Management : les leçons de la Patrouille de France

par | 16 mai 2019

Bertrand Nivard, ancien leader de la Patrouille de France, a donné quelques clés, en clôture de l’assemblée générale de la MFR de Cormaranche.

Ancien leader de la Patrouille de France devenu pilote de canadair, Bertrand Nivard (à droite sur la photo) était invité à clore l’assemblée générale de la MFR de Cormaranche-en-Bugey, centre de formation des métiers du bois, vendredi 19 avril (lire notre édition du 16 mai), pour une intervention sur les clés de performance. « À 700 kilomètres par heure, quand les ailes des avions se trouvent à 3 mètres les unes des autres, les figures sont conduites à vue, en vitesses relative. La valeur de base, c’est la confiance que nous avons les uns envers les autres et envers nos mécaniciens, a-t-il introduit. On passe trois à cinq ans au sein de la Patrouille de France. Et l’on change de poste tous les ans, ce qui permet de changer de métier et de se remettre en question à chaque fois. La sélection est opérée sur la base du volontariat. Les postulants doivent avoir cumulé 1 500 heures de vol en avion de combat. Les critères portent sur la capacité à accepter la critique et à réapprendre le métier. Le choix se fait par cooptation, ce qui constitue la première brique de la cohésion d’équipe. De même, chaque mécanicien choisit son pilote. Ils forment un duo inséparable et ont une confiance absolue, l’un envers l’autre. » L’intégration d’un nouveau pilote se fait progressivement, d’abord par une présence sur les meetings, puis par un vol seul où il doit suivre le leader. « Cela permet de se rendre compte combien c’est difficile. »

Rigueur et écoute

Les meetings, c’est une cinquantaine de représentations pendant l’été. « L’occasion de montrer le drapeau français et ses valeurs partout dans le monde », note l’ancien leader de la Patrouille de France. Quelque 45 personnes sont mobilisées sur la saison. Le résultat se joue à 80 % sur la préparation, qui se déroule majoritairement au sol. « En avion de combat, à 1 000 mètres par seconde, on n’a pas le temps de se demander quoi faire. L’objectif est de créer de l’émotion, en toute sécurité. Cela demande beaucoup de rigueur. L’aéronautique n’a de cesse que de minimiser les risques. Elle procède à un travail sur la mémoire, pour éviter qu’une même erreur puisse être commise deux fois. La Patrouille de France filme tous ses vols, cela permet de prendre conscience des fautes commises. Mais, pour que cela fonctionne, il ne faut pas craindre de sanction. Parler de ses erreurs, c’est un moyen de les corriger. » Les enjeux ne sont pas très différents dans le pilotage d’un bombardier d’eau. « De la même manière, nous voulons faire un largage sûr. La procédure, c’est notre assurance vie », souligne le pilote pour qui l’écoute et l’humilité sont essentielles. « Il faut garder le canal de la communication ouvert. Un jeune peut avoir un regard complètement neuf. Avant le décollage, le plus ancien prend la parole, puis demande si quelqu’un a un doute. Si oui, on cherche une solution. La Patrouille de France a ce que l’on appelle une bible. Chaque pilote y inscrit ses trucs et astuces, et transmet au suivant. »

Le leader a un rôle particulier, selon Bertrand Nivard. « Il lui faut à la fois innover, essayer de donner de l’élan et écouter, les états d’âme de l’équipe comme l’expérience de ses prédécesseurs. Savoir se remettre en question, accepter les critiques, c’est devenir crédible et progresser. »


Par Sébastien Jacquart

Une Eco de l'AinCet article vient en complément du papier paru dans le magazine ECO de l’Ain du 16 mai 2019, sur l’assemblée générale de la MFR de Cormaranche-en-Bugey, CFA des métiers du bois. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.

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