Accompagnant la parution du Top 500 des entreprises de Savoie Mont Blanc, la remise des 2es Trophées ECO a permis de révéler, une fois de plus, le dynamisme de l’économie locale.
Elles sont cinq. Cinq PME et ETI, de Savoie et Haute-Savoie, lauréates des deuxièmes Trophées Éco. Et si trois d’entre elles, seulement, figurent au classement du Top 500 des entreprises Savoie Mont-Blanc, dont l’édition 2023 vient de paraître, ce n’est ni une erreur, ni un hasard.
Ces Trophées Éco, qui accompagnent la sortie de notre classement annuel des 500 plus grands chiffres d’affaires (CA) du territoire (entreprises dont le siège social est dans l’un des deux départements et qui publient leur bilan), ont en effet été imaginés par notre média et le Crédit agricole des Savoie (CADS) – partenaires pour l’organisation de ces trophées – pour pouvoir valoriser aussi les structures de plus petite taille, ultramajoritaires dans le paysage local.
En plus du trophée de la plus forte progression (en pourcentage de CA) au sein du Top 500 – de facto réservé à une “grande” entreprise –, trois prix récompensent donc des « initiatives ». À savoir des réalisations et des projets remarquables en matière de ressources humaines (RH), de prise en compte de l’environnement et d’innovation. Et cette année, un “Coup de coeur du jury” est venu compléter le palmarès.
Un jury composé, pour cette édition 2023, de représentants de la CCI de Savoie (Marc Beggiora, président), de l’Université Savoie Mont Blanc (Matthieu Battistelli, maître de conférences en sciences de gestion), du Réseau Entreprendre 73 (Benoît Cornillac, vice-président) et des deux coorganisateurs (CADS et Éco).
En amont de la remise des prix, organisée au siège du CADS à La Motte-Servolex, mardi 12 décembre (un mini-portrait des cinq lauréats est à retrouver en page 9), une table ronde a mêlé témoignages et expertises autour d’un thème d’actualité pour les entreprises locales : la transmission.

Transmission : nom féminin, vraiment ?
Selon un rapport sénatorial d’octobre 2022, en France, « 25 % des dirigeants d’entreprises ont plus de 60 ans et 11 % ont plus de 66 ans. L’estimation du nombre d’entreprises à céder dans les dix prochaines années varie de 250 000 (direction générale des entreprises) à 700 000 (CPME, CCI France, CMA France, CRA, etc.) ». Et à ce volet “pyramide des âges” s’ajoute “l’effet post-covid”, qui pousse certains dirigeants à vouloir vendre (pour mieux profiter de la vie) et de plus en plus de salariés à vouloir se lancer dans l’entrepreneuriat.
Les transmissions sont donc nombreuses et vont continuer à l’être, en Savoie Mont-Blanc comme dans le reste du pays. Mais gare ! Car une transmission n’a rien d’un claquement de doigts. Y compris quand elle intervient dans le giron familial, comme l’a expliqué sans langue de bois Pauline Lozano, qui incarne la quatrième génération aux commandes de la Maison Adrien Vacher (Porte-de-Savoie), PME familiale principalement axée sur la distribution de vins de Savoie (12 M€ de CA et une quarantaine de salariés au total).
Passer du statut de salariée à celui de dirigeante pourrait presque paraître plus simple, à écouter Élodie Bellet, la deuxième témoin de cette table ronde. Entrée comme alternante en BTS chez Sagip Sérigraphie, elle a repris la PME de Cognin (15 salariés) douze ans plus tard, quand l’ex-dirigeant est parti en retraite.
Si leurs parcours sont très différents, les deux témoins ont toutefois révélé un décevant point commun : lorsqu’il s’agit de reprendre une entreprise, être une jeune femme, même dans un XXIe siècle bien entamé, constitue encore trop souvent un double “handicap” dans le regard de certains (mais heureusement pas tous !) financeurs, partenaires commerciaux ou salariés. De quoi mériter… un trophée de la détermination.



