Ils furent cinq escadrons, soit 500 gendarmes mobiles environ. Jeudi 22 février, à 6 h 15 du matin, à l’orée du bois Lejuc, sur la commune de Bure, dans la Meuse, ils étaient venus en nombre pour déloger quelque… 20 écolos. Pour certains, réfugiés dans les arbres, et protestant contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs prévu sur la zone.
Et oui, cette fois le Gouvernement a décidé de jouer les gros bras et de montrer que non, sûrement pas, il ne flancherait pas… une nouvelle fois. Après l’affaire de la ZAD (comprenez, zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes et son échec cuisant pour l’État, l’aveu de faiblesse ne devait pas se reproduire. « Je ne veux plus voir ce genre de ZAD en France », avait alors prévenu notre Président Emmanuel Macron. « Nous ne voulons plus qu’il y ait en France des lieux qui soient des lieux de non-droit », a quant à lui déclaré Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, avant d’ajouter : « Il faut bien qu’un jour, la loi soit respectée ». Oui, effectivement ça peut être bien, dans un État de droit, que la loi puisse être appliquée.
Enfin, ces occupants auront eu moins de chance que ceux de Notre-Dame-des-Landes. Car non seulement le projet d’aéroport a été abandonné, mais le Gouvernement leur a laissé jusqu’au printemps pour « partir d’eux-mêmes ». Si ce n’est pas gentil ça… Que l’on soit favorable ou non à ces grands projets, la question de la forme me laisse perplexe. Et d’autres feux sont en gestation, disséminés un peu partout sur le territoire : une dizaine de projets de grandes infrastructures seraient étroitement surveillés.
« On apprend que quantité d’OGM interdits sont retrouvés dans l’alimentation de vaches, porcs et saumons. Nous prendrait-on pour des jambons ? »
Mais il faut les comprendre, ces gens qui manifestent. Pas une semaine ne se passe sans qu’on nous annonce des pollutions, des pesticides (trop) répandus jusque dans nos endives, à l’heure où le Gouvernement incite à manger des fruits et des légumes… Certains, forcément, imaginent qu’on leur raconte des salades. C’est peut-être d’ailleurs ce que ressentent les agriculteurs actuellement. Ils se sont réunis un peu partout en France avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, et un millier de jeunes professionnels a été reçu par Emmanuel Macron en prélude à cet exercice annuel. Celui-ci a tenu à rassurer : non, pas de bœuf aux hormones ni de concurrence déloyale au menu des prochaines négociations internationales. En même temps, on apprenait que quantité d’OGM interdits étaient retrouvés dans l’alimentation de vaches, porcs et saumons. Nous prendrait-on pour des jambons ? La présidente du syndicat agricole FNSEA, Christiane Lambert, s’alarmait le 23 février, du potentiel accord de libre-échange entre l’Amérique du Sud et l’UE. Le risque ? Un accord dévastateur pour les exploitations françaises, et un risque sanitaire pour la viande qui serait importée, eu égard à la faible traçabilité des produits. Mais notre président a balayé d’un revers de main ses craintes (viande 30 % moins onéreuse qu’en France, car potentiellement nourrie avec des farines animales interdites sur le sol national et autres accélérateurs de croissance). Économiquement parlant, ce partenariat serait vraisemblablement intéressant. Mieux, il semble que notre pays en profiterait largement, selon le vice-président de la Commission européenne, notamment en apportant de nouvelles opportunités à notre industrie, qui en aurait bien besoin. Mais à quel prix ? Celui de l’hypocrisie, peut-être. Une ZAD peut parfois, en cacher une autre…
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
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