MIHB se développe depuis la Plastics Vallée depuis près de 50 ans. Son dirigeant, Frédéric Jullien, fils des fondateurs, raconte cette histoire qui s’étale sur deux générations. Et livre au passage son regard sur l’industrie.
Quels sont les domaines de compétence et les savoir-faire de MIHB ?
MIHB intervient dans toutes les étapes de conception et de production de pièces et d’ensembles thermoplastiques, en passant par la rhéologie, la métrologie et les automatismes, jusqu’à la logistique, avec des savoir-faire multiples. La ligne complète de service et de savoir-faire de pièces techniques de notre entreprise de plasturgie permet également d’incrémenter, d’enrichir chaque projet grâce à la collaboration et la confiance entre nos services.
Une vision globale basée sur la coopération, en somme ?
Cette approche transversale dans la transformation de matière plastique permet d’optimiser le contrôle et le suivi de la production avec cohérence, efficacité et transparence. La mise en oeuvre d’une collaboration transversale, par la conception de pièces plastiques techniques, la CAO, la rhéologie, la conception de l’outillage, la métrologie, la production et la logistique, apporte à chaque projet une valeur ajoutée importante en matière de qualité, de productivité et dans le potentiel d’innovation plastique.
Comment est organisée l’entreprise ?
Nous avons un seul site basé dans le parc industriel de Nerciat (Ain) regroupant 170 personnes, du bureau d’études aux ateliers de production/assemblage, sans oublier l’administratif, avec un fonctionnement en 3×8. Le bureau d’études composé de 10 personnes axe sa mission dans plusieurs domaines dont le co-développement et le co-design de produits, la recherche et l’innovation, et la rhéologie : simulation sur ordinateur de l’injection et du comportement des fluides et des températures.
Quels sont vos projets actuels et les mutations à venir ?
Nous travaillons sur un programme, Acapulco, dont l’objectif est de développer une solution innovante de production d’outillages en polymère par fabrication additive, permettant d’injecter des pièces ayant une qualité similaire à un produit industriel injecté dans un moule en métal de production. Ce projet est mené par 9 partenaires complémentaires : le CFP-Materiautech, IPC, le lycée Arbez Carme à Bellignat, l’INSA Lyon, SMP, Créastuce, Cadflow, Prodways et MIHB.
Par ailleurs, nous intégrons de plus en plus l’automatisation et la robotisation sur nos presses à injecter. Et nous avons pour projet de mettre des écrans sur chaque presse afin de pouvoir afficher en quelques clics tous les documents associés à cette presse et à la production de la pièce.
En qualité de sous-traitant, MIHB est présent sur quels marchés ?
Nous sommes positionnés en rang 2. Nos principaux marchés sont : l’automobile, principalement dans la gestion de fluides, les télécommandes ; le cosmétique, pour produire des pièces d’aspect constituant les bouchons de parfum ; dans le domaine de la domotique/électrique pour des engrenages, de la pignonnerie. Grâce à la stratégie appliquée de ces dernières années – développement de nouveaux marchés et de nouveaux comptes clients –, la situation économique de l’entreprise est sereine.
Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Nous avons pour objectif de continuer à nous développer sur des produits et des ensembles à forte valeur ajoutée, et des produits technologiques. Nous voulons développer et produire des ensembles complets dans nos différents secteurs d’activité, en incluant l’assemblage de nos pièces. Nous avons démarré depuis peu sur le marché du cosmétique et nous avons un partenariat exclusif avec LF Beauty pour ce secteur. Une croissance régulière est prévue pour les prochaines années.
À quelles contraintes devez-vous faire face ?
Nous rencontrons des difficultés de recrutement, en particulier au sein des postes de techniciens. Nous sommes également très tributaires de la fluctuation des délais et des prix de nos fournisseurs (moulistes, matière, automatisation…). Malgré notre adaptabilité et notre remise en question régulière, la pression des donneurs d’ordre, tant sur les prix que sur les délais, ne cesse d’augmenter. Nous devons donc faire preuve de plus en plus de flexibilité et d’innovation.
Comment MIHB s’inscrit dans son territoire ?
Nous avons un seul site de production, toujours maintenu dans la Plastics Vallée. Nous travaillons avec de nombreux fournisseurs locaux : c’est très important pour nous, notre volonté est qu’ils soient majoritairement présents dans la région Rhône-Alpes, en particulier les moulistes. Nous avons des partenaires importants, industriels, comme Plastipolis, S2P, le centre technique IPC, AEPV… mais aussi sportifs, de longue date, comme avec Oyonnax Rugby. Avec les établissements scolaires, nous développons une forte politique de formation (alternance, stages…) et de lien en organisant des visites dans nos locaux.
Quels sont, à votre avis, les atouts de la Plastics Vallée ?
Son atout majeur est sa maîtrise du métier. L’ensemble de nos partenaires, fournisseurs, sous-traitance… sont dans la région. Elle est bien située en France, à une heure de deux aéroports internationaux et est desservie par de nombreuses voies d’accès. Mais peut-être est-elle trop concentrée sur l’image de la plasturgie et gagnerait à être plus reconnue sur les autres activités ?
“L’atout majeur de la Plastics Vallée est sa maîtrise du métier.”
Que pensez-vous de l’industrie française en général ?
La France est dynamique et pleine d’atouts pour réussir ! Nous avons des universités de haut niveau, de l’imagination et de la créativité ! Seuls ceux qui ne l’ont jamais quitté pour entreprendre ne le savent pas. Naturellement, beaucoup de choses pourraient être améliorées, notamment au niveau des lourdeurs administratives.
Est-ce que MIHB travaille avec des entreprises de la vallée de l’Arve ?
Dans la vallée de l’Arve, nous travaillons avec plusieurs sous-traitants, principalement pour l’achat d’inserts ou de pièces métalliques qui viennent enrichir et compléter les pièces et ensembles plastiques que nous fabriquons.
Chiffres clés
- Effectif : 170 personnes
- Un site de 19 000 m2
- Plus de 70 machines multitechnologies
- Chiffre d’affaires annuel : 23,8 millions d’euros en 2015
Repères
- 1968 : Création de l’entreprise par M. et Mme Jullien, au coeur de la Plastics Vallée
- 1971 : Premier surmoulage d’un frein de ski en matière plastique
- 1976 : Premier moule bimatière
- 1990 : Premier moule de pignon de précision
- 2002 : Frédéric Jullien, fils du fondateur, acquiert l’entreprise et en prend la direction
- 2005 : Achat de la première presse trimatière et d’un robot 6 axes ; conception d’une machine d’assemblage 100 % automatique
- 2010 : Développement de la première clé IMF (In Mold Forming), technologie qui consiste à positionner dans le moule un film permettant d’enrichir la pièce durant son cycle d’injection
- 2012 : Rassemblement de toutes les unités sur le site de Groissiat (01)
- 2013 : Lancement de la marque Dragonskal, composite minéral pour la protection feu
Propos recueillis par Sandra Molloy
Interview issue du magazine EcoMeca n°73 de septembre 2017
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