Le maître mot pour la transmission : anticiper
Leitmotiv commun à Vincent Sokolowski (responsable “banque privée” au CADS) et Vincent Morati, notaire, les deux experts intervenus lors de la table ronde sur la transmission : an-ti-ci-per. Une transmission se prépare des années à l’avance. Le temps pour le cédant de se “formater” mentalement (lâcher prise n’est pas si simple…) et de mettre en place les bons outils (à commencer par l’incontournable dispositif Dutreil, pour les transmissions familiales) et un calendrier choisi et non contraint. Et ainsi, parvenir au bon équilibre entre juste rémunération du cédant et préservation des capacités de développement de l’entreprise.


Les trophées ECO
Plus forte progression dans le Top 500 : WEBHELP PAYMENT SERVICES

Webhelp Payment Services (85 salariés à La Motte-Servolex, 275 dans le monde) s’apprête à fêter ses 40 ans, mais demeure peu connue dans sa Savoie natale. Pourtant, c’est un leader international dans l’accompagnement et la sécurisation des paiements. Tirée par le commerce en ligne et les impératifs de sécurité (KYC, Know your Customer ; lutte contre le blanchiment et le terrorisme…) sa croissance est spectaculaire : 34,3 M€ de CA en 2020, 54,6 M€ en 2022. Et ce n’est pas fini, car l’intégration, cet automne, de Webhelp par l’Américain Concentrix ouvre encore plus d’horizons.
Initiative “RH” : NICOMATIC

Spécialiste des connecteurs électriques et électroniques en environnement contraint, Nicomatic (Bons-en-Chablais) est “entreprise libérée” depuis dix ans tout juste. Ce qui a favorisé son très fort développement : 300 salariés aujourd’hui en Haute-Savoie, près de 700 dans le monde, pour un chiffre d’affaires qui se rapproche des 100 M€ en 2023 (72,5 M€ en 2022). Forte de ce succès, elle vient de lancer Nicomatic Experience, pour inviter ses partenaires (clients et fournisseurs) à venir découvrir de l’intérieur, en immersion plus ou moins longue, l’organisation “libérée”, afin de l’appliquer chez eux.
Initiative “environnement” : LA COMPAGNIE DES BATEAUX

Du Bourget au Léman en passant par Annecy, la Compagnie des bateaux (19 salariés en saison, avec 16 permanents à l’année) permet aux locaux et touristes de profiter des beautés des trois grands lacs. Afin de mieux préserver ces joyaux de notre environnement, l’entreprise est en train de basculer ses treize bateaux à l’électrique. Un chantier de 9 M€ qui s’achèvera l’an prochain (lire l’interview du président Philippe Gausset dans Éco no44 du 3 novembre).
Initiative “Innovation” : PIXMINDS

C’est la PME la plus récompensée (23 Awards) au CES de Las Vegas, la grand-messe de l’innovation en électronique. Avec sa trentaine de salariés, Pixminds (Barberaz ; 8,6 M€ de CA) est donc une championne de l’innovation “techno”. Mais pas seulement : contrat de licence avec Tsume (autour du manga Naruto), sponsoring d’une équipe d’e-sport qui “cartonne” au niveau mondial et inauguration, en octobre, du Furosato (musée expérientiel autour du jeu vidéo) montrent qu’elle est aussi innovante sur le plan marketing et stratégique.
Coup de coeur du jury : AKTID

Un chiffre d’affaires multiplié par quatre et un effectif multiplié par deux en deux ans, une première croissance externe à l’international (Italie) et des locaux agrandis cette année… Aktid (80 M€ de CA 2023) connaît un développement spectaculaire, favorisé par les évolutions réglementaires et sociétales. L’entreprise de Chambéry est spécialisée dans les solutions automatisées de tri des déchets (concepteur-ensemblier). Elle emploie aujourd’hui près de 120 personnes, en majorité des ingénieurs, misant sur le bien-être au travail et la culture d’entreprise pour attirer et fidéliser les talents.
Eric Renevier
0 commentaires