Station : L’avenir de La Sambuy fait débat

par | 20 juillet 2022

À Faverges-Seythenex, la « possible » fermeture de la station de La Sambuy a provoqué un tollé général. Les élus de la minorité comme les habitants, très attachés à ce patrimoine, demandent des comptes et une vraie concertation.

Personne n’aurait imaginé pareil “soulèvement”. Pourtant, depuis quelques semaines, La Sambuy anime les réseaux sociaux et ce n’est pas si courant pour le petit domaine, plus habitué aux seconds rôles médiatiques avec son unique télésiège (qui culmine à 1850 m d’altitude) et ses trois téléskis.

Mais il faut dire que c’est l’avenir même de la station des Bauges, prisée pour son esprit familial et sa vue sur le lac d’Annecy et le mont Blanc, qui est en jeu. Alors que le maire de Faverges-Seythenex, Jacques Dalex (qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations) n’exclut pas une fermeture définitive des remontées, les élus de la minorité, soutenus par une part conséquente de la population, défendent bec et ongles le maintien du site été-hiver, qu’ils considèrent comme faisant partie de leur patrimoine. « La Sambuy est le joyau touristique de Faverges », assène même Yves Crépel, de la liste “Rassembler et agir pour Faverges” qui, à l’instar de l’autre liste, “Une énergie nouvelle”, dénonce un manque de concertation de la part du premier magistrat.

Un sentiment partagé par de nombreux citoyens. Pour preuve, le 15 juin, jour de la restitution de l’audit demandé par la mairie lors d’un conseil municipal privé, quelque 300 habitants ont manifesté pour apporter leur soutien à La Sambuy. Puis, le 28 juin, lors d’une réunion publique finalement organisée pour informer les habitants, le maire s’est retrouvé sous le feu des critiques.

27 000 €, c’est le coût réel (et non pas 4 000 €, comme annoncé par le maire en réunion publique) de l’audit sur la situation actuelle et prospective de La Sambuy, réalisé par les cabinets Cime et Agate-Territoires à la demande de la municipalité.

La Sambuy est une station très attractive l’été mais elle ne propose pas d’hébergement et son parking est limité à 300 places. Crédit OT Faverges

Déficit structurel

Rappel des enjeux. Selon les chiffres avancés dans l’audit par les cabinets experts Cime et Agate-Territoires, la santé économique de la station de ski, fréquentée par une clientèle de proximité, est loin d’être florissante. Située à
1 150 m d’altitude, elle souffre, l’hiver, d’un manque récurrent de neige (elle n’est pas équipée d’enneigeurs), accentué par le réchauffement climatique, qui entraîne une dégradation de l’activité, et donc, une baisse du chiffre d’affaires. S’y ajoute un parc de remontées mécaniques vieillissant datant des années 1985. À l’inverse, l’été, La Sambuy propose une offre touristique de qualité et aboutie (luge quatre-saisons, tubbing, VTT, via ferrata…) grâce à une diversification engagée il y a cinq ans.

Ce site, que cette étude juge non viable en l’état, affiche un déficit structurel, que la commune compense en versant annuellement une subvention d’équilibre estimée en moyenne à 371 000 € TTC entre 2011 et 2021, soit un coût total de 450 000 à 500 000 € TTC si l’on ajoute les charges de personnel et d’investissements, alors que les recettes du domaine s’élèveraient à 665 000 € (dont 400 000 € l’été).

« Un audit à charge »

« La station coûte de l’argent, ce n’est pas nouveau, et les maires précédents avaient réagi en faisant de La Sambuy une station quatre saisons. Il faut aussi savoir que ce déficit, compensé par la mairie, représente moins de 4 % des dépenses de fonctionnement de la commune », lâche Yves Crépel, un rien agacé.

Il dénonce « un audit financier à charge », qui ne tient pas compte de toute la réalité et n’aborde pas les retombées socio-économiques que génère une station de cette taille : « Nous réclamons une étude plus complète du dossier, et d’avoir accès au cahier des charges de l’audit. » De leur côté, les élus d’ “Une énergie nouvelle”, emmenés par Anne-Marie Bernard, souhaitent « une vraie concertation et non un simulacre – quand on a l’impression que les jeux sont faits –, car aucune piste ne doit être écartée. La station doit évoluer mais pas disparaître ! »

Yves Crépel appuie : « Ne fermons pas La Sambuy, trouvons plutôt des solutions pour la sauver. » Ils aimeraient pouvoir envisager d’autres alternatives aux cinq scenarii présentés dans l’audit (voir en encadré). Au-delà, tous veulent savoir combien la commune est prête à investir pour assurer le bon fonctionnement de la station. Plusieurs pistes ont été avancées, comme un changement de statut de la station communale, son exploitation par un opérateur privé (via une DSP), ou, pourquoi pas, par l’intercommunalité.

Le maire a annoncé la tenue de groupes de travail avec la population. « Mais comme il veut prendre une décision à l’automne, nous devons nous y atteler au plus tôt », termine Yves Crépel. Quelle que soit l’option choisie, la station ouvrira à l’hiver et l’été 2023.


Patricia Rey


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