Crise : vers un retour anticipé à la normale

par | 01 octobre 2020

Patrick Croissandeau, directeur de la Banque de France dans l’Ain, a fait le point sur les dernières prévisions, plus favorables en septembre qu’en juin.

 « Par rapport aux différents scénarios envisagés, nos pré­visions de septembre compa­rées à celles de juin se rapprochent du plus favorable et s’éloignent du plus sévère », a conclu Patrick Croissandeau, directeur de la Banque de France dans l’Ain, au terme d’une conférence-débat sur la situation économique en Auvergne Rhône-Alpes en cette rentrée 2020, vendredi 25 septembre. Ces scé­narios sont tous fondés sur la même hypothèse, dite du « graphique en aile d’oiseau » : après l’effondrement du confinement (32 % de baisse du PIB fin mars tout de même, avec un « double choc sur l’offre et la demande »), une reprise d’abord rapide de l’activité, puis plus progressive, jusqu’au retour au niveau antérieur. Toute la question porte sur la rapidité du phénomène. Le scénario optimiste imagine une sortie de crise dès la fin 2020, le plus pessimiste pas avant 2025.

Or, les prévisions de septembre tablent sur une baisse du PIB de 8,7 % en 2020, puis une croissance de 7,4 % en 2021 et de 3 % en 2022, contre -10,3, puis +6,9 et +3,9 pour les prévisions de juin. « Nous partons du prin­cipe qu’il n’y aura pas de nouvelles restrictions sanitaires fortes et que les entreprises continue­ront à s’adapter à la situation », décrypte Patrick Croissandeau. Ainsi, le niveau de la fin 2019 serait retrouvé dès le début 2022. Sur le marché du travail, on assisterait de même à une détérioration importante fin 2020, avec 800 000 postes perdus sur un an, avant qu’il en soit recréé 700 000 en 2021 et 2022. « Les entreprises ont lar­gement fait appel au chômage partiel, de sorte que les ajustements de person­nel sont restés contenus. Mais l’on devrait assister à une accélération des suppressions de postes, notamment quand il faudra rembourser les prêts garantis par l’État. Des PGE accordés à 80 % à des TPE qui, de par leur taille, sont peut-être plus fragiles », estime le directeur aindinois.

Une hétérogénéité des secteurs

Les prévisions de la Banque de France se fondent, entre autres indicateurs, sur l’opinion des chefs d’en­treprise qu’elle sonde mensuellement. Or, au mois d’août, ceux-ci étaient 51 % à envisager un retour à la normale de leur activité dès la fin 2020 et 17 % dès 2021 (9 % pour 2022 et au-delà, 0,3 % jamais). Ils sont tout de même 23 % à ne pas se pronon­cer. « Le signe d’une forte incertitude et d’une importante hétérogénéité selon les secteurs », analyse Patrick Croissandeau. Illustration de cette hétérogénéité, la part des dirigeants qui ne se prononcent pas s’élève seulement à 12 % dans le bâtiment, contre 22 % dans l’industrie et 30 % dans les services. En Auvergne Rhône-Alpes, la tendance est sensiblement la même.

Des incertitudes encore fortes

L’enquête d’août montre par ailleurs une augmentation de 3 points du taux d’utilisation des capacités de produc­tion à 75 % au national et 77 % au régional, avec des disparités selon les secteurs (73 pour la plasturgie, 70 pour la métallurgie, par exemple). La chimie et l’agroalimentaire sont proches de leurs niveaux d’avant crise, tandis que la catégorie ‘‘autres transports’’ reste déprimée. Dans les services, l’héberge­ment a connu en août une nette reprise de l’activité, plus forte qu’attendue. Mais, la prudence reste de rigueur pour les professionnels du secteur, sur leurs prévisions de septembre. Dans le bâti­ment, l’activité du gros oeuvre affiche un insolent 105 % par rapport à la normale, celle du second oeuvre 98 %. « Peut-être un phénomène de rattrapage des chantiers qui n’ont pas été réalisés au printemps », s’interroge Patrick Croissandeau qui retrouve globalement dans ces statistiques, cette idée d’une reprise « en aile d’oiseau ».


Les banques ont joué le jeu

Début juillet, quelque 13 milliards d’euros de Prêts garantis par État avaient été accordés à l’échelon national (815 millions dans l’Ain). La Banque de France, via la médiation du crédit, a relevé un faible taux de refus, 2,7 % en France, autour de 2 % dans l’Ain.


Par Sébastien Jacquart

Une Eco de l'AinCet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 1er octobre 2020. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi nos suppléments et hors-séries, c’est ICI et ICI.

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