Digitalisation des banques : un + pour les entreprises… mais un défi pour la sécurité

par | 19 septembre 2025

Si elle améliore globalement l’expérience des clients, la numérisation des services bancaires n’est pas sans risque en matière de sécurité. Tour horizon dans nos
territoires exposés, comme les autres, à la cybermalveillance.

La digitalisation des services est un mouvement de fond, profond et continu. « Il y a eu une véritable accélération au moment du covid », note François Larochette de Roeck, qui est à la fois président du Comité local des banques des deux Savoie et directeur du marché des entreprises du Crédit agricole des Savoie (CADS). « La digitalisation est un bien nécessaire, et ce n’est pas nouveau. Ce qui change, c’est que les outils se perfectionnent, l’ergonomie s’améliore, les coûts de traitement sont réduits… », renchérit Karl Rallis, directeur “centre expertise offres et solutions de la Caisse d’épargne Rhône-Alpes (Céra).

« Les entreprises, des PME aux ETI, ont pleinement intégré le virage numérique… Les clients 100 % papier n’existent plus, tout simplement parce que les virements papier ne sont plus acceptés », souligne Mehdi Ameziane, directeur de territoire Arc alpin (38,73 et 74) de la Banque des entreprises à La Banque postale.

« La digitalisation gagne du terrain car elle permet gain de temps, réactivité et proactivité », assurent également Sylvain Douzou, animateur des marchés “entreprises et institutionnels” pour la région Savoie, Haute-Savoie et Ain, et Florent Dhoye, spécialiste “flux et paiements” chez SG Laydernier, en prenant l’exemple de la signature électronique : « Depuis 2023, une vingtaine de cas d’usage sont couverts juridiquement », soulignent-ils, pointant également que « 80 à 90 % de (leurs) crédits sont signés électroniquement ».

Daniel Karyotis, directeur général de la Banque populaire Auvergne-Rhône-Alpes (BP Aura), note pour sa part que la banque investit dans la digitalisation depuis vingt ans, avec une nette accélération post-covid. « Aujourd’hui, les clients peuvent souscrire des produits ou signer des contrats de prêt directement via l’application interne », dit-il.

« Un principe à retenir : personne n’est l’abri d’une attaque. »

Grâce à l’IA, les cybercriminels redoublent d’ingéniosité pour subtiliser les données bancaires.

« Simplifier la gestion »

Les différentes banques de nos territoires proposent toutes des services numériques qui répondent bien aux besoins des entreprises. Lesquelles en redemandent ! En plus des avantages précités (gain de temps, autonomie…), la digitalisation répond aussi à des problématiques comme l’unification des systèmes comptables : « Nos clients ont souvent plusieurs banques. L’enjeu, c’est de simplifier la gestion », note ainsi Hugo Kleinpeter, à la tête de l’agence BECM (Banque européenne du Crédit mutuel) d’Annecy, qui couvre les deux Savoie. Il met en avant « un outil efficace qui centralise les flux et les comptes multi-établissements ».

Une solution maison puisque le groupe Crédit mutuel Alliance fédérale (Crédit mutuel, CIC, BECM) développe ses propres outils via sa filiale technologique Euro-Information. Par ailleurs, les outils de dématérialisation permettent déjà, pour certains, d’anticiper les obligations légales en matière de facturation électronique. Pour rappel, au 1er septembre 2026, toutes les entreprises doivent être capables de réceptionner et de traiter les factures électroniques, quelle que soit leur taille, et dès cette date, les grandes entreprises et les ETI seront tenues d’en émettre. Pour les petites et moyennes entreprises et les microentreprises, l’obligation d’émission est fixée au 1er septembre 2027.

Des outils pour faire face aux risques accrus

Ce mouvement n’est cependant pas sans contrepartie. La digitalisation ouvre des failles en matière de sécurité. « Des risques différents mais pas forcément plus élevés », nuancent cependant la plupart des banquiers. Daniel Karyotis (BP Aura) rappelle ainsi : « Recevoir ses relevés papier ou son chéquier à domicile comporte aussi des risques. Celui de se les faire voler ! Qu’il soit digital ou physique, le zéro risque n’existe pas. » Pour autant, les tentatives de fraudes sont en hausse, avec des fraudeurs qui redoublent d’inventitivité, bien aidés, en outre, par le développement de l’intelligence artificielle.

