De 56 000 m², une fois démoli, l’ancien site de Socara, Parc de Chesnes, verra la construction d’un nouveau de 85 000 m², plus énergétique et moins dévoreur d’espace.
Les pinces des deux énormes dinosaures- bulldozers commencent à se mouvoir pour former à une dizaine de mètres du sol une sorte de ballet majestueux que le public de professionnels trié sur le volet contemple médusé. Il est presque midi et la société organisatrice Segro (lire ci-contre) a bien fait les choses en donnant à cette “Demolition Party”, comme il est précisé sur le carton, des airs solennels. Mais au fur et à mesure que les engins déchiquètent la charpente métallique de l’ancien site de Socara (entrepôts Leclerc) dans le Parc d’activités de Chesnes, à Saint-Quentin-Fallavier, la laine de verre que le vent fait s’envoler et brûler les pupilles des spectateurs rappelle qu’en 1979, date de sa construction, on bâtissait sans trop se soucier, ni de la place que l’on s’accaparait ni de la protection de la planète.
Non seulement Chesnes était encore bien loin d’être aussi rempli qu’aujourd’hui, mais la défense de la Planète n’en était qu’à ses balbutiements, et défendue, seulement, par quelques pionniers, certes, de renom, comme Christian Zuber et son émission Caméra au poing, ou, BB, et ses bébés phoques. Bref, quarante ans plus tard, les problèmes se sont sacrément liés et ceux qui, comme Segro, démolissent un lieu industriel de 56 000 m2 pour en reconstruire un autre de 85 000 m2 au même endroit, reçoivent la bénédiction de tous.
Mieux intégrer Chesnes
Le premier à ne pas rester insensible à cette affaire est Michel Baconnier, Maire de Saint-Quentin-Fallavier. « D’habitude, dit-il, les élus que nous sommes sont là pour poser la première pierre. Aujourd’hui, il s’agit de l’enlever ! C’est une page qui se tourne ! ». À la tête d’une commune de 6 000 âmes, qui accueillent, chaque jour, le double en employés, il apprécie de voir qu’une société « relève le défi de redessiner un espace dernière génération avec une économie de place et un bilan énergétique meilleur… ». Michel Bacconnier, comme tous les autres maires qui gèrent des communes où s’étend le Parc d’activités, ont à présent en tête de tout faire pour développer l’emploi, certes, mais tout en préservant du mieux possible l’environnement. La zone de Chesnes où se succèdent un à un les bâtiments industriels manque parfois d’âmes, il est vrai…
1000 emplois bientôt en place
À Satolas-et-Bonce, où l’Etat aimerait que l’on libère encore 180 ha de terres agricoles pour les reclasser en zone industrielle, « il n’y aura d’extension que si elle est correctement intégrée sur le plan environnemental », nous avait confié son maire, Damien Michallet, qui a déjà cédé, en son temps, 300 ha au Parc de Chesnes.
Continuer à développer l’économie tout en préservant et même améliorant la qualité environnementale, la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère (CAPI) fait déjà tout pour marcher sur ces deux jambes. « Les grands espaces deviennent rares ! Il faut parfois savoir démolir pour mieux reconstruire sur une surface moindre, tout en économisant l’énergie, concède Raymond Feyssaguet, Vice-Président délégué au Développement économique. La CAPI demeurera à l’écoute ! Elle renforce sa capacité à être proche des entreprises ! 1000 emplois seront bientôt en place ici ! Les élus ne peuvent rester insensibles à ça ! », assuret- il.
« Le nouveau site sera emblématique du Parc de Chesnes, on ne consommera pas, pour rebâtir, de terre agricole.., et on recréera le plus possible d’habitat et biodiversité », promet, pour sa part, Julien Meynadier, Responsable Développement SEGRO France. Celui qui dirige l’opération “SEGRO Logistics Park Saint- Quentin-Fallavier” n’est pas le moins insensible à tout cela. Il y a des coïncidences qui ne trompent pas ! Non seulement les lieux, même prêts à démolir, datent de 1979, année de sa naissance, mais il vient de lancer le “Demolition Party” le jour même de son anniversaire. Bon, il y a bien ces anglicismes dont on se passerait bien, surtout au moment où le Brexit en fait voir de toutes les couleurs, mais le groupe Segro qui fêtera l’an prochain son centenaire est côté à la Bourse de Londres. Alors, « I beg your pardon » et « Happy Birthday, sir ! ».
Sur mesure et correspondant aux attentes
Situé au coeur du parc d’activités de Chesnes, première zone logistique de France, à 35 km de Lyon, de noeuds autoroutiers et à 15 km de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, l’ancien site industriel de Socara (exentrepôts Leclerc qui ont déménagé à Villette-d’Anthon) de 20 hectares laissera bientôt la place à un programme de distribution urbaine et logistique d’environ 85 000 m². Il fallait repartir de zéro ! Les bâtiments, trop anciens, n’étaient plus adaptés aux besoins d’une entreprise d’aujourd’hui. Pire, ils n’étaient même plus aux normes de sécurité, tout court…
Classe A
« LE FRUIT D’UNE COLLABORATION ENTRE SEGRO ET LES ÉLUS LOCAUX POUR MENER À BIEN LA RECONVERSION DE CETTE FRICHE INDUSTRIELLE. »
En outre, la commercialisation du site a déjà commencé et le démarrage des travaux est prévu au cours du second semestre 2020. Pour ce faire, ce sont d’abord près de 56 000 m² qui devront être démolis d’ici à septembre 2019. Comme pour chacun de ses nouveaux sites, SEGRO a vocation à « concevoir et développer des plateformes logistiques de classe A, selon les derniers standards architecturaux et techniques, garantissant ainsi un impact réduit sur l’environnement ».
En étroite collaboration
« Dans une région caractérisée par la rareté du foncier, l’acquisition et le futur développement de ce nouveau site sont le fruit d’une collaboration entre SEGRO et les élus locaux pour mener à bien la reconversion de cette friche industrielle », assure Julien Meynadier, Responsable Développement SEGRO France. Pour cette foncière immobilière européenne spécialisée en France dans la logistique, il s’agit ni plus ni moins que de la 6e opération de requalification de Sur mesure et correspondant aux attentes sites industriels sur les 24 derniers mois. « Sur ce futur site SEGRO Logistics Park Saint-Quentin-Fallavier, nous sommes heureux de démontrer notre capacité à proposer à nos clients utilisateurs des solutions sur mesure correspondant également aux attentes locales en matière de redynamisation des territoires », explique le responsable France.
Par Éliséo Mucciante
0 commentaires