Parler des impôts, cela n’a rien de sexy. Y penser me donne la migraine. Non, vraiment, je n’aime pas ça, comme nombre de mes concitoyens. Et pourtant, avec la lubie de Matignon et de Bercy de vouloir compliquer la vie des entreprises, cette volonté farouche et inébranlable de ne surtout PAS leur simplifier la tâche, je m’étais résolue à m’informer sur le prélèvement à la source.
Le couperet est tombé. Le prélèvement à la source entrera bien en vigueur au 1er janvier 2019, comme initialement prévu. Notre Président Emmanuel Macron semblait pourtant bien se demander si finalement… peut-être que… Mesure impopulaire s’il en est, capable de rassembler contre elle le Medef comme Mélenchon, la mise en application du prélèvement à la source n’était plus si certaine. Emmanuel Macron a avancé l’aspect technique des choses et les 352000 erreurs apparues dans le système informatique. Que nenni ! Lui répondit Gérald Darmanin. Le ministre de l’Action et des Comptes Publics tient mordicus à sa réforme, celle qui plus tard, pourrait apparaître dans les pages de l’Histoire aux côtés de son nom. Et oui, il faut bien laisser une empreinte quelque part, si l’on veut progresser, et les ministres le savent bien, eux si friands d’accoler leur patronyme à telle ou telle réforme (plus ou moins heureuse d’ailleurs).
Qu’est-ce qui aurait été le plus frustrant ? Que moult entreprises aient fait l’effort de se mettre à niveau pour accueillir cette nouvelle contrainte, pour rien ? Ou que leurs plaidoyers n’aient pas été entendus ? Car ne nous leurrons pas : trois grands éléments justifiaient les craintes macroniennes et une possible volte-face. Tout d’abord, Jupiter craint une incompréhension du peuple lorsque, le mois échu, arrivera la sacro-sainte fiche de paie et là, ô surprise, les travailleurs et travailleuses vont découvrir leur salaire net amputé de leur impôt. Que leur entreprise doit collecter pour le compte de l’État. En voilà une riche idée ! Voilà qui va fluidifier le dialogue social, et les négociations salariales, et les connaissances en logiciels de paie des entreprises concernées. Après le bulletin de paie clarifié, voici le bulletin de paie amputé ! D’autant plus que les salariés du privé vont découvrir, en janvier prochain, les régimes de retraite Agirc et Arrco fusionnés, dont découlera une hausse des cotisations, pour un modeste coût estimé de 2 milliards d’euros. Dans le même temps, on nous promet (de nouveau…) une défiscalisation des heures sup’. La lisibilité de la politique fiscale de Macron en a pris un coup, c’est certain.
« APRÈS LE BULLETIN DE PAIE CLARIFIÉ, VOICI LE BULLETIN DE PAIE AMPUTÉ ! »
Ensuite, et c’est bien naturel, Macron craint pour la croissance française – il a peut-être des raisons pour cela. N’oublions pas que 40 % des ménages ne sont pas mensualisés, alors forcément, des choix devront être opérés différemment. Sur le long terme, ce phénomène s’absorbe économiquement. Mais sur le temps d’un mandat, ça fait tâche, il faut bien le reconnaître. Enfin, la crainte des bugs pour les contribuables comme pour les entreprises plane au-dessus de cette réforme.
Que cette mesure entre en vigueur ou pas, qu’une troisième voie se dessine ou pas n’y changera rien : cette valse-hésitation qui aura duré des jours restera dans toutes les têtes…
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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