Le refuge du col du Palet, au coeur du Parc national de la Vanoise, est devenu complètement autonome en électricité après l’installation d’une pile à hydrogène unique en son genre.
Comment faire pour éviter de faire tourner le groupe électrogène du refuge du col du Palet lorsque, en pleine saison estivale, les panneaux solaires ne suffisent plus pour fournir l’électricité nécessaire ? Situé à 2587 mètres d’altitude, au coeur du parc national de la Vanoise, le refuge était, jusqu’en 2015, régulièrement confronté à cette question.
« La difficulté ici, c’est l’eau, détaille Nicolas Vernon, gardien de cette cabane depuis huit ans. On est dans le haut d’un cirque avec zéro glacier ou névé au-dessus de nous. Seules la fonte des neiges et la pluie nous alimentent. » Et quand les réserves s’épuisent, l’eau doit être pompée en contrebas via ce fameux moteur diesel bruyant et polluant. Le gardien devait en outre gérer au mieux sa consommation électrique pour satisfaire à tous les autres usages, tels que l’éclairage, sachant que l’énergie produite par les panneaux solaires ne peut de toute façon pas être stockée plus de trois jours…
Utiliser l’énergie produite en hiver
Pour remédier au problème, le Parc national de la Vanoise, propriétaire du refuge, s’est entouré d’un consortium de cinq entreprises françaises qui ont conçu un modèle unique de pile à hydrogène. Son originalité résidant dans le fait que le gaz n’est pas apporté par hélicoptère sur place, mais bel et bien généré par électrolyse de l’eau. Totalement autonome, le système, géré à distance par transmission satellite, a rendu le refuge du col du Palet autosuffisant en électricité propre.
« Depuis l’installation en 2015, confirme Nicolas Vernon, on n’a plus eu besoin de mettre en route le groupe électrogène. » Equipé de 47 couchages, le refuge réalise quelque 2 100 nuitées en été, sur 2 400 au total. 90 % de son chiffre d’affaires ( de 150 000 euros environ) est réalisé sur la période estivale. D’où l’intérêt de pouvoir stocker l’énergie produite en hiver par les panneaux solaires. C’est ce que permet la nouvelle technologie.
Un coût prohibitif
« Les randonneurs doivent cependant rester conscients qu’en venant dans un site comme celui-ci, ils ne pourront jamais avoir le même niveau de service qu’en vallée, même si tous ces investissements tendent à nous professionnaliser« , poursuit le gardien qui, en haute saison, emploie quatre salariés. L’année dernière, le parc a refait la toiture du bâtiment, a construit des toilettes sèches pour économiser l’eau et a installé 30 % de panneaux solaires supplémentaires. Des investissements qui s’ajoutent aux 200 000 euros dépensés pour la pile à hydrogène.
Un coût encore prohibitif pour que le parc, précurseur en la matière, équipe la totalité de ses 16 refuges d’un système comparable. Tous ne sont d’ailleurs pas confrontés à la même problématique.
Chaque année, le parc investit entre 400 000 et 500 000 euros dans ces maisons d’altitude. Plusieurs gros chantiers sont d’ailleurs en cours. Le refuge de Prarion bénéficie en ce moment, et jusqu’à la fin de l’été 2019, d’une réhabilitation complète pour un montant de 1,8 million d’euros. Celui de la Valette vient tout juste de s’offrir une toiture neuve et une extension accueillant lavabos et toilettes sèches (400 000 euros environ). Au Plan du lac, la ligne 20 000 volts va être démantelée par Enedis en 2019 et en contrepartie, le parc rendra le refuge autonome en énergie via un mix énergétique (400 000 euros).
Le Club alpin français est lui aussi très intéressé par le prototype du col du Palet. La majorité de ses 137 refuges étant également en site isolé et confrontés à la question de l’énergie. Didier Lolom, délégué aux refuges au comité de Savoie des Caf, confirme : « Nous avons deux défis à relever : l’eau et l’énergie, mais nous n’avons pas deux refuges identiques et c’est ce qui pose problème« . Aujourd’hui, le Caf 73, qui gère 18 refuges, maximalise l’utilisation des panneaux photovoltaïques. « Cette technologie à hydrogène est très intéressante, mais trop coûteuse pour le moment« , conclut-il.
Pour en savoir plus sur la technologie mise en place, rendez-vous dans les pages d’Eco Savoie Mont-Blanc du 5 octobre.
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