L’association savoyarde de Saint-Pierre d’Albigny va inaugurer, le 6 juin, l’agrandissement de sa recyclerie.
Depuis le mois d’avril, la recyclerie de Fibr’Ethik dispose d’un magasin beaucoup plus grand à Saint-Pierre d’Albigny. De 250 m2, il est passé à 370 m2 et devrait atteindre les 400 m2 en 2025. Plus accueillant, il permet de mieux mettre en valeur les objets glanés par l’association et d’en exposer davantage… pour en vendre plus. C’est du moins le souhait de l’association Fibr’Ethik, spécialisée dans l’insertion de personnes éloignées de l’emploi.
Née en 2010 de la volonté d’élus et d’habitants, Fibr’Ethik porte un atelier chantier d’insertion. Elle accueille 55 personnes (dont 12 permanents) qui restent en moyenne un an dans ses murs avant de retourner vers l’emploi ou vers une formation. Une douzaine d’entre elles oeuvrent au sein de l’atelier espaces verts-maçonnerie (Terre de valeur), une douzaine dans celui de couture (Fibr’Ethik) et une douzaine dans la recyclerie.
Cette dernière, qui a ouvert ses portes en juin 2021, a traité 60 tonnes d’objets de seconde main la première année, 130 tonnes en 2022 et 140 tonnes en 2023. En 2022, 38 % du tonnage a pu être revendu. Une proportion qui est passée à 41 % en 2023. « Nous nous sommes améliorés », se félicite le dirigeant de Fibr’Ethik, Olivier Viry. « Notre souhait étant de parvenir à 50 % de ventes en magasin. Les ateliers de réparation vont nous y aider. »
Une nouvelle activité : la réparation d’électro-ménager
Car l’agrandissement de la recyclerie vise également à créer une nouvelle activité pour le public aidé : la réparation de l’électroménager et des meubles. Des ateliers dédiés sont en cours d’aménagement dans l’ancien magasin et devraient être totalement opérationnels en 2025. « Cette activité s’ajoutera à celles déjà présentes à la recyclerie, à savoir : la collecte, le tri, et celles rattachées au magasin. »
Derrière ces aspects sociaux se dessine aussi la volonté d’assurer la solidité financière de la structure, dont les comptes étaient négatifs en 2021 et 2022. Sachant toutefois que, de par son statut, elle ne peut pas dépasser, en chiffre d’affaires, 50 % de son budget. « En 2023, nous avons réalisé 460 000 euros de CA pour un budget de 1,2 million d’euros. Nous étions en dessous de nos objectifs en espaces verts-maçonnerie, mais un peu au-dessus pour la couture et la recyclerie. »
Dans ce contexte, cette extension (1 M€ financé par la communauté de communes Coeur de Savoie, propriétaire des bâtiments) arrive à point nommé. D’autant que les publics accueillis sont de plus en plus éloignés de l’emploi, avec une forte proportion de jeunes n’ayant jamais travaillé (25 %). « Ce qui explique pourquoi, en 2023, nous n’avons eu que 51 % de sorties vers des CDI ou des CDD. Il faut plus de temps pour les réinsérer », conclut le directeur.
Appel aux entreprises et aux viticulteurs
Fibr’Ethik porte, depuis deux ans, un projet de pôle d’économie circulaire (Peccs) qu’elle souhaite mener avec les entreprises du territoire. Quatre d’entre elles participent déjà à la démarche, mais l’objectif est d’en fédérer vingt d’ici 2025. Il s’agit de développer l’économie industrielle territoriale pour que les déchets d’entreprises deviennent les ressources d’autres.
Exemple : les cartons ou palettes qui ne servent plus à l’une peuvent être utilisés par une autre. Fibr’Ethik pilote le projet, en lien avec la communauté de communes et Solucir. Ce Peccs comporte aussi un volet dédié à la viticulture, pour le réemploi des bouteilles en verre.
L’idée est de rassembler un maximum de vignerons et de démarrer un réseau d’utilisateurs, en partenariat avec Alpes Consigne. Le système pourrait être opérationnel fin 2025, avec une vingtaine de viticulteurs espérés, voire davantage.
Sylvie Bollard
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