Ah, le stress professionnel… Vous avez peut-être déjà rêvé de tout envoyer balader et de vous sauver aux antipodes, d’étrangler votre patron – ou un collaborateur – de vous promener à travers champs tandis qu’on se débrouillerait sans vous pour résoudre les difficultés entre les sociétés Poignonandco et Jaicraselesprix? Et bien oui, le stress au travail n’est pas un accès de « sensiblerie », mais bien un phénomène qui va crescendo dans nos entreprises. Le collectif des médecins du travail de l’Ain a d’ailleurs récemment publié un ouvrage sur la question, intitulé « La santé au travail en France: un immense gâchis humain ». Livre qui met en cause « la religion de la rentabilité », induisant « une véritable maltraitance au travail ». les mots sont forts, c’est vrai. Mais que se cache-t-il derrière ce que l’on nomme les troubles psycho-sociaux? Est-ce, justement, un phénomène de société? Comment s’en prémunir? Pour répondre à ces questions, votre hebdomadaire a fait appel à Rachel Descombes, psychologue du travail et des organisations, installée sur le département.
Elle explique combien ces risques « sont difficilement palpables dans l’entreprise, tant ils combinent différents facteurs ». L’activité en elle-même, mais aussi – et parfois, surtout – l’organisation du travail, l’environnement – le bruit, les open-space – les relations entre les personnes sont autant d’éléments entrant en jeu. Et témoignent parfois « d’une véritable maltraitance au travail ».
« Le stress est, à la base, un mode d’adaptation à des situations types et c’est un phénomène naturel, rappelle Rachel Descombes. Aujourd’hui, le contexte de l’emploi n’est plus le même qu’avant: avec l’instabilité de l’emploi, la concrurrence économique accrue, l’intérim, les CDD, les nouvelles technologies qui supposent une réactivité accrue… On doit tout traiter dans l’immédiateté, sans plus avoir le temps d’assimiler les informations que l’on nous donne. Ce travail, sans cesse dans l’urgence, est générateur de stress. » Elle ajoute que « la pression des objectifs, mais aussi le décalage entre les ressources et ces objectifs, ainsi que les relations humaines qui se détériorent » font partie des raisons qui poussent à la consulter.
Mais que faire? « Verbaliser, ne pas s’isoler – ce qui est une réaction fréquente -, déculpabiliser, sont des pistes, révèle-t-elle. Il faut également faire part des ses problèmes à sa hiérarchie – l’employeur est responsable de la santé de ses salariés –, aux représentants du personnel, au médecin du travail, aux collègues, à l’entourage personnel… On peut aussi se tourner vers des ressources externes à l’entreprise – médecins, psychologues. Et essayer de prendre du recul, de comprendre les mécanismes sous jacents, d’identifier des pistes de résolution… »
Selon Rachel Descombes, « on peut aussi tenter de renforcer ses stratégies d’adaptation aux situations stressantes, avec un travail autour de la confiance en soi, du coaching, du développement personnel, de la gestion du stress ou de la relaxation…. Mais ces formations pouvant parfois être proposées par les entreprises ne doivent pas être les seules solutions car ce n’est qu’un “ pansement sur l’hémorragie “. Elles sont pertinentes si elles s’inscrivent en parallèle d’une véritable politique de prévention. » Elle ajoute que trois niveau de prévention existent. Schématiquement, le premier niveau, c’est l’évaluation et la prévention des risques dans l’entreprise. Le second prévoit de renforcer les stratégies d’adaptation au stress – avec notamment les formations des managers et de l’encadrement à ces problématiques. Et le troisième niveau, c’est « la prise en charge individuelle des personnes en souffrance ».
Le stress professionnel est de toute façon un mal sournois qu’il est de la responsabilité de l’employeur de détecter et d’éradiquer. Ce qui n’est pas toujours simple. Que faire? Dans certaines grandes entreprises, il est courant d’afficher son humeur du jour au bureau par le biais de petits smiley en papier. On peut douter de la pertinence de ce genre d’outils. En revanche, « sonder » régulièrement ses collaborateurs, être à l’écoute, voire proposer des « questionnaires bien-être » anonymes, analyser des indicateurs (absentéisme, turn over, accidents du travail, maladies professionnelles, etc…) peuvent être des pistes. Il est prouvé que la créativité et donc, l’innovation s’épanouissent pleinement dans un cadre privilégié. Tout comme la motivation des salariés à donner le meilleur d’eux-même.
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