L'édito de Myriam Denis : "Tout un cinéma"

par | 17 mai 2018

Strass et stars, paillettes et glamour, petites culottes dévoilées à la faveur d’un zéphyr résument relativement bien l’ambiance qui flotte allègrement sur le 71e festival de Cannes. Pas de vent de fronde ne souffle, pour l’heure, sur les cérémonies policées et les sourires figés obligatoires.

Myriam Denis
Le festival de Cannes n’est pas le théâtre de la révolution des femmes. On aurait pu s’attendre, quelques mois après l’affaire Weinstein où le célèbre producteur américain fut accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par de nombreuses actrices, à ce que la cause des femmes occupe le devant de la scène. Mais retenue et discrétion (gênée ?) semblent de mise. Elles gravissent pourtant le tapis rouge avec, pour la plupart, une allure folle. Les actrices, égéries et autres icônes font incontestablement rêver et leur image est volontiers utilisée pour servir de nombreux appétits commerciaux. Adulées, primées, c’est ainsi qu’elles apparaissent sous le feu des projecteurs et le crépitement des flashs. La réalité de l’ombre apparaît plus contrastée pour la gent féminine. Depuis la création du festival en 1947, 82 cinéastes femmes ont vu leurs œuvres sélectionnées, pour 1 645 hommes. Côté réalisatrices, il n’y en avait tout simplement pas dans l’édition 2012, on en dénombre trois cette année. Quelle progression substantielle ! Les cinéastes féminines ne croulent pas non plus sous les récompenses : seule Jane Campion, en 1993, s’est vue remettre une palme d’or pour La leçon de piano. Depuis, vide sidéral. J’espère d’ailleurs que les somptueuses tenues frôlant subtilement le tapis rouge de la croisette sont prêtées gracieusement… Car les inégalités salariales et de cachets sont plus indécentes que la robe de la mannequin Petra Nemcova qui dévoilait largement ses dessous, avec 42 % d’écart moyen entre hommes et femmes.
Le 7e art n’est donc pas fondamentalement avant-gardiste sur tous les sujets. Pourtant, quelques initiatives pointent, feutrées. Cate Blanchett préside un jury majoritairement féminin, tandis que la ministre de la Culture Françoise Nyssen annonce la tenue d’assises pour l’égalité entre hommes et femmes dans l’industrie du cinéma, lesquelles aboutiraient sur une charte conditionnant l’octroi d’aides publiques dans ce secteur qui peine à progresser en la matière.

« Les inégalités salariales et de cachets sont plus indécentes que la robe de la mannequin Petra Nemcova, avec 42 % d’écart moyen entre hommes et femmes dans l’industrie du cinéma. »

D’autres font tout un cinéma pour faire entendre haut et fort leur voix et leurs revendications. L’université Lumières Lyon 2 en est le parfait exemple. Quelque 300 étudiants ont bloqué l’établissement, au point que 20 000 jeunes (sur 28 000 inscrits) ne peuvent passer leurs examens de fin d’année. Protestant contre la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants, les « bloqueurs » font ainsi face à la ministre de l’Enseignement, Frédérique Vidal, laquelle promettait que les examens auraient bien lieu, pour éviter que les diplômes perdent de leur valeur. Résultat : des devoirs à la maison et le contrôle continu remplacent les examens sur table. Autre exemple édifiant avec la grève de la SNCF, émaillée d’une cinquantaine d’actes de malveillance et de sabotages, en cette mi-mai. Du jamais vu, estime la direction. En outre, des groupes de manifestants auraient bloqué des voies et même, tenté d’empêcher certains usagers d’entrer en gare.
Comment se résoudre à choisir entre la passivité et l’agressivité ? Quelle attitude donnera les meilleurs résultats, une fois les feux des projecteurs éteints ?

Myriam Denis
Rédactrice en chef
m.denis@eco-ain.fr

La déclaration d'impôts vue par Faro

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