Interview / Patrick Nicole-Williams :« On est passé de Ville Nouvelle à Nouvelle Ville ! »

par | 05 avril 2018

Ouverture du Village de marques, fibre optique.., avec tous les projets qui l’impactent, le maire de Villefontaine est intimement convaincu que sa commune va changer radicalement d’image.

Avec l’expérimentation inédite que mène le Conseil départemental pour améliorer l’image de votre ville, le premier raccordement en Isère d’une entreprise à la fibre optique et l’ouverture en mai prochain du Village de marques, on a l’impression que Villefontaine est au cœur des préoccupations du Nord-Isère!

Oui ! C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine mené en amont depuis plusieurs années. Le Village de Marques, pour ne citer que lui, c’est le fruit de treize ans de bataille pour arriver à un résultat. Quant à la fibre optique, si Villefontaine est la première du département à être raccordée, c’est parce qu’elle a pu bénéficier du réseau câblé de l’ex-Ville-Nouvelle.

Sans parler de l’opération «Extinction lumineuse» qui consiste à éteindre, la nuit, et par souci d’économie, des zones non habitées…

Oui, même si c’est une expérimentation conduite par la CAPI dont l’objectif est de lutter contre la pollution lumineuse tout en réalisant des économies de fonctionnement. Pensez qu’avec des équipements figurant parmi les plus anciens, Villefontaine représente à elle seule 20% de la facture énergétique de la CAPI. Dès lors, on ne pouvait pas ne pas participer à cette opération. L’armoire électrique que l’on a choisi d’éteindre commande à elle seule 340 points lumineux! J’ai veillé à ce que tous les secteurs concernés ne soient pas habités.

Le Village de marques, tout aussi gigantesque qu’il va être, est un peu éloigné du centre ville. Peut-il vraiment contribuer à avantager Villefontaine?

Indubitablement ! Déjà, il fait parler de nous en bien ! En matière de construction, par exemple, ces maisons en verre, ça n’a été réalisé nulle part ailleurs ! C’est un projet d’une très grande qualité architecturale et environnementale. Sur ce terrain de 9 hectares, pas un seul camion de terre n’est entré ou sorti. Tout a été traité sur place. Ce dossier a été travaillé de manière remarquable avec les associations de protection de la nature.

On table sur trois millions de visiteurs la première année. Comment pourriez-vous faire pour en attirer le plus possible vers le centre-ville?

C’est LA question ! Notre ambition, effet, c’est d’arriver à attirer une partie de ces visiteurs, sachant qu’on parle ici de l’ex-Ville-Nouvelle, sortie de terre sans patrimoine historique ou architectural. Un vrai sujet de travail pour nous ! J’insiste aussi sur un aspect non négligeable : l’emploi. Le Village va en créer entre 500 et 600, avec une forte proportion de gens d’ici. C’est énorme pour un bassin comme le nôtre!

À ce propos, qu’en est-il du projet d’hôtel qui doit jouxter le Village de marques ?

En qualité de vice-président en charge du marketing territorial et du tourisme à la CAPI, je pense que nous avons une offre hôtelière suffisante, mais trop positionnée sur le segment bas du marché. En tenant compte de l’attrait touristique que va représenter le Village de marques et d’une clientèle plutôt attirée vers le luxe, on doit pouvoir proposer une offre qui lui corresponde. Pour garder de la cohérence, l’hôtel, accouplé au Village de marques, sera de la même veine architecturale et se positionnera dans le segment haut du marché.

Avec le recul, peut-on dire que l’annulation du projet de construction de cité judiciaire sur le terrain qui accueillera l’hôtel a été une aubaine?

Cela aurait été bénéfique, aussi, pour notre territoire, que d’avoir une cité judiciaire idéalement placée entre Bourgoin-Jallieu et Vienne, compte tenu des difficultés de déplacements qui existent. Mais si la cité judiciaire avait vu le jour, à cet endroit précis, l’hôtel se serait probablement fait ailleurs, toujours à proximité. On est sur deux offres distinctes qui amènent à deux choses différentes. La cité judiciaire ne se faisant pas, le terrain étant redevenu libre, il est normal que le promoteur s’en soit servi pour mener son projet hôtelier…

REPÈRES

  • 16 janvier 1954 : Naissance à Châteauroux.
  • 1995-2008 : Il est nommé adjoint à la culture à la mairie
    de Villefontaine.
  • 2008-2014 : Il est élu conseiller municipal à la mairie de Villefontaine.
  • 2014 :Il est nommé premier adjoint à la mairie de Villefontaine, en charge des nances et de la communication.
  • 2014 : Il siège comme 9e Vice-président à la Communauté d’agglomération Portes de l’Isère (mandat en cours).
  • 1er février 2016 : Il est élu maire de Villefontaine.

