Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’accueil réservé au nouveau président d’Autoroute et tunnel du Mont-Blanc (ATMB) est réservé.
Ce proche d’Emmanuel Macron (il a été successivement porte-parole du gouvernement, ministre en charge des Relations avec le Parlement, ministre de l’Intérieur, et président du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale) vient en effet d’être nommé à la suite de Thierry Repentin… qui avait en fait quitté son poste en mai dernier, à la fin de son mandat. Six mois d’attente, donc, qui s’expliquent notamment par la parenthèse des élections présidentielles et des législatives… qui ont d’ailleurs vu Christophe Castaner perdre son mandat dans les Alpes de Haute-Provence.
Dans le communiqué de presse officiel qui annonce la nomination, le nouveau président rend hommage à son prédécesseur et s’inscrit dans sa continuité : le futur de l’autoroute et du tunnel « se dessine sans barrière de péage avec l’arrivée du Free Flow à moyen terme. Son passage prochain au statut d’entreprise à mission rendra encore plus visible son action pour la préservation de son environnement exceptionnel ». « Les ambitions de la société sont connues, dit-il encore : être actrice d’une mobilité responsable au service d’un territoire au moment où nous devons repenser en profondeur les mobilités pour les rendre plus durables, et moins carbonées ».
Ces références appuyées à l’environnement ne convainquent pas les écologisties. L’association haut-savoyarde Inspire fustige « un politique déchu recasé au tunnel du Mont Blanc » et demande rien moins que la suppression d’un poste « sans réelle utilité mais à grands frais pour l’Etat » (150 000 euros par an plus divers avantages en 2017).
Le groupe écologiste du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes regrette également ce « parachutage » et suggère au nouveau président de « s’attaquer en priorité à la baisse du trafic routier » sur les axes alpins, en favorisant le transfert modal en utilisant le Fonds pour le développement d’une politique intermodale des transports dans le massif alpin (FDPITMA), qui depuis sa création a essentiellement permis, accusent les écologistes, de transférer les bénéfices de l’ATMB vers la Société Française du tunnel routier du Fréjus (SFTRF, qui devrait être présidé également par Christophe Castaner). On ne sait si le nouveau président obtempérera, mais il trouvera en tout cas sur son bureau, et sur le haut de la pile, un autre dossier : celui de la concession de l’autoroute du Chablais…
Une chose est sûre : l’ancien ministre de l’Intérieur a du travail pour s’imposer. Sera-t-il conseillé par Thierry Repentin ? Ce dernier, nommé entre les deux tours de l’élection présidentielle par un François Hollande en bout de course, avait également été reçu plus que froidement en 2017. Mais ce premier président savoyard d’ATMB a ensuite su faire taire les critiques en faisant avancer plusieurs gros dossiers.
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