La police financière italienne souhaite obtenir des informations sur les pratiques commerciales des banques helvétiques opérant dans la péninsule.
Les banques suisses, encore sous le choc de l’amende record infligée par la France à UBS, sont aujourd’hui dans le collimateur de l’Italie. La Guardia di Finanza a envoyé une lettre aux prêteurs suisses afin d’obtenir la liste de toutes leurs unités italiennes, avec le nom des chargés de clientèle locaux, ainsi qu’une explication sur la façon dont les actifs des clients italiens sont gérés. Cette démarche intervient alors que le tribunal correctionnel de Paris vient de condamner UBS à payer 3,7 milliards d’euros pour des faits de démarchage et de blanchiment aggravé de fraude sur des clients français. La requête de la Guardia di Finanza, qui exige une réponse dans les vingt jours suivant l’envoi du questionnaire, suscite l’inquiétude des établissements bancaires suisses.
« L’absence de réponse pourrait peut-être être considérée comme un indice d’infraction, conduisant à l’ouverture d’une procédure fiscale, voire pénale », a déclaré Paolo Bernasconi, ancien procureur tessinois, à l’agence Bloomberg. L’Association suisse des banquiers a indiqué avoir donné des conseils à ses membres, en coopération avec les autorités suisses, sur la manière de réagir. En 2017, les autorités italiennes ont récupéré environ 20 milliards d’euros grâce à la répression de l’évasion fiscale, soit une augmentation de 5,6 % par rapport à l’année précédente, en partie grâce à une amnistie fiscale offerte par le gouvernement pour encourager les citoyens à rapatrier leur argent caché à l’étranger.
Une campagne de répression de l’évasion fiscale
Pourtant, selon le quotidien suisse Tages-Anzeiger, cette opération n’aurait pas pour but principal de récupérer l’éventuel argent non déclaré des Italiens en Suisse. Rome serait intéressée par les relations des banques avec les clients. Grâce aux amnisties fiscales, le gouvernement a en effet pu recueillir de nombreuses informations sur les transactions des banques suisses. Un avis que partage Paolo Bernasconi : il s’agit selon lui d’assurer que les banques suisses paient les impôts italiens, mais aussi que les données recueillies puissent être transmises aux procureurs.
Par Romain Fournier
0 commentaires