Édito | Stress hydrique : les réseaux tombent à l’eau

par | 27 janvier 2023

Les Nations Unies estiment qu’à horizon 2025, les deux tiers de la population mondiale seront touchés par un phénomène de stress hydrique c’est-à-dire des volumes disponibles inférieurs à la demande. Même si la France ne figure pas parmi les zones les plus arides, les mesures déployées cet été pour faire face à la sécheresse ont rappelé à quel point la ressource en eau est fragile.

Les entreprises du bâtiment et des travaux publics (cet édito est tiré de notre hors-série Panorama économique 2023 du BTP) entendent bien nourrir les réflexions déclenchées par la crise climatique et ses épisodes de sécheresse. Elles font évoluer leurs propres pratiques à travers des dispositifs comme O’Niveau.

Financé par l’agence de l’eau et porté par la Fédération du BTP, le programme incite les peintres à s’équiper de stations de lavage pour les outils plus respectueuses de l’environnement. La construction figure aussi parmi la dizaine de secteurs d’activité ciblés par le programme Arve Pure, mis en place en 2007 pour éviter que des déchets microscopiques (eaux de lavage, hydrocarbures, plastiques…) aillent directement dans le milieu naturel en raison d’installations non conformes.

L’enjeu est aussi de mettre en avant les solutions que les acteurs de la filière peuvent apporter aux maîtres d’ouvrage. Dans une étude dévoilée en octobre 2022, l’Union des industries et entreprises de l’eau (UIE) constate en préambule que les données disponibles se raréfient tandis que l’évolution des méthodes de traitement et de présentation empêche de disposer de séries chronologiques longues et homogènes. Le patrimoine de collecte, transport et stockage des eaux pluviales est par exemple très mal connu, faute d’informations collectées depuis 2017.

Pour autant, l’UIE estime à 4,6 milliards d’euros, le déficit annuel d’investissement pour le patrimoine de l’eau, comprenant la gestion des eaux pluviales et des micropolluants. Les chiffres régionaux publiés par la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes des travaux publics viennent confirmer les retards pris en matière de renouvellement des réseaux d’eau potable et d’assainissement, générant gaspillage de la ressource et remise en cause de la sécurité d’approvisionnement.

L’Union des industries et entreprises de l’eau (UIE) estime à 4,6 milliards d’euros, le déficit annuel d’investissement pour le patrimoine de l’eau.

« À ce rythme, il faudra 170 ans pour renouveler le réseau alors que la durée de vie d’une canalisation varie entre 30 entre 80 ans », calcule-t-elle en espérant un deuxième « Plan de rebond ». Pour soutenir l’activité des entreprises durant la crise sanitaire, les agences de l’eau ont augmenté, en 2020 et 2021, les aides allouées, élargi les territoires et les thématiques concernés. Sur cette période, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) a débloqué 245 millions d’euros supplémentaires sur tout le bassin dont 97 millions sur les 7 départements et demi d’Auvergne-Rhône-Alpes* couverts.

Dans ce cadre, elle a pu financer des chantiers très classiques, sortant de ses critères habituels d’intervention, en lien avec la restauration et la préservation des milieux naturels (rivières, zones humides, nappes phréatiques, biodiversité). Les travaux engagés dans le cadre de ce Plan de rebond se poursuivent mais le budget de l’agence a retrouvé son périmètre avant crise.

Initialement prévu au 1er janvier 2020 puis repoussé jusqu’au 1er janvier 2026, le transfert des compétences eau et assainissement des communes vers les intercommunalités devrait logiquement contribuer à rattraper les retards d’investissement, sous réserve que les budgets et que la capacité à traiter des volumes de travaux conséquents soient suffisants.

*Ain, Haute-Savoie, Savoie, Rhône, Isère, Drôme, Ardèche et une partie de la Loire. Sources : Eau France ; FRTP


Sophie Boutrelle
Photo à la une : Pawel Czerwinski sur Unsplash


Pour aller plus loin sur le sujet :

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez également :

Le Campus de Groisy dans le viseur de la justice

Depuis la mi-juin, le centre de formation installé à Groisy fait l’objet d’une enquête judiciaire pour « détournement de fonds et abus de confiance ». Son président, Arnaud Gobled, a été mis en examen. Le 30 juin, le Campus de Groisy a fait savoir, par...

LIRE LA SUITE

Votre magazine ECO Savoie Mont Blanc du 4 juillet 2025

100% en ligne, feuilletez directement votre magazine ECO Savoie Mont Blanc n°24 du 4 juillet 2025 sur ordinateur, tablette ou smartphone. Réservé aux abonnés. Édition Savoie (73) : Édition Haute-Savoie (74) : Le saviez-vous ?Vous pouvez afficher la publication en...

LIRE LA SUITE

Gaël Allain, conférencier et consultant 
en gestion de la charge mentale. © Carole Muet

Ain : les dirigeants concernés aussi par la santé mentale

Le club de l’Ain “Les entreprises s’engagent” a planché sur le bien-être psychique au travail. Et pas seulement celui des salariés. « La santé mentale du dirigeant est une thématique qui nous tient à cœur », relève Emmanuel Maquet, en charge de l’animation du club...

LIRE LA SUITE

Festival : la Dombes vibre aux sons des cuivres

Rendez-vous mythique du territoire aindinois, Cuivres en Dombes revient pour la 29e fois avec la volonté de valoriser les instruments à vent et le patrimoine dombiste. Promouvoir le territoire de la Dombes aux doux sons des instruments à vent ? C’est le défi que se...

LIRE LA SUITE

Publicité

PUBLIEZ VOTRE ANNONCE LÉGALE EN LIGNE

Devis immédiat 24h/24
Attestation parution par mail
Paiement CB sécurisé

ANNONCES LÉGALES WEB

Consultez les annonces légales publiées sur notre site habilitées par la Préfecture >>

VENTES AUX ENCHÈRES

Consultez nos ventes aux enchères immobilières >>

publicité

abonnement

TESTEZ-NOUS !

10.90€ / mois
Paiement CB sécurisé
Déblocage immédiat
Tous les contenus premium
Résiliable gratuitement à tout moment

publicité

ARTICLES LES + LUS