A quelques exceptions, la Chambre d’agriculture de l’Ain dresse un tableau des ventes assez noir pour les différentes filières, alors que la production bat son plein.
Adieu veau, vache, cochon, couvée ! Les difficultés se multiplient pour l’ensemble des filières agricoles de l’Ain, selon la Chambre d’agriculture. « La perte importante de volumes de vente liée à la fermeture des restaurants et des marchés, l’arrêt des approvisionnements hors domicile, la baisse de la fréquentation des commerces, mais aussi la perte de certains marchés d’export, sans compter la concurrence internationale, mettent en danger des filières toutes entières, alerte-t-elle. Celles-ci sont également confrontées à des problèmes logistiques avec une certaines désorganisations d’approvisionnement des grandes surfaces et autres réseaux de distribution, ainsi qu’à un manque de main d’œuvre disponible. La pression sur les prix d’achat et les négociations commerciales restent inexplicables dans le contexte actuel. » Et la Chambre de dresser l’inventaire, filière par filière.
Pour les vins du Bugey, les ventes sont quasi nulles. Et cette situation risque de se poursuivre jusqu’à la réouverture des restaurants, impactant lourdement la trésorerie des viticulteurs.
Dans la filière piscicole, le stock de poissons ne trouve pas davantage preneur.
Les ventes de bleu de Gex, de comté, de morbier et de fromages en général ont chuté de 20 à 50 %. Aussi, les agriculteurs se voient demander en retour, de baisser leur production de lait, avec à la clé, un moindre chiffre d’affaires pour leurs exploitations.
Dans l’aviculture, pintades, canards, canettes, poulets et pigeons enregistrent une baisse des ventes jusqu’à 80% pour la Volaille de Bresse. « Les produits locaux ne sont que très peu mis en rayon en grande surface. Des stocks de produits sont congelés. La situation économique est difficile pour tous les opérateurs de l’amont à l’aval, ce qui laisse craindre des conséquences à long terme plus dramatiques », s’inquiète la Chambre d’agriculture.
Côté viandes, malgré le ralentissement des abattages, la consommation de viande bovine reste dynamique. En revanche, le veau, l’agneau et le chevreau ne sont que peu mis en rayon. Et la pression sur les prix reste toujours aussi forte sur les producteurs. La situation apparaît encore plus dégradée pour la filière cunicole : les abattoirs ne reçoivent plus aucune commande de lapin de la part de la GMS.
La filière équine est dans une situation économique particulièrement difficile, dans la mesure où les centres équestres ne peuvent plus accueillir de public, confinement oblige.
L’horticulture n’a pratiquement plus réalisé de vente sur les trois dernières semaines. La commercialisation des plants et semences autorisée le 2 avril, la filière devrait retrouver un peu d’air.
Face à cette situation la Chambre d’agriculture de l’Ain, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs lancent un appel aux élus, maires, consommateurs et, surtout, aux grandes et moyennes surfaces afin que soit privilégiée la consommation des produits agricoles locaux.
Les exceptions
Inquiet ces dernières semaines (lire notre article du 31 mars), le maraîchage ne rencontre finalement pas de difficulté notoire à écouler ses produits, que ce soit en vente directe ou en filière longue. Les problèmes de main d’œuvre génèrent en revanche une augmentation du prix des légumes.
Par ailleurs, le contexte génère une forte demande pour les produits fermiers et les circuits courts, ce qui conduit de nombreux agriculteurs à innover pour répondre à cette attente, par la vente à la ferme, des livraisons, la mise en place de drives ou de commandes… La Chambre d’agriculture a agi de son côté pour favoriser la mise en relation avec les consommateurs, par exemple avec le groupe Produits fermiers de l’Ain sur Facebook ou avec la publication en ligne, d’une carte interactive de géolocalisation.
Par Sébastien Jacquart
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