L'édito de Myriam Denis : "Mi-figue, mi-raisin"

par | 07 juin 2018

Comme bien souvent, il est difficile de parvenir au parfait et juste équilibre de la balance, qui ne pencherait trop facilement ni du côté de l’ultra-industrie et des lobbies, ni des fanatiques du bio à tout prix et partout.


Pourtant, le projet de loi agriculture et alimentation, tel qu’il vient d’être voté en première lecture par l’Assemblée nationale, n’oscille pas vraiment en direction des consommateurs. Aussi, à mon tour de mettre mon grain de sel dans cette affaire, nourrie de bien des points de vue divergents. Exit, nombre de (belles) promesses de campagne et notamment, ses mesures phares, comme l’interdiction du glyphosate, pourtant réclamée par une opinion publique qui pèse de plus en plus en sa défaveur. On peut considérer que ce texte, élégamment intitulé « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous », est donc peu ou prou scindé en deux grandes parties : l’une, plutôt économique, a voulu tendre vers un meilleur équilibre entre les agriculteurs et la grande distribution. La FNSEA, premier syndicat des agriculteurs, s’est montrée globalement satisfaite, tandis que la Confédération paysanne estime que peu de mesures ne vont véritablement contraindre la grande distrib’ à redistribuer ses marges équitablement.

« Le projet de loi agriculture et alimentation, tel qu’il vient d’être voté en première lecture par l’Assemblée nationale, n’oscille pas vraiment en direction des consommateurs. »

Quant à la seconde partie du texte de loi, il comportait un volet sanitaire et environnemental. La voix de la société civile a été royalement ignorée par les parlementaires. On évoque ainsi le désormais célèbre glyphosate, herbicide soupçonné d’avoir des effets cancérigènes, dont la suppression aurait dû intervenir d’ici 2021. Rejeté. La castration à vif des porcelets ? Rejetée. Le broyage des poussins mâles ? Rejeté. La vidéosurveillance dans les abattoirs ? Rejetée. L’interdiction de l’élevage en cage de poules pondeuses ? Rejetée. L’étiquetage nutritionnel obligatoire ? Rejeté. On pourrait continuer cette litanie sur toute la page de votre hebdo, et même davantage. Et c’est tout simplement dramatique. Le texte initial était déjà critiqué pour son manque d’ambition, mais que pouvons-nous espérer de ce résultat ? Pourquoi les alarmes nombreuses et répétées des scientifiques n’ont-elles pas été prises en compte ? Pourquoi l’Assemblée n’a-t-elle pas voulu prendre des mesures de bon sens ? À de nombreuses reprises, le rapporteur a réaffirmé sa formule choc : « Nous devons y réfléchir ». Réfléchir, ou attendre ? L’exemple de la castration à vif des porcelets est édifiant : le rapporteur de la commission des finances débute par considérer qu’effectivement, « la pratique est choquante et (…) non justifiable ». Pourtant, l’amendement est rejeté, au motif du choix de ne pas vouloir « légiférer à tout bout de champ sur ces pratiques qui sont condamnables ». Et de rappeler : « Nous avons voté la remise d’un rapport établissant un état des lieux, à l’horizon 2020, de la prise en compte du bien-être animal dans chaque filière ». On a encore le temps de voir venir… Au Sénat, maintenant, de palabrer autour de ce texte. Et de réfléchir… Autour, peut-être, de quelques délicieuses tranches de sauc’.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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