Côté info, le doublé gagnant de l’été, c’est la canicule et la sécheresse (dans l’ordre que vous voulez). Mais, finalement, quoi de neuf de ce côté ?
Si on enlève la petite trêve de début juillet, on en parle depuis juin, même lorsqu’il semble que l’on parle d’autre chose. Les incendies de forêt qui se multiplient, même dans nos Alpes auparavant gorgées d’eau. Partout, nos vertes montagnes se maquillent en jaune et rouge. Les refuges du Goûter et de Tête Rousse fermés pendant deux semaines (la mairie de Saint-Gervais vient d’annoncer leur réouverture pour le 20 août). Un Mont-Blanc de moins en moins blanc. Des touristes qui, même en pays de Savoie, même en moyenne montagne, listent les occupations où l’on peut espérer un peu de fraîcheur entre 11 h et 17 h. Des sports d’eau vive interdits faute… d’eau vive. Des communes privées d’eau, dans les Bauges savoyardes et ailleurs, approvisionnées par camions-citernes. Des pelouses transformées en moquette, rase et jaune. Des cours d’eau que l’on ne repère plus qu’à leur lit.
Et bien sûr, une profession agricole aux abois. Les prix des fruits et des légumes qui commencent à gentiment augmenter. Demain les céréales, et ce ne sera pas uniquement la faute de l’Ukraine. Les alpages qui vont se vider avant l’heure. Et les quelques orages qui se sont succédé cette semaine n’ont semble-t-il mis fin ni à la sécheresse, ni aux chaleurs, les météorologistes annonçant une fin d’été avec des températures nettement plus élevées que des « normales saisonnières »… qui semblent de plus en plus exceptionnelles.
Selon Météo-France, « la sécheresse des sols superficiels est la plus sévère jamais enregistrée » et les records de température sont presque partout battus. Mais pourquoi en parler ? Sans doute parce que l’actualité tourne au ralenti. Parce que sinon, canicule et sécheresse sont des non-événements : on était prévenu, depuis longtemps. Cela fait plusieurs décennies que la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme.
Ce que prévoyait le Giec est en train d’arriver (ce qui n’empêche pas certains lobbyistes de mettre en doute ces prévisions, mais avec quelle crédibilité ?), et la plupart des responsables de la ressource en eau ou de l’agriculture anticipent une transformation massive des régimes des cours d’eau, des modes de production, de nos modes de vie.
Les agriculteurs – mais également Marina Ferrari – réclament maintenant des retenues collinaires, mais plus pour le ski : tout simplement pour l’alimentation humaine et celle du bétail… Non, vraiment : les normales saisonnières ne sont plus ce qu’elles étaient. On espère que tout le monde a maintenant compris qu’il faut agir vigoureusement, et sur le long terme, pour éviter qu’elles ne s’envolent trop haut.
Philippe Claret
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