L’intelligence émotionnelle, vous connaissez ? Emmanuel Macron, lui, ne semble pas se préoccuper le moins du monde de ses enjeux.
Si Emmanuel Macron s’était penché sérieusement sur la question de l’intelligence émotionnelle, nul doute que cela lui aurait évité quelques déconvenues dans son équipe ou dans ses relations. Il se serait rendu compte que Nicolas Hulot, selon la roue des couleurs de Jung, était un vrai vert (qui en doute ?), plutôt patient, discret, mais ayant à cœur ses sujets. Pas étonnant qu’il ait quitté le Gouvernement. Il aurait probablement appris que Manuel Valls est un pur rouge, débordant d’énergie et toujours prompt à relever les défis, n’hésitant pas à choisir l’expatriation politique, briguant la mairie de Barcelone. Quant à Gérard Collomb, il est plutôt du côté où le vent l’emmène, considérant son poste de ministre de l’Intérieur comme un CDD de très courte durée. L’esprit déjà dehors, il se porte (pour la énième fois) candidat à la mairie de Lyon, poste qu’il a tout de même occupé de 2001 à 2017. Forcément, s’il recherche du long terme, le mandat d’édile semble mieux correspondre. Et ce qui est singulier, c’est cette façon de l’annoncer 18 mois avant l’échéance, et de fixer lui-même la date de son départ – au lendemain des Européennes de mai 2019. Une désinvolture qui peut laisser pensif : n’est-ce pas au président de la République de nommer les membres de son Gouvernement ? Voilà qui pourrait non seulement fragiliser l’autorité du futur ex-ministre de l’Intérieur, mais également celle (déjà mise à mal) du chef de l’État.
« C’EST DANS CE CONTEXTE PARTICULIER (PASSONS SUR LE CINÉMA QUI A ÉTÉ JOUÉ AUTOUR DU PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE), QUE L’EXÉCUTIF VIENT DE PRÉSENTER SON PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2019… »
C’est dans ce contexte un peu particulier (passons sur le cinéma qui a été joué autour du prélèvement de l’impôt à la source), que l’exécutif vient de présenter en conseil des ministres son projet de loi de finances pour 2019. Un projet intéressant, qui vise à redorer le blason et l’aura quelque peu ternie du chef de l’État. Insistant sur de (belles) promesses de baisses d’impôts pour faire passer la pilule de quelques augmentations de taxes. Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, aux côtés de son collègue Bruno Le Maire, insiste sur les 6 milliards d’euros de baisses d’impôt dont les ménages devraient bénéficier dès l’année prochaine. Oui, enfin si l’on regarde attentivement les chiffres, on s’aperçoit que certaines mesures étaient déjà présentes dans le budget 2018, mais n’avaient pas encore donné tous leurs effets (comme la suppression de la taxe d’habitation). Les chercheurs de l’OFCE avancent un « gain » de l’ordre de 3,5 milliards d’euros. Assorti d’une fiscalité verte en hausse, un joli qualificatif pour vous annoncer que chaque passage à la pompe va vous coûter un bras. Mais au-delà de nos prérogatives propres, la France reste sous l’étroite surveillance de la Commission européenne, qui scrute les efforts de redressement. Heureusement, le Gouvernement table sur une croissance « solide » pour 2019…
Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr
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