Depuis le 1er mai, Reboul SAS est entrée dans le giron d’Aptargroup.
«Vendre, c’est permettre à Reboul SAS de décoller. »Frédéric Vacheron, 49 ans, qui avait repris l’entreprise annécienne le 1 octobre 2013, a tourné la page. Le 27 avril dernier, il a signé les actes officialisant la vente du spécialiste des tubes de rouges à lèvres à l’américain Aptargroup. Une façon, selon lui, d’assurer l’avenir qu’elle mérite à cette PME de 95 salariés.«Je me suis heurté à un problème de taille critique, explique-t-il. Reboul était trop petite pour nos clients. Quand on a une consultation de l’ordre de 10 millions d’euros pour un nouveau rouge à lèvres et qu’on réalise 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, les clients ne veulent pas prendre le risque de nous confier cette mission. » Après avoir raté plusieurs affaires à cause de ce dimensionnement insuffisant, le pdg s’est donc résolu à trouver un acquéreur aux reins suffisamment solides. «M’entêter à la tête de Reboul n’aurait été bon ni pour la SAS ni pour mon groupe, Vacheron industries. Il faut savoir ne pas être jusqu’au-boutiste. »
Le choix d’Aptar
Approché par plusieurs acteurs du packaging, Frédéric Vacheron a porté son choix sur le groupe Aptar (2,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017, pour 220 millions de résultat net), avec qui il est entré en négociations dès le début de cette année. « Je l’ai sélectionné car c’est le leader mondial des systèmes de distribution.» Ses nombreuses implantations (dans 18 pays différents), dont 15 en France, ont également joué en sa faveur. Surtout, Frédéric Vacheron, a apprécié la façon dont le groupe américain a géré, en juin 2016, la crise survenue au sein de son site annécien (l’ex-Graphocolor) suite à un incendie qui a ravagé l’outil de production. «Après ce sinistre, une de mes sociétés, Catidom, a dépanné Aptar Annecy. J’ai pu constater que la maison mère ne l’a pas lâchée et a réinvesti. »
Confiant dans l’avenir de Reboul, il pense lui avoir trouvé un «très bon repreneur qui va redonner à l’entreprise l’importance qu’elle avait dans les années 2000». À cette époque, Reboul était leader mondial des mécanismes de rouges à lèvres et réalisait 50 millions de chiffre d’affaires avec 650 salariés. Avant de vertigineusement tomber dans le rouge… comptable.
« Quand je l’ai reprise, se souvient Frédéric Vacheron, elle sortait de trois plans sociaux et était exsangue; mais elle détenait toujours ce savoir-faire qui a longtemps fait sa réputation et qui, aujourd’hui encore, a convaincu Aptar. » Ce serait précisément cette compétence sur le métal et les mécanismes de rouges à lèvres que serait venue chercher le poids lourd américain.
Une entreprise plus glamour
Officiellement à la tête de la PME depuis le 1er mai, Aptargroup dispose d’un outil fonctionnel et quasiment neuf, dimensionné pour monter jusqu’à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Le site, basé au sein du parc Altaïs, a ouvert ses portes en septembre 2014. Dans la foulée de cette construction et de ce déménagement (Reboul était autrefois à Cran- Gevrier), le parc machines a été remis à niveau, avec notamment, l’achat de 12 presses de 20 tonnes chacune et de machines d’assemblage ultra-performantes (6 000 rouges assemblés par heure, contre 2 500 auparavant). Un investissement global de plus de 20 millions d’euros réalisé ces quatre dernières années, avec la participation d’Albea, ancien propriétaire.
« Cela a permis de redorer l’image de Reboul auprès de ses clients (Chanel, LVMH, Hermès…). » Les dernières innovations produits réalisées en 2016 – trois mécanismes de rouges innovants, de nouvelles finitions de décoration, des packagings inédits – l’ont sans doute rendue encore plus “glamour” à leurs yeux. Pas assez cependant pour qu’elle puisse décrocher les gros marchés qui l’auraient propulsée dans une autre dimension.
Par Sylvie Bollard
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