Les chiffres ont fait l’effet d’une bombe. Un récent sondage réalisé par Harris Interactive fait clairement apparaître Marine le Pen en tête des intentions de vote au premier tour des présidentielles 2012, que ce soit face au président sortant Nicolas Sarkozy ou à ses principaux challengers Martine Aubry, François Hollande et Dominique Strauss-Kahn. Dans chacune de ses configurations, la présidente du Front National obtient un beau 23 à 24%, quand les autres candidats se battent autour de 21%, laissant entrevoir le risque grandissant d’un nouveau 21 avril 2002.
La toute nouvelle chef de file du FN bénéficie pour cela d’un concours de circonstance. Tout d’abord son image, beaucoup plus lisse que celle que son père, qui permet à ses électeurs potentiels de s’afficher plus librement. Ensuite, une situation géopolitique explosive de l’autre coté de la Méditerranée qui fait craindre à nombre de Français une montée de l’immigration et une poussée de l’islamisme. Et, last but not least, la baisse de popularité des autres prétendants, qu’ils soient issus d’une droite, empêtrée dans ses différents scandales (Woerth, MAM, Estrosi) et ses erreurs de communication (identité nationale, laïcité), ou d’une gauche, trop divisée pour être sociale et en panne chronique d’idées et de programmes.
Et c’est ainsi que, pour tous les déçus de la politique ordinaire, Marine Le Pen et son discours aussi populiste que percutant, apparaît comme la seule solution possible.
Ce coup de tonnerre aura-t-il le mérite de faire réagir les deux principaux partis du pays ? Les premières interventions de nos responsables politiques semblaient davantage stigmatiser les pratiques des instituts de sondage, rappelant notamment la fiabilité toute relative de leurs résultats, ou se rejetant la faute les uns les autres…
Comme le voudrait le bon sens (et les électeurs !), une remise en question sur le fonds ne semble, malheureusement, toujours pas à l’ordre du jour. Il suffirait pourtant de quelques propositions crédibles pour que tout change.
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