Dérèglement climatique : le lac Léman sous haute surveillance

par | 25 octobre 2023

Le lac de Genève fournit 90 % des besoins en eau potable du canton et reste un milieu fragile à surveiller. En 50 ans, la température a crû de 2 degrés avec des impacts sur la faune et la flore… et sur la sécurité hydrique des populations…

L’eau du lac n’est plus suffisamment brassée : selon les derniers relevés scientifiques de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (Cipel) le mélange, a eu lieu jusqu’à 130 mètres de profondeur lors de l’hiver 2021-2022. Depuis dix ans, le lac n’a pas bénéficié d’un brassage complet pour atteindre les zones les plus profondes avec pour conséquences un réchauffement du fond du Léman et une teneur en oxygène faible.

La température moyenne de la couche jusqu’à 10 mètres de profondeur était en 2023 globalement plus élevée que sur la période 1991-2020, selon les derniers relevés de la Cipel datant du printemps dernier. Les eaux de l’hypolimnion profond à partir de 250 mètres jusqu’à 310 mètres, là où le lac est le plus profond, continuent à se réchauffer (6,3 °C en mai 2023) et manquent toujours d’oxygène.

Si la concentration de microalgues en suspension est plus faible en eaux de surface que sur les trente dernières années, les phytoplanctons sont plus nombreux au-delà jusqu’à 30 mètres de profondeur.

Asphyxie

Les algues se développent à la surface du lac à la belle saison et meurent en automne, pour se déposer au fond. C’est leur décomposition qui entraîne une consommation d’oxygène, proportionnelle à leur quantité. Depuis plus de dix ans, le fond s’est donc appauvri pour former une zone pauvre en oxygène, ce qui entraîne le transfert du phosphore contenu dans les sédiments vers les eaux du fond du lac.

En cas de brassage complet lors d’un hiver plus rigoureux, le phosphore, provenant pour l’essentiel des eaux usées domestiques, serait remobilisé en surface et favoriserait la prolifération des algues, avec des conséquences pour la baignade et surtout pour l’alimentation en eau potable, fournissant 900 000 personnes. Des efforts pour l’assainissement doivent être poursuivis.

Mesures et contrôle

La Cipel, organisme francosuisse, a engagé depuis 2021 son quatrième plan d’action avec des objectifs fixés à 2030 pour préserver la santé du lac qui même si elle s’est améliorée demeure encore fragile, en organisant des campagnes de mesures régulières pour informer et sensibiliser la population et les collectivités.

Invasion de la moule Quagga

Découverte pour la première fois en 2015 dans le Léman, cette moule originaire de la mer Noire a été introduite par l’homme par le biais de la navigation. Elle se propage rapidement : des densités allant jusqu’à 15 000 individus par mètre carré ont été observées dans le Léman. Chaque moule peut filtrer jusqu’à deux litres d’eau par jour, perturbant ainsi le fonctionnement global des éco- systèmes lacustres.

Infographies


Sandra Molloy


Cet article est issu de notre magazine La Frontière en chiffres 2024, disponible au format liseuse en ligne ou papier.

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