Un édito sur les fêtes de fin d’année ? Non. Ce n’est pas cela que signifie le titre que j’ai choisi. Mais peut-être est-ce une référence au fait que l’on nous prend, un peu, pour des cloches ?
Et encore, il s’agit là d’une litote… Allez, cher Monsieur Macron, vous connaissez l’adage de Beaumarchais : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Pour les éloges, on verra dans quelque temps, lorsque vous aurez fait vos preuves (ou pas). Wait and see ! En attendant, vous qui abhorrez les médias et critiquez l’audiovisuel public, vous nous avez offert un grand moment de communication lors de votre « interview », votre promenade au palais de l’Élysée, avec le fantoche Laurent Delahousse, le 17 décembre (émission enregistrée le 12). Si je me plais à régulièrement m’intéresser – avec quelques piques, je le reconnais – à la chose publique, cet entretien me laisse pantoise. On dirait un mélange pas toujours très bien dosé et presque parodique d’Un jour, un destin et de Secrets d’histoire. Avec, en scène, un jeune président parlant de lui à la troisième personne et faisant l’éloge de sa propre action politique. Vous avez raison, Monsieur Macron : on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Mais franchement, cet exercice vous a-t-il véritablement servi, vous qui affectionnez davantage les réseaux sociaux, voire les médias internationaux pour vous exprimer ? Vous avez compris qu’il vous fallait utiliser le petit écran pour faire passer vos messages au plus grand nombre. Et avez réalisé une magnifique pirouette ! Friand de communication et frileux devant une véritable interview, vous avez préféré opter pour cet entretien convenu, sans piquant, sans saveur, fade et sans surprise. Un exercice novateur, certes, avec vos déambulations aux côtés de votre serviteur. Qui promène qui ? Il est vrai que l’on peut comprendre Delahousse : devant vous, président-monarque, qui critiquez son gagne-pain, de quelle marge de manœuvre disposait-il véritablement ? Dans cette conversation policée, ne manquait plus que le thé. La question sous-jacente à ces quarante minutes en marche (arrière ?) relève de la crédibilité que l’on veut apporter à de telles émissions.
« Friand de communication et frileux devant une véritable interview, Emmanuel Macron a préféré opter pour cet entretien convenu, sans piquant, sans saveur, fade et sans surprise. »
Vous affectionnez le contrôle, c’est une évidence. En très bon communicant, vous êtes exigeant et ne laissez rien au hasard. Vous allez jusqu’à recevoir, avant leur nomination, les futurs directeurs d’administration centrale, une pratique inédite sous la Ve République… sans la présence des ministres concernés. La communication se trouve être le prisme de votre politique : sans sa parfaite maîtrise, vous n’arriveriez pas à « faire passer la pilule » comme vous le faites depuis sept mois : auprès des élus locaux, des partenaires sociaux, de vos propres députés, ceux de l’opposition et même, des citoyens. Des millionnaires dans votre gouvernement ? Normal, rassurant. Même Nicolas Hulot, avec ses 7,2 millions d’euros de déclarés, ses six voitures, son bateau, sa moto et son… scooter électrique ? Et bien oui, depuis le temps qu’il se consacre à la cause écolo, il a bien le droit de s’éclater en privé. Concernant le tiers de vos députés qui se sentent « frustrés », « inutiles », et mal rétribués ? Des privés, pour la plupart, qui se heurtent aux codes du Palais Bourbon et à l’exercice d’une mission publique.
Un qui maîtrise parfaitement tout cela, c’est le nouveau président des Républicains, Laurent Wauquiez. Il pourrait prêter à sourire avec sa doudoune rouge, en mode : « je suis sur le terrain, je suis là, regardez-moi », dans une sorte de narcissisme exacerbé. Sa clause Molière, imposant le français sur les chantiers pour, affirme-t-il, lutter contre le travail détaché, vient d’être retoquée. Qu’importe ! Il ne souffre pas l’échec. C’est illégal, tant pis ! Il dépose un recours. En marche, toute !
Myriam Denis
Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr
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