La préfecture de Haute-Savoie indique que la commission d’enquête vient de rendre un avis favorable à la demande de déclaration d’utilité publique (DUP) pour le projet de liaison autoroutière Machilly-Thonon de désenclavement du Chablais. Mais cet avis est assorti de recommandations. Et il faut encore que le ministre signe la DUP. Sans parler des recours possibles.
La commission d’enquête vient de rendre un avis favorable aux demandes de déclaration d’utilité publique pour le projet de liaison autoroutière Machilly-Thonon (16,5 km en 2×2 voies) de désenclavement du Chablais.
L’avis est également favorable pour les autres points portés à enquête publique unique du 4 juin au 13 juillet :
– classement de la voie dans la catégorie des autoroutes
– suppression des passages à niveau n°65 et n°66 sur la commune de Perrignier
– mise en compatibilité des documents d’urbanisme des communes concernées
Durant l’enquête « 10 304 observations (sur registres papier et par voie dématérialisée), montrant de façon très majoritaire le souhait des habitants et de tous les acteurs économiques d’améliorer la circulation dans le Chablais » ont été recueillies indique la préfecture de Haute-Savoie dans un communiqué.
« Les maîtres d’ouvrage [NDLR : Etat et SNCF Réseau] ainsi que le Département, partenaire de l’État sur le projet de liaison autoroutière, se félicitent de cette avancée majeure du projet », poursuit l’administration.
Recommandations environnementales et agricoles
Toutefois, « des recommandations sont notamment formulées par la commission pour l’élaboration du cahier des charges de l’appel d’offres de concession, les études détaillées en vue des demandes d’autorisation environnementale et la phase de travaux, ainsi que pour minimiser les impacts agricoles. »
L’administration précise en outre que « le rapport de la commission et les recommandations formulées sur chacune des deux opérations seront prochainement rendus publics sur le site internet www.haute-savoie.gouv.fr ».
L’Acpat furieuse, Oui au désenclavement ironique
Sans attendre d’avoir le document complet à disposition, l’Association de concertation et de proposition pour l’aménagement et les transports (Acpat), figure de proue des opposants au projet depuis sa première mouture dans les années 1980, accuse le coup : « Ainsi ce sont exprimés les enquêteurs, malgré l’arrivée prochaine du Léman Express, malgré des calculs de trafics biaisés, effectués alors que la ligne de chemin de fer était interrompue entre Annemasse et Genève, malgré ses impacts économiques purement négatifs pour la collectivité obligée de financer les déficits à venir. Mais, surtout, malgré des impacts environnementaux énormes. »
Mais l’association ne baisse pas les bras et assure que « si le ministre [NDLR : a priori celui des Transports, donc Elisabeth Borne, à moins que ce ne soit in fine le grand ministre de tutelle, celui de la Transition énergétique, François de Rugy] signait quand même en faveur de l’autoroute, l’ACPAT et ses partenaires n’en resteraient pas là et déposeraient les recours nécessaires pour ne jamais laisser aboutir ce projet d’un autre âge. »
A l’autre bout du prisme, Jean-Christophe Bernaz, incarnation emblématique de l’association Oui au désenclavement au Chablais (il en est co-fondateur et en fut longtemps président) se réjouit à sa manière des conclusions de la commission d’enquête : avec une ironie mordante. L’élu chablaisien (il est conseiller municipal d’opposition à Publier), qui, lui, a visiblement eu le document sous les yeux, fait en effet remarquer que le rapport est signé du 27 septembre… 2017 ! « Comme la DUP doit être signée dans l’année du rapport, celle-ci devrait nous parvenir d’ici la fin de semaine », rigole-t-il en conclusion.
A lire aussi :
Désenclavement du Chablais : ça part mal pour l’utilité publique
Désenclavement du Chablais : l’enquête publique devrait bien débarquer le 6 juin
0 commentaires