L’édito de Myriam Denis : « Pour quelques dollars de plus »

par | 22 novembre 2018

Lundi 19 novembre à Tokyo, tout juste sorti de son jet privé, Carlos Ghosn, l’emblématique patron du groupe Renault-Nissan-Mitsubishi a été manu militari interpellé par les autorités nippones.

Myriam Denis

L’atterrissage est douloureux pour Carlos Ghosn, soupçonné par le Japon d’avoir omis de déclarer au fisc local à peu près la moitié de ses revenus, entre 2011 et 2015. Sans oublier l’enquête pour « utilisation à des fins personnelles d’actifs de la société », comprenez de maisons disséminées un peu partout dans le monde, notamment à Paris. Le dirigeant, déjà pointé du doigt à de nombreuses reprises pour sa rémunération exponentielle (de l’ordre de 45 000 euros par jour, week-end compris) a du plomb dans l’aile. Et avec lui, c’est l’image de ces grands patrons qui s’écorne encore un peu plus. Il pourrait être débarqué dans les prochains jours de ses fonctions au sein de Nissan et Mitsubishi. Renault devra également statuer… Sans trop traîner, d’autant que l’État français en est le principal actionnaire, avec 15 % des parts. A priori et pour l’heure, le gouvernement, après enquête, ne semble pas avoir trouvé de malversation en France. C’est toujours ça de pris.

Le « cost killer », tel qu’il est surnommé, a réussi à hisser son groupe sur le haut du podium à la force du poignet. Au Japon, il a été vénéré pour son investissement… Qui s’avère peut-être plus personnel qu’on ne pouvait l’imaginer.

« INQUIETS POUR LEUR POSTE, ESSORÉS PAR LES TAXES, NOMBRE DE SALARIÉS DES USINES RENAULT EN FRANCE POURRAIENT ALORS GROSSIR LES RANGS DES GILETS JAUNES. »

L’arrestation du PDG de Renault, président du conseil d’administration de Nissan et de Mitsubishi a évidemment affolé les investisseurs, le cours des actions à la Bourse de Paris était en chute libre en début de semaine. Par ailleurs, plusieurs reportages au sein d’usines françaises montrent des personnels tantôt résignés, tantôt en colère. Inquiets pour leur poste, essorés par les taxes, nombre de salariés pourraient alors grossir les rangs des gilets jaunes. Certains le revendiquent déjà haut et fort.

Pourtant, d’autres voix s’élèvent – certes timorées – pour apporter un peu de contraste dans cette affaire et rappeler que si on lui reproche d’avoir sous-estimé une partie de ses revenus, ils sont pourtant normalement annoncés devant les actionnaires.

Accusé par les uns de trop aimer l’argent et de contraindre ses équipes à des objectifs difficilement atteignables, défendu par d’autres qui argumentent que sur la scène internationale, certains avaient intérêt à le voir tomber, Carlos Ghosn n’en sortira pas indemne. Reste à quantifier les conséquences économiques, notamment en termes d’emplois, de cette affaire.

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

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