Aujourd’hui, jeudi 7 décembre, mon fils a trois ans.
Trois ans ! Pour moi, encore un bébé, pour lui, déjà un grand. Haut comme trois pommes (polyphosphatées et couvertes de pesticides), pianotant régulièrement sur mon téléphone portable (dès qu’il peut l’attraper au fond de mon sac) et élève en première année de maternelle où il apprend le « graphisme » (écrire son prénom). Et oui que voulez-vous, je parle de mes enfants, en tant que femme et en plus, sans le moindre complexe. (Je dis mes, car j’ai aussi le bonheur d’avoir une adorable petite fille de cinq ans. Mais son anniversaire est en août, donc pas d’édito à cette date.) En fait et vous l’aurez compris, en tant que mère, femme et professionnelle des médias (dans l’ordre, ou pas), je prends ce point de départ pour évoquer d’autres sujets : je m’interroge sur la société que mes petits connaîtront. Pas fan du concept du « c’était mieux avant », je me questionne sur ce qui fera « l’après ».
« Avant », ma fille aurait connu les discriminations diverses et variées liées à sa condition féminine. Elle n’aurait jamais pu espérer accéder un jour à de hautes fonctions, limitée par le plafond de verre. « Avant », mon fils aurait probablement dû se comporter à l’âge adulte en macho paternaliste (ce que j’espère, mon fils, tu ne feras pas). « Avant », je n’aurais certainement pas pu exercer ce métier qui me passionne avec deux petits. Mais tout ça, c’était avant… N’est-ce pas ? J’anticipe, vous croyez ? Peut-être…
Suivez-moi, imaginons « l’après ». Dans quinze jours, c’est Noël, on a bien le droit de rêver un peu. Oui, même dans une publication économique. Des étoiles plein les yeux, j’imagine un « après » sans discrimination d’aucune sorte, des gens qui iraient travailler le sourire aux lèvres avec leur chien (on a dit, pas de discrimination), une valeur travail remise au goût du jour et des dirigeants politiques en qui on pourrait avoir toute confiance (soyons d’accord, cela relève du domaine onirique).
« Je m’interroge sur la société que mes petits connaîtront. Pas fan du concept du “c’était mieux avant”, je me questionne sur ce qui fera “l’après”. »
Le mot « patron » ne serait plus grossier, aimer son job dans un pays qui recommence à créer de l’emploi serait normal, il n’y aurait plus autant de chômeurs face à des entreprises qui peinent encore et toujours à recruter. On ne parlerait plus de secteurs d’activité insuffisamment sexy ou de secteurs géographiques peu attractifs. Ni de démographie médicale en berne, de médecins qui partent en Suisse ou cèdent à l’appel des grandes villes au détriment du reste de la France. Et, fantasme quand tu nous tiens, la SNCF respecterait ses engagements horaires et ce modèle ne stagnerait plus, en panne récurrente. On ne serait plus intoxiqués par des écrans dans notre quotidien, les Facebook and cie ne chercheraient pas par tous les moyens à venir polluer nos enfants dès leur plus jeune âge via des messengers for kids. On ne verserait pas dans un égocentrisme sans nom au profit d’un consumérisme certain et d’une fuite en avant toujours plus consommatrice de chair fraîche. Nos dirigeant·e·s seraient véritablement préoccupé·e·s par le bien commun plutôt que par leurs intérêts personnels. Macron se ferait même apprécier des maires auxquels, à grand renfort de « je vous ai compris », il vient encore de sucrer quelques subsides. D’ailleurs, heureusement que je n’ai plus besoin de crèche, les places vont en effet devenir chères, bercées par des dépenses publiques toujours plus vacillantes. Et puis, au niveau international, « l’après » ne peut s’imaginer uniquement à la condition que ce cher M. Trump n’ait pas fait sauter la moitié de la planète, dans ses velléités guerrières contre – notamment – la Corée du Nord. Imaginer « l’après », c’est peut-être un jeu d’enfant. Reste maintenant à le – ou se – réaliser.
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
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