Jean-Claude Carle, sénateur de Haute-Savoie, a décidé de mettre fin à son mandat, signant ainsi la fin d’une carrière politique marquante, longue de plus d’un quart de siècle. C’est sa colistière lors des élections de 2014, Sylviane Noël, qui va lui succéder.
C’est par un communiqué daté du 8 juin que Jean-Claude Carle (Les Républicains) a annoncé qu’il allait «passer le relais » à sa colistière, Sylviane Noël, en quittant le Sénat «au terme de la session extraordinaire de juillet / août prochain.»
La date n’a pas été choisie au hasard : Jean-Claude Carle fêtait ses 70 ans le lendemain (il est né le 9 juin 1948). Mais la décision, qui n’avait pas été annoncée à l’avance, a surpris.
Certes, en 2013 Jean-Claude Carle avait déjà renoncé à son mandat de conseiller régional, « pour permettre à Stéphane Valli, aujourd’hui maire de Bonneville et président de la Communauté de communes Faucigny-Glières, de s’engager. » Puis, durant la campagne sénatoriale de 2014, « j’avais annoncé ma volonté de préparer l’avenir en ouvrant la voie à une nouvelle génération d’élus. Je tiens mon engagement », rappelle l’ancien conseiller municipal de Groisy. Il n’avait toutefois annoncé aucune date ni modalité pour cette «ouverture de voie».
Un spécialiste de l’éducation
Durant son parcours au Sénat, entamé en 1995, Jean-Claude Carle s’est notamment fait remarquer pour ses travaux concernant la formation et l’éducation. Deux thématiques qui lui sont chères et qui lui ont parallèlement valu d’être membre du Conseil national sur la formation et du Haut conseil sur l’évaluation de l’école.
En 2009, il a donné son nom à une loi sur le financement des écoles privées sous contrat avec l’Etat, très favorable à ces dernières et toujours en application.
Il fut également, pendant plusieurs années vice-président de la commission des affaires culturelles, devenue commission de la culture, de l’éducation et de la communication.
Et il a aussi beaucoup oeuvré sur la thématique des gens du voyage.
Au sein de la Haute assemblée, Jean-Claude Carle a notamment occupé les fonctions de secrétaire (fin 2001- fin 2004) puis, surtout, de vice-président du Sénat, d’octobre 2011 a septembre 2014.
Une mise en examen en cours
Depuis fin 2016, en tant qu’ancien trésorier du groupe UMP au Sénat, Jean-Claude Carle est sous le coup d’une mise en examen « détournement de fonds publics par personne chargée d’une mission de service public ».
Pour l’instant l’enquête est suspendue, comme le rappelait il y a un an Le Monde, car le sénateur et d’autres acteurs de l’affaire ont saisi la justice justement pour contester leur mise en examen. La Cour de cassation doit normalement se prononcer d’ici la fin du mois sur ce point.
Dans les colonnes du Dauphiné (version papier) Jean-Claude Carle assure que cette affaire n’est pas entrée en ligne de compte dans sa décision de quitter le Sénat cet été.
«Représenter la Haute-Savoie à la Chambre Haute fut un honneur. J’exprime ma gratitude aux maires et aux grands électeurs haut-savoyards, ainsi qu’à mes collaborateurs, qui m’ont permis de servir notre territoire et notre pays.»
Jean-Claude Carle,
dans le communiqué du 8 juin qui annonce son prochain départ du Sénat
Une première sénatrice en Haute-Savoie
Celle qui va lui succéder est Sylviane Noël, maire de Nancy-sur-Cluses, dans la vallée de l’Arve et également élue à la Communauté de communes Arve et Montagnes. Une succession conforme aux textes : elle était deuxième (derrière Jean-Claude Carle) sur la liste lors des sénatoriales 2014. Elle devient ainsi la première sénatrice de l’histoire de la Haute-Savoie.
La Haute assemblée se féminise mais elle poursuit aussi son rajeunissement en Haute-Savoie, car Sylviane Noël n’a que 40 ans.
Le sénat se rajeunit
Sylviane Noel fut d’ailleurs la plus jeune femme élue maire en Haute-Savoie lors des élections municipales de 2008 (début de son premier mandat), à tout juste 30 ans. Pour l’anecdote on remarquera que le plus jeune maire élu dans le département cette année-là n’est autre que… Cyril Pellevat, son adversaire lors des sénatoriales de 2014.
En effet, celui qui était encore premier magistrat d’Arthaz-Pont-Notre-Dame (il est depuis fin 2015 conseiller régional) avait monté une liste UMP (LR) concurrente de celle élaborée par Jean-Claude Carle, pourtant sénateur sortant et officiellement investi par l’UMP.
Cyril Pellevat avait d’ailleurs été élu en 2014, devenant ainsi le deuxième plus jeune sénateur de l’histoire de la Ve République. En quatre ans deux quasi-septuagénaires (Pierre Hérisson puis Jean-Claude Carle) ont ainsi été remplacés, sur les bancs du Palais du Luxembourg, par deux jeunes pousses de la politique haut-savoyarde.
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