L'édito de Myriam Denis : "Accords… ou désaccords"

par | 30 novembre 2017

Cher·e·s lecteurs·rices… Non, désolée, je n’y parviendrai pas. Je sens que je vais (encore) passer pour une ayatollah de la langue française.

Myriam Denis

Soyons sérieux (ses) ! Vous savez, je considère que ce débat passionné (et passionnant) autour de l’écriture inclusive et de la place du féminin dans notre langue rejoint, finalement, la problématique de l’interdiction des emplois familiaux qui touche les parlementaires. Pourquoi ? Parce que dans les deux cas de figure, on veut se donner bonne conscience, via une moralisation certaine, mais également relativement déconnectée des usages. Franchement, vous vous voyez lire un texte parsemé de points médians, disséminés un peu partout ? Je n’ose imaginer comment se déroulerait l’apprentissage de la langue dans les écoles… Où déjà, il faut bien le reconnaître, la maîtrise de l’orthographe relève de la douce illusion. De toute façon on nous prévient : demain, nous nous exprimerons tous via une « novlangue », un dialecte composé d’un savant mélange d’anglicismes et de français non conjugué… On sera timé car on aura des call à longueur de temps. Remarquez, la question du genre dans notre verbiage ne se posera peut-être plus, à l’image des Anglo-Saxons qui regardent avec gourmandise les frenchies essayer de rétablir un peu d’équité dans une langue qualifiée par certains d’antiféministe. On n’est peut-être pas si loin du #BalanceTaGrammaireSexiste… Parce que finalement, il y a les « pour », et les « contre », celles et ceux – ce·lles·ux (ce n’est pas joli…) – qui vont résumer notre grammaire à un ramassis de machisme et seront qualifiés de progressistes et les autres, comme l’Académie française, qui appréhendent l’écriture inclusive comme un « péril mortel » pour notre langue, les réacs, en somme, dans l’imaginaire collectif. Et entre les deux ? Le Premier ministre Édouard Philippe a interdit l’écriture inclusive dans les textes officiels mais le Gouvernement, comme l’Académie, opteraient bien pour une féminisation des métiers et des titres. Soit, quelle riche idée.

« Aujourd’hui, on n’est peut-être pas si loin du #BalanceTaGrammaireSexiste… »

Personnellement, je trouverai cela plutôt juste et normal. Mais – car avec moi, il y a souvent des mais – croyez-vous franchement que c’est ce changement qui va enclencher davantage de prise en compte et de respect de la place du féminin ? C’est peut-être un début. Un amorçage. C’est là que je reprends mon fil d’Ariane et les emplois familiaux de nos parlementaires. Exit conjoint·e·s et enfants (je n’ose pas mettre de e, mais vous aurez compris que l’intention y est). Le député travaille avec son épouse depuis 20 ans ? Pas grave, il la vire. La députée emploie son fils formé et compétent ? On s’en fiche, il débarrasse le plancher, le fils de député. Pas de ça chez nous. Car il faut absolument faire oublier les stigmates de l’affaire Fillon et des emplois présumés fictifs, ça ne fait pas bon chic bon genre dans notre politique actuelle. Sur le principe, une idée louable. Mais dans la pratique ? Faisons un parallèle si vous le voulez bien : combien compte-t-on aujourd’hui en France d’entreprises familiales ? Des couples de boulangers, des commerçants, des TPE et PME créées par une génération puis transmises au fil du temps avec les valeurs qui l’accompagnent ? Combien de personnes sans être patron·ne·s, n’auraient pas connu leur ascension professionnelle sans une personne de confiance : leur conjoint ? Sans l’appui de leurs proches ? Là encore, la moralisation de la vie publique tient son rôle. On aurait aussi pu passer par l’instauration d’un service de ressources humaines dont le travail est justement de s’assurer des compétences des personnes employées. Ça aurait peut-être fait moins de bruit. Dans le premier exemple comme dans le second, on prend peut-être le problème à l’envers. Si notre société devient moins sexiste, la langue et son usage peuvent évoluer. Et si les Français pouvaient avoir confiance dans leurs politiques, ils pourraient bien bosser avec Pierre, Paul ou Jacques, ça ne choquerait personne, car de toute façon ils tâcheraient d’être exemplaires. Mais là, je l’admets, je verse dans l’utopie.

Myriam Denis

Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr

 La fin des emplois familiaux chez les députés, par Faro

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