Le procès d’UBS se tient depuis trois semaines à Paris. le géant suisse de la gestion de fortune est accusé de démarchage illégal et de blanchiment de fraude fiscale.
Des cadres suisses d’UBS ont-ils démarché illégalement de riches clients français pour les convaincre de placer leur argent en Suisse ? C’est la question à laquelle tente de répondre le tribunal correctionnel de Paris depuis le 8 octobre. La maison mère UBS AG et sa filiale française comparaissent pour « démarchage bancaire illégal » et « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Sont également jugés six hauts responsables de la banque en France et en Suisse, dont Patrick de Fayet, l’ex-numéro 2 d’UBS France, et Hervé d’Halluin, l’ex-directeur de l’agence lilloise d’UBS. Ils auraient aidé, entre 2004 et 2009, des chargés d’affaires helvétiques à inciter des clients français à transférer leur fortune chez UBS AG en Suisse, alors que l’établissement ne disposait pas de licence bancaire pour démarcher en France.
Une stratégie de défense controversée
Lors de son audience, le mercredi 17 octobre, Patrick de Fayet a plaidé son ignorance quant à un potentiel démarchage illicite en France. Pourtant, de tous les accusés du procès, il est le seul qui ait plaidé coupable afin de négocier une réduction de peine. Las, cette démarche a finalement été refusée par la justice et ce dernier a donc opté pour une nouvelle stratégie de naïveté, qui a fait beaucoup couler d’encre dans la presse. « Les Suisses venaient voir leurs clients. Il faut entretenir les liens, sinon c’est le copain de la banque d’à côté qui vous pique votre client », a expliqué l’intéressé avant d’ajouter : « De nombreuses rencontres étaient organisées lors d’événements sportifs, culturels ou mondains, les banquiers suisses étaient très présents. » « Mais alors, que faisaient-ils ? » lui a rétorqué la juge.
« Ils venaient visiter ceux qui étaient déjà leurs clients, ce qui n’a rien d’illicite. Dans notre métier, où des sommes considérables sont en jeu, le client qu’on ne visite pas, d’autres le visiteront », a-t-il répondu, cité par La Tribune de Genève. Selon lui, ce n’était en aucun cas du démarchage : « Nous étions super-prudents, parce que la licence bancaire était en jeu. Nous ne pouvions pas nous permettre le moindre écart. » Le procès doit se poursuivre au rythme de trois demijournées par semaine jusqu’au 15 novembre. Les juges d’instruction évaluent à plus de 10 milliards d’euros les avoirs non déclarés et UBS encourt une amende pouvant se monter jusqu’à la moitié de ces fonds dissimulés. Pour le moment, seuls 3,7 milliards de ces avoirs ont été recouvrés.
Par Romain Fournier
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