Le Conseil départemental de Savoie s’est penché sur ses performances en matière de développement durable. Majorité et opposition en conviennent, les efforts sont réels. Mais les objectifs ne sont pas atteints.
« Chaque français émet dix tonnes de CO2 par an. Si l’on veut respecter les accords de Paris, il n’en faut que deux ! » En introduisant le rapport 2022 « sur la situation en matière de développement durable » du conseil départemental de Savoie avec ce constat, la vice-présidente en charge du secteur Marie-Claire Barbier soulignait combien l’effort devait être considérable… et urgent !
Une manière de dire que le conseil départemental lui-même fait beaucoup, mais sans doute pas encore assez… Si le rapport lui-même est une obligation pour toutes les collectivités réunissant plus de 50 000 habitants, les élus départementaux en ont fait un temps de débat démocratique.
Peut mieux faire
Marie-Claire Barbier en convient : après la pause (forcée !) de 2020, les émissions de gaz à effet de serre de la collectivité ont repris. Elle a émis 10 118 tonnes équivalent CO2 en 2021 (54 % pour le patrimoine bâti, 38 % pour l’activité voirie, 6 % pour les déplacements professionnels). L’objectif 2022 est fixé à 9500 tonnes. Atteignable ? Dans ses bâtiments, le conseil départemental utilisait 32 % d’énergies renouvelables en 2021 (chauffage bois, électricité « verte », solaire…) mais au global, la dépendance aux énergies fossiles reste de 79 % (44 % pour les bâtiments, 35 % pour la voirie).
Il y a donc peu de chance que les objectifs du plan climat voté en 2018 soient atteints. En matière d’émissions des gaz à effet de serre, la cible était une baisse de 14 % sur la période 2018-2022. C’est seulement -5,9 % sur 2018-2021. C’est – 10,8 % dans les bâtiments contre – 19 % attendus ; + 6,9 % pour la voirie contre – 5 % ; et -16,9 % pour les déplacements professionnels (merci le télétravail) contre – 12 % attendus.

Une politique transversale
La collectivité se met pourtant en ordre de marche à tous les niveaux pour agir. La gouvernance inclut dorénavant une inter-commission dédiée aux dynamiques durables, et chaque service est prié de se décarboner. Mais faire dévier de sa trajectoire énergétique le lourd paquebot qu’est le conseil départemental prend du temps.
Pour les bâtiments, le nouveau service performance énergétique étudie une dizaine de centrales photovoltaïques, le remplacement des chaudières fioul, le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques, des travaux d’isolation partout, et bien d’autres mesures. De la même manière, remplacer le parc de la voirie prendra forcément du temps. En la matière, l’indicateur positif est celui de la politique vélo : 3,5 millions d’euros (M€) par an, 150 km de véloroutes et 200 km de bandes cyclables en service.
En matière de consommation, l’accompagnement de l’abattoir de proximité de Chambéry, le déploiement de la démarche « de la terre à l’assiette » permet de servir aux collégiens 18 % de produits en circuit court (31 % pour les élèves desservis par l’atelier culinaire départemental, autour de Chambéry), et 18 % de produits bio (30 % pour l’atelier départemental).
En matière de protection de la biodiversité, 892 hectares de forêts départementales étaient gérées durablement en 2021, dont 568 situées en zone Natura 2000. 12,3 % du territoire sont couverts par une protection environnementale forte (parc national, réserve naturelle, arrêté de biotope).
Peut mieux faire, soupirent plusieurs élus de la majorité. « Il faut s’interroger sur la sobriété à atteindre », estime Annick Cressens. « Le changement doit être collectif mais également individuel, assure Nathalie Furbeyre. Il faut changer de paradigme ».
Sans nier ni la complexité des dossiers ni les efforts fournis, l’opposition souligne par la voix de Catherine Chappuis que « le chemin est encore long, et la pente de plus en plus raide… », et propose notamment la mise en œuvre d’un budget vert (permettant de pondérer les dépenses en fonction de leur impact sur l’environnement).
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