sur son niveau de préparation sur votrediagnosticbrexit.fr.


L’Ain et la Grande Bretagne

Quelque 300 entreprises aindinoises exportent vers le Royaume-Uni, pour un total de 800 millions d’euros de marchandises échangées chaque année.


Par Sébastien Jacquart

Une Eco de l'AinCet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 5 decembre 2019. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.

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