Le vélo-travail en pleine ascension

par | 09 juillet 2018

Le vélo, ce n’est pas seulement le Tour de France, même si celui-ci débarque dans quelques jours dans la région ! La Petite reine est peut-être en train de devenir le nouveau moteur des jonctions franco-suisses à l’échelle du bassin genevois. L’offre s’organise et les aménagements se multiplient.

Qu’on se le dise : la “petite reine” prend des parts à l’auto dans la mobilité professionnelle et/ou quotidienne dans le grand Genevois. Selon le magazine Genève Home Informations, le nombre de déplacements à vélo a augmenté en cinq ans de 45 % aux heures de pointe à Genève. Cette progression fait suite à une série de comptages réalisés entre 2009 et 2011 par l’État de Genève, lesquels montraient déjà une hausse spectaculaire de la pratique du vélo de 30 %.

Sur la seule avenue d’Aïre, la Direction générale des transports genevoise a noté un bond du nombre de cyclistes : de 39 945 en 2012 à 52 829 en 2015. La raison ? Le déploiement du vélo travail. Si le loisir en deux roues a longtemps été perçu comme la stratégie de développement des itinéraires, le déplacement domicile-travail et/ou domicile-école prend une part croissante dans les liaisons de part et d’autre de la frontière, mais aussi entre Haute-Savoie et canton de Genève.

Chaque jour, les jonctions cyclables franco-suisses sont empruntées par « environ 2 % des Français travaillant en Suisse, soit 1 800 actifs, et 3 % des Vaudois travaillant à Genève, soit 1 500 actifs », précise Alexandre Prina, directeur de la planification à la Direction générale des transports de l’État de Genève.

La voie verte, nouvel axe de mobilité douce

En corollaire, les aménagements se multiplient. Si leur réalisation paraît trop lente au regard de certaines associations d’usagers, le schéma cyclable du Grand Genève 2030 annonce pourtant un réseau pour des déplacements cyclables à vocation à la fois utilitaire, loisirs et tourisme. Dans une approche à l’échelle de l’agglomération franco-valdo-genevoise, composée de 211 communes entre les départements de l’Ain et la Haute-Savoie, le Canton de Vaud et le Canton de Genève, ce réseau revendique la création d’itinéraires et de services connexes dans un programme d’investissement de 29 millions d’euros côté France, plus de 9,4 millions de francs pour le canton de Genève et 6 millions pour le canton de Vaud.

L’inauguration, le 27 avril dernier, des cinq premiers kilomètres de Voie verte de part et d’autre de la frontière est l’une des incarnations probantes que le “vélo-travail” prend son essor dans le grand Genevois. Ce nouvel axe de mobilité douce emprunte le toit de la tranchée couverte de la ligne ferroviaire CEVA. Le tracé, inauguré par les autorités politiques genevoises et haute-savoyardes, relie la future gare de Genève – Eaux-Vives à celle d’Annemasse.

Dans l’agglomération annemassienne, la voie verte représentera à terme douze kilomètres de la frontière suisse au plateau de Loëx, à Bonne. Elle desservira des zones urbaines et rurales en se raccordant aux voies vertes qui irriguent déjà les contreforts du Mont-Blanc.

Un enjeu de taille

Cette réalisation s’inscrit dans le schéma transfrontalier dans la Voie verte de l’agglomération genevoise.Il s’agit d’une liaison transfrontalière cyclable et sécurisée passant par le centre de Genève et rejoignant le Pays de Gex. Elle constituera, une fois achevée,l’un des tronçons de la vélo-route voie verte du Léman au Mont-Blanc sur laquelle Chrystelle Beurrier entend bien voir se régaler les cyclotouristes,mais tout autant les frontaliers.

« Le développement du vélo comme mode de déplacement au quotidien apporte non seulement le désengorgement endos routes, mais il représente aussi un gain de temps avéré sur le trajet,une pratique sportive opportune et un acte écocitoyen en faveur de la qualité de l’air que nous respirons », pointe la conseillère départementale du canton de Sciez et septième vice-présidente du Conseil départemental de la Haute-Savoie en charge de l’éducation, de la jeunesse et des sports.

La “madame vélo” de la Haute-Savoie suit d’autant mieux l’avancement des chantiers qu’elle préside “l’association Départements & Régions Cyclables de France”, un réseau de Régions, Départements et intercommunalités mobilisés pour construire la France à vélo en 2030.

Dans un bassin de vie où l’équipement automobile haut-savoyard est l’un des plus élevés de France, l’enjeu est de taille. Selon la Direction départementale des territoires de Haute-Savoie, le taux de motorisation haut-savoyard atteint 0,7 voiture/habitant contre 0,60 en France et 0,57 en Auvergne-Rhône-Alpes. Si les déplacements en voiture prédominent en agglomération comme hors agglomération(55 % à 80 %), les vélos concernent néanmoins 2 % de la mobilité.

Toujours plus d’infrastructures dédiées

Un chiffre que les autorités politiques haut-savoyardes et genevoises veulent amplifier au gré des infrastructures nouvelles,sécurisées et dédiées. «Notre plan départemental Haute-Savoie Vélo Voies Vertes vise une continuité en site propre sur 300 km et le fléchage des grands axes vers Genève et Annecy en reliant les grands pôles urbains»,confirme Chrystelle Beurrier.

Mais l’action doit encore aller plus loin selon l’élue. « Alors que la France enregistre une hausse de 10 % de la fréquentation des itinéraires vélos en usage travail/école et loisir, notamment par des touristes allemands et de Nord Europe, alors que notre territoire a la chance de disposer de la Via Rhôna, un tracé à très fort potentiel, nous devons poursuivre nos efforts sur, d’une part, l’offre de stationnement, d’autre part l’homogénéisation des outils de locations entre le canton de Genève et la Haute-Savoie. »

Le conseiller national et président de ProVélo Suisse, Matthias Aebischer est sur la même voie (verte). « Je suis convaincu que le vélo jouera demain enrôle central dans notre mobilité quotidienne».Le 1er mai, son organisation formulait la 14e édition de “bike to work”, un challenge impliquant plus de 55 000 participants dans toute la Suisse, invités durant deux mois à se rendre au travail à vélo. Une édition singulière puisque,en mars dernier, le Conseil fédéral et le Parlement ont modifié l’article 88 de la constitution afin de fournir les bases légales pour un réseau continu de voies cyclables en Suisse !

 

Raphaël Sandraz
Photos : Jacquier Jennifer et Département 74


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