« Comme la chaîne de sécurité s’est considérablement renforcée côté banque, les fraudeurs se concentrent sur le maillon perçu comme le plus faible : le client », relève Mehdi Ameziane (La Banque Postale). Un cas typique ? Un fournisseur appelle l’entreprise pour annoncer un changement de RIB. « C’est aujourd’hui un risque majeur. Nous recommandons aux entreprises de procéder à plusieurs vérifications, de mettre en place des droits restreints pour les modifications de RIB et de contrôler systématiquement l’authenticité des coordonnées », insistent les différents banquiers.

Parmi les solutions existantes : la possibilité de distinguer deux rôles lorsqu’on ajoute un nouvel Iban : la personne qui le saisit et celle qui le valide. « On peut prévoir aussi ce double regard sur les validations de virements, et également limiter les opérations par pays. Et il est possible aussi de paramétrer des alertes. En gros, dès que ça sort de ses habitudes, le client est alerté », détaille entre autres Karl Rallis (Céra).

Face à la hausse des fraudes par ingénierie sociale (faux président, faux salarié, faux fournisseur…), qui englobent les techniques de manipulation pour inciter des collaborateurs de l’entreprise à partager des informations confidentielles, les banques proposent toutes des outils de contrôle afin de vérifier les coordonnées des bénéficiaires (et la cohérence des données) ainsi que des systèmes de double validation.

Le binôme d’enquêteurs spécialisés de la gendarmerie de la Haute-Savoie rappelle : « En cas de soupçon, il faut préserver les preuves et alerter immédiatement la banque et la gendarmerie ou la police. »

Sécuriser l’e-commerce

Quant à l’e-commerce, et plus généralement aux paiements en ligne, autre volet important de la numérisation, là encore, la lutte contre la fraude et le risque d’impayés est cruciale. Et, là aussi, des solutions techniques fondées sur des systèmes d’authentification forte réduisent le danger. Par ailleurs, la plupart des banques déploient des offres structurées autour de partenaires spécialisés (ou alors en interne).

Celles-ci vont de la prévention (sensibilisation des collaborateurs, simulation de fraudes avec des tests d’hameçonnage, diagnostic complet de cybersécurité) jusqu’à la gestion de la sinistralité, avec des assurances appropriées. « Nous essayons tous d’anticiper les attaques et, quand elles surviennent, d’en limiter l’impact », résume Florent Dhoye (SG Laydernier), qui souligne qu’en cas de fraude, « la coopération avec les forces de l’ordre est essentielle, car seule une action rapide peut permettre de récupérer des fonds ».

L’humain demeure la vraie valeur ajoutée

Dans cette bataille pour la sécurité, « les banquiers ne lâchent rien ! À chaque fois que les fraudeurs arrivent à leurs fins, il faut que ce soit plus difficile pour eux le coup d’après », insiste François Larochette de Roeck (Comité local des banques et CADS). Dans l’ensemble, les clients sont demandeurs des services numérisés, observent nos différents banquiers, même si l’enjeu est de ne pas perdre le si précieux lien humain. Car tous sont unanimes : la digitalisation ne vient pas remplacer l’humain, qui demeure la vraie valeur ajoutée de la relation du banquier avec son client.

Et en dépit des risques, le niveau de confiance des clients dans les outils numériques reste élevé, car les fraudes sont minoritaires par rapport à l’immensité des flux traités, insistent tous les banquiers. Quant à la sécurité, au-delà des outils techniques aussi performants soient-ils, « la connaissance fine du client, de son activité, la proximité et l’intérêt qu’on lui porte demeurent de très bons remparts contre les fraudeurs », expliquent-ils comme un seul homme.

Retrouvez l’intégralité de notre dossier dans votre magazine ECO du 19 septembre 2025. >>


Nadia Lemaire

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