Les futurs alpagistes disposent désormais de leur propre école, située à 1 650 mètres d’altitude dans le massif des Aravis, en Haute-Savoie.
Le concept existait déjà chez nos voisins suisses et italiens. La France possède désormais sa première école destinée aux alpagistes de demain. L’Alpage École – son nom officiel – de Sulens (Haute-Savoie) a été inauguré au mois de septembre. L’établissement comprend un chalet de 12 lits entièrement rénové – dont les travaux ont nécessité un budget d’1,3 million d’euros – et un foncier de 65 hectares. L’équipement a pour vocation de former des jeunes aux activités pastorales – de l’élevage à la fabrication fromagère –, dans le respect de l’environnement et des ressources disponibles.
Le projet « est né d’un besoin et d’une opportunité »,explique Astrid Long, chargée de mission “espaces naturels” au sein de la communauté de communes des Vallées de Thônes (CCVT). « Il y avait cet alpage inexploité depuis quelques années. Ne voulant pas que cela serve à une activité temporaire type gîte, la communauté de communes, avec l’aide du Département, a acquis l’ensemble de l’exploitation. En parallèle, le lycée agricole de Contamine-sur-Arve ne disposait plus de son alpage à Morzine. »Un partenariat a donc été noué avec le lycée, auquel la CCVT délègue le fonctionnement et l’entretien de l’Alpage École.
L’estive à l’alpage
De mai à septembre, des apprenants provenant de différents établissements sont placés en situation réelle de conduite de troupeau et de transformation fromagère en alpage. Le berger du lycée agricole de Contamine-sur-Arve et le fromager de l’École nationale des industries du lait et des viandes (Enilv) de La Roche-sur-Foron assurent une présence quotidienne et partagent leur savoir-faire.
Cet été, l’établissement a ainsi accueilli une quarantaine de stagiaires du lycée de Contamine-sur-Arve, ainsi qu’une vingtaine d’établissements en visite à la journée provenant de tout le territoire.
Mais l’Alpage École a un autre objectif, celui de devenir « un centre de ressources, d’innovations et d’expérimentations pour le pastoralisme, en termes d’enseignement et de recherche, ainsi que sur les questions d’agroécologie, d’environnement et de forêts », détaille Astrid Long.
« Car, sur les 65 hectares de l’alpage, il y a 16 hectares de landes et 15 hectares de forêts : nous sommes donc amenés à faire appel à des compétences plus transversales. Le but étant de reproduire ce que l’on fait dans d’autres systèmes agricoles. » Pour l’instant, ce nouveau lieu d’apprentissage accueille seulement des vaches, mais n’exclut pas de recevoir également des chèvres d’ici quelques années.
Multiples partenaires
La CCVT a acheté l’alpage de Sulens (près de 520 000 euros) avec l’aide du Département 74, qui a financé 80 % de l’acquisition dans le cadre d’un contrat de territoire “Espaces naturels sensibles”. De son côté, la Région a pris en charge à hauteur d’un million d’euros les travaux de réhabilitation du bâtiment. La CCVT a conclu un bail emphytéotique d’une durée de trente ans pour le chalet avec la Région. Elle a également réalisé des travaux d’optimisation de la ressource en eau (300 000 euros).
En tant qu’établissement support, le lycée agricole de Contamine-sur-Arve valorise l’alpage avec son troupeau de 40 vaches laitières et assure le fonctionnement et l’entretien du site. L’ENILV de La Roche-sur-Foron apporte son expertise en matière de transformation fromagère. La collectivité garde la main sur la coordination globale de l’alpage.
D’autres partenaires apportent également leur soutien : la Société d’économie alpestre 74, la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural 74, la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc et Asters, le conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie.
Alexia Bontron
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