L’édito de Myriam Denis : « Robotique »

par | 15 février 2018

L’expression « passer à la caisse » deviendra sans nul doute bientôt surannée. Elle aura ce charme désuet des choses d’antan, ce petit goût doux-amer du passé.

Myriam Denis

Avec une pointe de nostalgie, on se souviendra des files d’attente dans les grands magasins, où l’on pouvait échanger entre êtres humains, où l’on cherchait la « meilleure » file. On ne regrettera peut-être pas cette attente, justement, dans un monde où tout va tellement plus vite, où le culte de l’instantanéité est érigé en modèle. Et puis, ces souvenirs des temps jadis s’effaceront devant l’indétrônable progrès technique et technologique. Les gens vivront le nez collé à leur portable – cordon ombilical, avec pourquoi pas des minis-écrans tatoués sur la peau, tandis qu’autour d’eux s’affaireront des êtres d’un nouveau genre, baptisés robots. Cet univers-là, finalement, en sommes-nous si loin ?

La robotique fait déjà progressivement – mais sûrement – son entrée dans le monde de la grande distrib’. Entre l’annonce du PDG de Carrefour France de la suppression de 2400 postes et l’avènement d’Amazon Go, le dernier-né « intelligent » du géant éponyme à Seatle, la logique tend vers une systématisation de l’innovation technologique.

« Si des compétences purement techniques peuvent être transposées in extenso à des robots, peut-être faudrait-il s’attacher à valoriser ce qui fait l’essence humaine. »

L’emploi de caissier sera clairement, à terme, menacé. On peut très bien ne pas déplorer la disparition potentielle d’emplois physiquement éprouvants et vraisemblablement assez mal rémunérés. Le véritable progrès serait alors de voir ces effectifs dirigés vers des postes plus intéressants, mieux valorisés. Ce qui, pour l’heure, ne semble pas être le cas : les principales missions de plus en plus exercées dans les grands magasins relèvent principalement de la surveillance. Pourtant, de l’humain apporterait toute sa valeur ajoutée dans le conseil, via son expérience qui lui est propre (et non transposable à une machine, pour l’instant).

Cet exemple est loin d’être anecdotique. On peut à loisir imaginer que de nombreux métiers seront amenés à évoluer, voire, peut-être, à tomber dans les limbes de l’oubli. Ce qui semble logique, au regard de l’évolution sociétale que l’on connaît.

Mais avant de laisser des métiers disparaître, il apparaît nécessaire d’adopter une attitude proactive devant ces changements de paradigme voire, d’anticiper ces (r)évolutions pour accompagner les salariés concernés. On sort, alors, de la logique pure de la productivité pour penser au long terme. Cet accompagnement ne pourra finalement se faire que via une réflexion profonde de la formation, initiale et continue. Un immense chantier s’ouvre ainsi devant nous, qui dépasse sans doute largement celui du logiciel d’affectation des étudiants et la réforme du Bac. C’est là qu’un nouvel enjeu se pose : si des compétences purement techniques peuvent être transposées in extenso à des robots, peut-être faudrait-il s’attacher à valoriser ce qui fait l’essence humaine : à savoir les compétences comportementales ou émotionnelles. Notre capital humain, notre imagination, notre créativité, notre éthique pourront trouver leur place dans les programmes de formation. Alors, c’est notre société qui, espérons-le, pourra s’en trouver grandie, et le travail valorisé. In fine, ce sont, pour le secteur de la grande distrib’, les clients qui décideront si oui ou non, ils veulent évoluer dans un univers déshumanisé. Le numérique n’est peut-être pas cet horizon indépassable que l’on se plaît à imaginer. Reste, alors, à innover pour lui trouver une suite.

Myriam Denis

Rédactrice en chef adjointe
m.denis@eco-ain.fr

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