Édito | Black-out

par | 08 décembre 2022

On ne se demande pas si nous aurons de la neige à Noël mais si nous aurons de l’électricité en janvier. Triste époque ! La question aura en tout cas occupé ces derniers jours, avec la visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis, l’essentiel de l’actualité.

Nos gouvernants nous préparent à des délestages, des coupures de jus de deux heures, en début ou en fin de journée, sur différents territoires, dans le cas où un pic de consommation viendrait dépasser nos capacités de production. Et pour nous faire avaler la pilule, le spectre d’un black-out est brandi.

J’ai profité d’une conférence de presse bilan du grand carénage de la centrale nucléaire du Bugey, jeudi 1er décembre (à lire dans une prochaine édition d’Eco de l’Ain), pour satisfaire ma curiosité technique concernant ce sujet, auprès de Pierre Boyer, le directeur du site. C’est assez simple : le volume d’électricité produit est en permanence ajusté aux prévisions de consommation car nos appareils fonctionnent à une fréquence de 50 hertz. Si la production est supérieure à la consommation, la fréquence augmente, dans le cas contraire, elle baisse.

Le risque, dans l’un et l’autre cas, est que de nombreuses installations se mettent en sécurité, disjonctent, générant une baisse soudaine de la demande, donc une hausse brutale de la fréquence, donc de nouveaux arrêts de sécurité… Tout le système électrique s’effondre. C’est le black out.

Aussi, dans l’hypothèse où notre système de production se trouverait dans l’incapacité de faire face aux niveaux de consommation attendus, les délestages viendraient effacer le pic et nous permettraient d’éviter d’en arriver à cet extrême. Car en cas de black-out, il faudrait sans doute plusieurs jours pour remettre le réseau sur pied.

Pour l’anecdote, le précédent de décembre 1978, régulièrement évoqué ces derniers jours, s’est produit à cause d’une défaillance d’une ligne à très haute tension entre France et Allemagne, qui a entraîné des surcharges sur d’autres lignes, qui ont disjoncté à leur tour. C’était une journée froide où, justement, nous importions massivement de l’électricité d’Outre-Rhin. La panne, qui avait concerné les trois quarts du pays, avait duré une demi-journée.

Mais, je ne veux effrayer personne, le Gouvernement s’en charge. Une stratégie de communication en apparence assez efficace, d’ailleurs.

La consommation électrique des Français a baissé de 6 %. Davantage grâce aux entreprises qu’aux particuliers, mais tout de même. Reste à déterminer quelle part est imputable à la douceur du climat de cet automne, quelle part est liée à la crainte de voir flamber sa facture d’énergie et quelle part tient au souci d’éviter des coupures.

Moins que leur communication, nos dirigeants se voient surtout reprocher leur manque de stratégie autre. En particulier, certains voudraient voir planifier des moyens de production pour que ces menaces de délestage ne soient pas le lot de tous nos hivers, pour les 20 prochaines années. Certes, le Président a annoncé vouloir créer trois paires de réacteurs nucléaires de type EPR2. Mais, pour 2050.


Sébastien Jacquart
Image à la une : photo de la couverture du roman Black Out de Marc Elsberg (Le Livre de Poche)


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