Pierre Martinet : “intraitable” sur toute la ligne

par | 29 mars 2019

Un chiffre d’affaire à la hausse, la construction d’un nouveau bâtiment, des nouveautés plein la tête, le traiteur « intraitable » Pierre Martinet aborde avec entrain son cinquantenaire d’entreprenariat.

En franchissant chaque matin le n° 24 de la rue du “Limousin” en lisière du Parc de Chesnes, on ne peut s’empêcher de penser que Pierre Martinet a dû faire quand même un peu exprès d’installer le siège du groupe éponyme dans un lieu qui lui rappellerait symboliquement chaque fois le monde d’où il vient : la campagne. D’ailleurs, ce n’est pas tant un article qu’il faudrait pour résumer cette saga familiale qui l’a conduit en novembre 1968 à reprendre une boucherie-charcuterie à Jujurieux, dans l’Ain, et devenir, quelques décennies plus tard, le leader des salades fraîcheur en France, qu’un livre tout entier.

Et ça tombe bien, parce que Pierre Martinet, justement, sortira en mai prochain une autobiographie où il s’épanchera longuement sur le sujet : lui. Autrement dit, le parcours d’un autodidacte parti de rien en vendant de la salade de museau dans son camion sur les marchés de l’Ain, pour devenir, quelques décennies plus tard, un industriel puissant qui a produit, en 2018, 72 000 tonnes de salades en barquettes fraîcheur. Bien secondé, il est vrai, par Nurdan Martinet, son épouse.

3800 barquettes à l’heure

L’homme, comme on dit en jargon journalistique, s’avère “un bon client” car il possède le sens de la formule. Son slogan publicitaire, “Pierre Martinet, le traiteur intraitable ! ”, sur lequel il a bâti sa notoriété, en est le meilleur exemple, bien que nombre de ses publicités soit toujours accompagné par un jeu de mots dont on le soupçonne d’être l’instigateur : “Notre taboulé, prenez-en de la graine ! ”, “Nos carottes sont fières de leurs racines ! ”, “Tous dans la même barquette”, etc. « Il y a 25 ans qu’on communique ! Une marque, ça ne se fait pas comme ça ! », confie le patron.

Mais quand on essaye plus sérieusement de le questionner pour savoir à quelle hauteur financière ses deux nouveaux actionnaires, Sofiproteol (8 %) et Agro Invest (8 %), deux sociétés qui investissent essentiellement dans des entreprises agro-alimentaires, sont entrées récemment au capital, il rétorque, « Vous savez, je n’aime pas trop parler de ça ! »… En attendant, son produit phare, le taboulé, dont pas moins de 32 000 tonnes sont produites chaque année dans les unités du groupe, se décline à toutes les sauces. Et “taboulé ” rime tout naturellement avec “été” !

« Nous vivons dans la saisonnalité ! Pendant qu’on ressort son barbecue du garage, on commence à travailler ! », nous a confié Christophe Fra, directeur Industrie du Groupe Martinet. Inutile de dire que les derniers étés caniculaires ont largement contribué à faire augmenter le chiffre d’affaires du groupe (+4 % en 2018) pour atteindre les 165 M€. Pour autant, la saison basse ne demeure pas, non plus, inactive dans les unités qui produisent la bagatelle de 80 tonnes de salades/jour (450 T/J, l’été).., les 9 machines de St-Quentin- Fallavier tournant au rythme effréné chacune de 3800 barquettes/H. « Il se vent en France une barquette Pierre Martinet toutes les deux secondes ! », a finement calculé Christophe Fra.

680 goûteurs-testeurs

Pour rester dans l’ère du temps et répondre ainsi à la demande croissante de consommateurs qui privilégient les produits bio au détriment de la viande, le service Recherches & Développement a accentué son travail sur une gamme de recettes à base de graines riches en protéines et fibres. Recherches, innovation.., mais surtout, contrôle et vigilance. Pierre Martinet analyse méticuleusement tous ses produits pour s’éviter les pépins sanitaires que d’autres ont pu connaître. Pas moins de 11 personnes s’emploient chaque jour au laboratoire de microbiologie du siège de St-Quentin-Fallavier pour analyser annuellement jusqu’à 38000 échantillons.

En parallèle, le groupe gère et anime un fichier “d’analyses sensorielles” de 680 personnes. Un panel de 16 “goûteurs-testeurs” est à chaque fois sollicité pour apprécier les produits. C’est ainsi que seront lancés cette année de nouveaux produits originaux à base de céréale Sarasin dont Pierre Martinet attend beaucoup. Mais les risques, somme toute, sont limités. Quand on a comme conseiller culinaire un certain Guy Savoy, grand chef cuisinier, 3 étoiles au guide Michelin…

« Il y a 25 ans qu’on communique ! Une marque, ça ne se fait pas comme ça ! »

Pierre Martinet

Le site de St-Quentin-Fallavier en phase d’agrandissement

«On manquait de place ! Toutes nos usines étaient saturées ! Ce n’est pas simple de faire une extension sur le siège même, mais on va y arriver ! », confie Pierre Martinet. Pour augmenter les capacités de production et de stockage, réaménager l’espace d’accueil et de visites de l’entreprise, des travaux d’agrandissement sur le site de Saint-Quentin- Fallavier viennent de débuter pour une mise à disposition début 2020. L’agrandissement permettra de produire 10 000 tonnes/an de plus sur 4500 m² en plus : production, lignes de conditionnement (1 800 m²), stockage transtockeur (2 000 m², 1750 palettes), bureaux, salles de réunions et amphithéâtre (700 m²).

L’investissement se situe à hauteur de 7 M€ pour la partie immobilière et autant pour la partie “matériel”. Si on ajoute à cela les 5 M€ que le Groupe va investir en 2019 dans ses autres sites de fabrication, c’est un total de 19 M€ qu’il aura dépensé essentiellement pour se développer. En outre, s’il ne possède pas de station d’épuration en tant que telle, le site de St-Quentin-Fallavier a mis en place un système de prétraitements des eaux qu’il utilise pour sa production (l’équivalent de deux piscines olympiques par jour) raccordé à la station d’épuration de St-Quent-Fallavier. 100 % des déchets de fabrication du site sont valorisés dans un rayon de 20 km.

La phase de travaux vient de débuter et se terminera dans un an environ. Ici, on procède au terrassement pour le nouveau parking.

142 recrutements

La formation au sein du Groupe est également un élément clé des engagements sociétaux de la Gestion des Ressources Humaines, avec un niveau bien au-dessus du légal : 3 % de la masse salariale sont consacrés aux formations quand le légal impose seulement 0,1 %. Le site de St-Quentin-Fallavier en phase d’agrandissement Enfin, et ce n’est pas des moindres, le Groupe Pierre Martinet indique que 142 postes sont actuellement à pourvoir en CDD ou CDI : techniciens de Maintenance, Assistant Category Management, Assistants Commercial, Assistant comptable, conducteurs de Lignes, Préparateurs de Commandes, Caristes, Agents de Production Polyvalents, Assistant SAV, Contrôleur Qualité, Responsable de Secteur…


Par Éliséo Mucciante


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