« Un match avec des risques considérables », induisant « un dispositif de sécurité exceptionnel », voilà comment a été décrite, ces derniers jours, la fameuse rencontre footballistique entre l’OM et l’Atletico Madrid, équipes accueillies au stade de l’Olympique Lyonnais, le 16 mai dernier.
Pour la rencontre entre l’OM et l’Atletico, pas moins de 1 250 policiers, gendarmes, CRS ont été mobilisés (soit deux fois plus que pour l’Euro 2016), auxquels s’ajoutent les polices municipales de Lyon, de Décines, un hélicoptère et deux canons à eau. Dans l’enceinte, quelque 1 100 stadiers ont également été réquisitionnés. Des barrières et des zones tampons ont même été installées pour que les supporters ne se croisent pas. Vive l’Europe !
Évidemment, un tel déploiement de force me paraît tout simplement incroyable, alors que dans le même temps, quelques centaines de jeunes agités empêchaient plus de 20 000 étudiants de l’Université Lyon 2 de passer leurs partiels de fin d’année. Est-ce la traduction de politiques publiques adeptes de l’adage « deux poids, deux mesures » ? Ou tout simplement, nos étudiants souffriraient-ils d’un déficit d’image, face au football, sport ô combien emblématique déchaînant visiblement les passions ? Bien sûr, il était nécessaire de s’assurer que le match se déroule sans la moindre anicroche (et que les jeunes fassent entendre leurs voix). Quoiqu’à mon avis, les supporters fauteurs de troubles ne soient pas uniquement animés par l’esprit sportif. Comment se fait-il qu’un tel déploiement des forces de l’ordre soit nécessaire pour une rencontre sportive ? Et combien cela va-t-il coûter aux contribuables que nous sommes ?
« La facture induite par la grève de la SNCF ne cesse de s’alourdir. Mais le rail n’a pas le monopole des mouvements sociaux. »
D’ailleurs, en parlant de coûts… La facture induite par la grève de la SNCF ne cesse de s’alourdir. Mais le rail n’a pas le monopole des mouvements sociaux et, mardi 22 mai, l’ensemble de la fonction publique était appelé à descendre dans la rue pour défendre ses droits, ses acquis et ses privilèges. Les fonctions publiques d’État, territoriale et hospitalière tentent ainsi de faire entendre uniformément leurs revendications, face à un rapport d’experts qui doit remettre d’ici la mi-juin ses préconisations pour dégager des économies dans la dépense publique. Il est vrai que certains avantages des fonctionnaires ont largement été sabrés, avec la ré-instauration du jour de carence ou le gel du point d’indice servant au calcul de leur rémunération. Au final, le véritable avantage du statut de fonctionnaire reste de bénéficier d’un poste inamovible et sacré, où les détenteurs du précieux sésame sont indéboulonnables – mais garantissent également une certaine continuité du service public (quand ils ne sont pas en grève). Cela correspond-il encore aujourd’hui à la réalité économique française ? Et, finalement, est-ce que l’on compte véritablement trop de fonctionnaires en France ? Je ne suis même pas sûre que ce soit en ce sens que la question doit être tournée. Selon l’Insee, on compte davantage de fonctionnaires aujourd’hui, avec un nombre d’emplois publics rapporté à la population générale passé de 7,1 en 1980 à 8,5 en 2014. C’est plus qu’en Allemagne, bien moins qu’en Norvège. En revanche, et eu égard à l’augmentation de la population, les chiffres démontrent que les secteurs de la santé ou de l’éducation ne sont pas si bien lotis. Alors, pourquoi ne pas renforcer la complémentarité entre le public et le privé ? Non, il ne s’agit pas d’une grossièreté ! Peut-être faudrait-il, quand c’est nécessaire, avoir recours à la sous-traitance, ou encore envisager la justice sociale via le prisme d’une harmonisation des régimes. Mais sommes-nous prêts ? Il va pourtant bien falloir faire preuve de créativité si l’on veut rénover et moderniser des modèles qui le nécessitent.
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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