Nous venons d’apprendre – mais ce n’est pas une surprise – que l’année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France, la 2e plus chaude en Europe (après 2020) et la 5e plus chaude au niveau mondial (derrière quatre années récentes : 2014, 2015, 2018 et 2021).
Et pourtant, les deux actualités environnementales internationales de la semaine sont l’extension d’une mine de charbon et la nomination d’un patron pétrolier à la tête de la Cop.
À Lützerath, près de Cologne, en Allemagne, un important déploiement policier vient d’être organisé pour déloger des centaines de “zadistes” venus occuper les lieux pour empêcher l’extension de la mine de charbon à ciel ouvert qui a déjà englouti plusieurs villages voisins. Celui de Lützerath est inhabité depuis des mois. Son dernier occupant, un agriculteur, a fini par être exproprié, lui aussi, mais des militants l’ont donc repeuplé, à leur manière : ils sont, entre autres, perchés dans les arbres. Le gouvernement régional, qui pilote l’évacuation, avance en terrain… miné.
La tentative de démantèlement d’une “zone à défendre” (Zad) du même type (mais dans une autre région), destinée à protéger une forêt de l’avancée d’une autre mine, avait provoqué, il y a cinq ans, la mort accidentelle d’un vidéaste, suite à une chute d’un arbre. L’intervention policière avait ensuite été jugée illégale et tout le projet, à son tour, était tombé. Les militants ont un objectif clair : tenir les lieux jusqu’à fin février. Car « Outre- Rhin, il est interdit de couper des arbres du 1er mars au 31 octobre », décrypte Reporterre.net. En résistant six semaines, les militants seraient ainsi “tranquilles” pour les huit mois suivants.
Soit presque jusqu’à la Cop 28, qui s’ouvrira fin novembre à Dubaï sous la présidence de Sultan Al Jaber, ministre de l’Industrie et… PDG de la compagnie nationale pétrolière des Émirats arabes unis (EAU ; dont fait partie Dubaï) ! C’est la première fois qu’un patron de l’industrie pétrolière (et plus généralement un dirigeant d’entreprise) est nommé à un tel poste. Cette nomination est un peu dure à avaler pour les protecteurs de l’environnement.
Certes, les EAU se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050 en sortant progressivement des énergies fossiles. Mais tout est dans le « progressivement » : en 2021, le ministre-PDG préconisait encore d’« investir 600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande énergétique mondiale ». Et encore : c’était avant la guerre en Ukraine et la crise sur le gaz…
À l’heure où j’écris ces lignes, ni le Président de la République ni le Gouvernement n’ont commenté cette nomination. Ils ne se sont pas non plus exprimés sur la Zad de Lüzerath. Sans doute sont-ils trop occupés, entre la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage, à lutter contre le réchauffement du climat… social.
Et davantage tournés vers le déminage que vers la mine. N’empêche : face à la gronde qui s’annonce, à des syndicats unis et une gauche politique qui ont fait de la retraite à 62 ans une zone à défendre, ils vont bien, eux aussi, devoir aller au charbon.
Éric Renevier
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