Tout a commencé avec cette affaire d’espionnage présumé chez Renault. Trois cadres ont été remerciés pour avoir – peut-être – communiqué des données « sensibles pour l’entreprise » à « une puissance internationale ». Le ministre de l’Industrie parle de « guerre économique ». ça fait quand même froid dans le dos, non? « Nous assistons à un mouvement de rattrapage, où des pays comme l’Inde, la Chine ou la Russie changent leur manière de pénétrer le marché mondial. Ces pays essaient de combler leur retard et transfèrent les connaissances dont ils ont besoin vers leur propre industrie. Ensuite, ils essaient de dépasser les autres. » Christian Harbulot sait de quoi il parle: il est le directeur de l’Ecole de Guerre Economique. Selon lui, « les Pme sont de plus en plus confrontées à des problèmes liés à l’information, avec des phénomènes classiques qui ont tendance à s’accentuer ». Il les a décrypté pour nous.
« Les Pme sont particulièrement à la merci du débauchage et certaines perdent du chiffre d’affaires lorsque des personnes-clé partent vers des concurrents. » De plus, « et peu importe la taille de l’entreprise », des solutions existent pour détecter vos innovations. Cela peut s’opérer également par une veille particulièrement active de la part de vos concurrents, avec un système de collecte d’information très élaboré. « Les entreprises ne peuvent plus être naïves, déclare Christian Harbulot. La façon dont l’on gère son patrimoine informationnel est un nouvel élément de pilotage de l’entreprise. »
Mais d’où peuvent venir les fuites qui pourraient vous faire du tort? « Par l’humain, c’est très courant », analyse Christian Harbulot. Selon lui, la clause de confidentialité dans les contrats de travail « est plus ou moins bien appliquée ». Mais bien des motivations existent et il est difficile de se prémunir « d’actes de trahison ». Ensuite, la fuite de données peut se faire par la technologie. Selon Christian Harbulot, il faudrait adopter dans l’entreprise des réflexes élémentaires, mais il ajoute que « peu de personnes acceptent dans leur quotidien de protéger leurs informations, ce qui laisse un champ d’action important ».
Dans une entreprise comme Ciat (dont le siège est à Culoz), des efforts importants ont été faits pour protéger au mieux les données. Côté informatique, ce qui lui donné du fil à retordre, ce sont les petites clés USB qui peuvent se brancher un peu partout et en un clin d’oeil – ou plutôt en un clic – peuvent récupérer un nombre conséquent de données. « Nous avions deux choix, se souvient Jean-Paul Ouillères, responsable du département production informatique de Ciat. Soit nous pouvions crypter les données, mais c’était un processus très lourd à mettre en place, soit nous options pour des verrous ». C’est finalement la seconde solution qui est retenue et les ports USB des machines sont verrouillés. Dans l’entreprise, personne n’a intérêt à oublier son mot de passe: complexes et régulièrement changés, ils bloquent les utilisateurs s’ils ne sont pas corrects…
De plus, Ciat utilise souvent des ordinateurs sans disque dur, qui se connectent à distance sur un serveur, lui-même sécurisé. « Sur la machine en elle-même, il n’y a rien de capital, complète Jean-Paul Ouillères. Par ailleurs, nous utilisons peu de papier, et personne n’a de visibilité sur la totalité du groupe. Les données sont scindées en trois périmètres: celui de l’utilisateur, du service et public. Il n’y a aucune vision complète. Ce qui est compliqué, c’est que la sécurité ne doit pas se faire au détriment de l’efficacité des collaborateurs. C’est vraiment le noeud du problème. »
Ne pas utiliser beaucoup de papier, ce n’est peut-être pas une mauvaise idée. En novembre 2008, des confrères du site internet d’informations Rue89 sont partis dans un reportage peu banal: ils ont fouillé les poubelles d’un quartier de Paris. Relevés de comptes, factures diverses, devis, photos de campagnes publicitaires ont entre autres été dénichés. Comme quoi, la fuite peut aussi passer par là!
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