Il vous restera ensuite à essayer de redynamiser le centre ville, selon votre propre vœu!

Oui! C’est même la préoccupation majeure de l’équipe municipale! Mais pour ramener une clientèle complémentaire dans le centre, il fallait d’abord changer l’image du centre ville qui n’était pas organisé comme un centre ville traditionnel. Villefontaine était en effet la seule ville en France où l’on entrait par le quai de livraison et les poubelles d’un ex-supermarché. Il fallait donc changer cela! Nous nous y sommes attelés, il y a plus de 10 ans, grâce au Plan de rénovation urbaine. Aujourd’hui, j’ai choisi d’inverser quelques phases pour accélérer la transformation du cœur de ville, c’est-à-dire, la partie de l’ancien supermarché, pour aérer le centre, le requalifier, le rendre plus agréable, rouvrir des voiries, réorganiser la circulation, repositionner aussi des services publics de façon à attirer à nouveau le chaland et redonner un bol d’oxygène à nos commerces.

Si, après toutes ces réalisations, l’image de Villefontaine ne changeait pas, seriez-vous découragé ?

Non, car on voit déjà son visage changer! Depuis des années, c’est la ville qui bouge, et elle n’a jamais aussi bien porté son slogan qu’aujourd’hui. Tout le travail de préparation qu’on a fait porte ses fruits. La nouvelle ville a été créée, des immeubles sortent de terre… le résultat ne pourra jamais être en-dessous de ce qu’on espérait! Ce sera, de toute façon, un changement radical ! Le centre ville a été raté à la création de la Ville Nouvelle, inutile de le cacher, mais l’Etat, par le biais de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), nous aide aujourd’hui à réparer ces erreurs. Dont acte, on avance! Après, comme pour toutes les villes de France, la nôtre n’échappe pas aux faits divers et aux autres désagréments qui peuvent se produire. Toutefois, interrogez les Villars! Ils vous diront qu’ils trouvent leur ville agréable. Pour moi, les gens qui la critiquent ne la connaissent pas assez bien!

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Pour moi, les gens qui critiquent Villefontaine ne la connaissent pas assez bien !

D’autres projets, en plus de ceux déjà évoqués?

Beaucoup ! Ils ne sont d’ailleurs pas tous portés par la Ville, même s’ils participent tout autant au changement profond. Il y a eu l’arrivée des Grands Ateliers d’architecture, la Maison des Compagnons du devoir, les travaux de la plateforme Astus… tout ça va faire que Villefontaine va devenir la référence au niveau régional de la construction durable. C’est aussi une manière de changer l’image de la ville et d’attirer de nouvelles populations. L’avantage, c’est que cela se fait cette fois dans la cohérence! Ce qui n’a pas toujours été le cas à la construction de la Ville Nouvelle, où, un peu par définition, on a construit vite, en nombre, et pas forcément bien. Il y a eu un parti-pris urbanistique : on ne va pas faire une ville traditionnelle mais une ville satellite avec des quartiers autonomes. La difficulté, c’est que cette ville s’est construite en dehors du village historique, déconnectée. Les quartiers n’avaient pas de liens entre eux. Aujourd’hui, on effectue un travail d’animation, de fédération, à travers nos équipements sociaux, la politique culturelle et sportive, etc.

Diriez-vous que c’est un second départ pour Villefontaine?

Oui! On a franchi le cap de la Ville Nouvelle, avec tout ce qu’elle avait de questionnable, de critiquable. Maintenant, on tourne la page en s’attaquant à la Nouvelle Ville. On la réorganise en fonction de ce qu’on veut y faire et de ce que les habitants en attendent. On est bel et bien passé de Ville Nouvelle à Nouvelle Ville.

Par Eliséo Mucciante

Cet article est paru dans ECO Nord Isère du 6 avril 2018. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI

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