Au premier trimestre 2025, près de 18 000 entreprises se sont retrouvées en défaillance en France, soit 4,4 % de plus qu’à la même période en 2024, selon la dernière étude du cabinet Altares.
De janvier à fin mars 2025, 17 485 défaillances d’entreprises (procédures de sauvegarde, redressements et liquidations judiciaires) ont été enregistrées. Soit une hausse de 4,4 % par rapport au premier trimestre 2024, mais surtout un niveau très supérieur à la moyenne des quinze dernières années sur la même période (environ 15 300).
Du jamais vu depuis 2009
Ce bilan trimestriel est plombé par les défaillances de grandes PME et ETI. Leur nombre a grimpé de 28 % comparativement à 2024, avec 64 entreprises de plus de 100 salariés en défaut. Ce qui, mécaniquement, a de lourdes conséquences sur l’emploi, avec 71 000 postes menacés…
« Du jamais vu depuis la crise financière de 2009, où ce chiffre avait atteint 73 700 », pointe Thierry Million, le directeur des études Altares.
Dans le détail, le nombre des redressements judiciaires et des procédures de sauvegarde enregistrés sur les trois premiers mois de 2025 progresse respectivement de 7 % à 5 077 et de 6,9 % à 373, tandis que les jugements en liquidation judiciaire augmentent moins vite (3,3 % à 12 395). Ces derniers ont représenté 69,5 % de l’ensemble des procédures (contre 80 % en période de covid).
Il ressort que l’essentiel des défauts (72 %) concerne toujours les microentreprises de moins de trois salariés. Mais, selon Altares, ce chiffre enregistre une hausse limitée de 3,6 %, à l’inverse de celui des TPE de 3 à 9 salariés, en augmentation de 8,8 % (3 507 en défaut). Quant aux PME employant 10 à 99 personnes, elles résistent mieux : 1 407 ont défailli, contre 1 394 il y a un an, soit une quasi-stabilité (+0,9 %).

La Haute-Savoie, meilleure élève

Globalement, la région Auvergne-Rhône-Alpes se situe dans la moyenne nationale, faisant état de +3,9 % avec 2 187 défaillances. Mais l’écart est plus ou moins prononcé selon les départements. En effet, si la Haute-Loire et le Rhône connaissent le plus grand nombre de défaillances (respectivement +23 % et +22 %), la Savoie se classe 4e avec +17,6 % (140 entreprises concernées), suivie de l’Ain (+16,6 % à 169).
A contrario, la Haute-Savoie est le département où les défaillances reculent le plus, à savoir -24,2 % à 197 défauts. L’Ardèche et l’Allier, eux, enregistrent chacun -16 %.
Le commerce reprend des couleurs
Quoi qu’il en soit, au niveau national, Altares relève des signes positifs, la tendance semblant s’inverser depuis six mois, avec un volume de défaillances qui tend à se stabiliser (autour de 68 000 sur douze mois glissés), certes à un niveau élevé, et déjà plusieurs indicateurs dans le vert.
Du côté des activités, même tendance affichée, en particulier dans celles à destination des consommateurs (B to C). Le secteur de la construction, affecté depuis plusieurs trimestres par la crise de l’immobilier, montre des signes de rebond, dans le bâtiment notamment. La promotion immobilière, si elle reste dans une dynamique encore de fragilité (+21 %), connaît moins de défaillances parmi les acteurs du logement. Le nombre d’agences immobilières en défaut recule lui aussi, de 17 %, après avoir atteint, en 2024, son plus haut niveau depuis 2009. Toujours selon Altares, les défaillances baissent aussi dans le commerce, en particulier l’habillement. Quant aux métiers de bouche, ils reprennent aussi des couleurs (excepté la restauration).
Dans le secteur B to B, les services aux entreprises – dont l’informatique (+24 %) et le conseil en communication (+20 %) – sont globalement à la peine, mais l’industrie manufacturière résiste, avec +5 % de défaillances.

Patricia Rey avec Altares
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