La mairie persiste et signe avec son projet d’embouteiller l’eau minérale de la station thermale. Mais l’opposition est véhémente.
Le projet d’usine d’eau minérale de Divonne-les-Bains est au coeur d’un affrontement de part et d’autre de la frontière franco-suisse. De nombreuses voix dénoncent son potentiel impact environnemental. L’idée consiste à mettre en bouteille l’eau de Divonne, réputée pour soigner les affections psychosomatiques lors de cures thermales. Et pourquoi pas rivaliser avec les grands noms de la région comme Thonon ou Évian…
Après des années de gestation, ce projet initié dans années 1990 par Étienne Blanc, maire de la ville de 1991 jusqu’au 9 février dernier, est revenu sur le devant de la scène depuis la signature en mars dernier d’un permis de construire pour l’usine d’embouteillage. La perspective de voir sortir de terre une structure qui pomperait 80 mètres cubes d’eau par heure, à 140 mètres de profondeur, suscite de nombreuses inquiétudes quant à son impact sur la nappe phréatique et les autres ressources hydriques de la région.
« Les cours d’eau genevois souffrent chaque été de la sécheresse et le Pays de Gex doit lui-même importer entre 15 % et 20 % de son eau potable, a déclaré à La Tribune de Genève le conseiller administratif de Versoix (canton de Genève) Cédric Lambert. Dans ce contexte, vouloir pomper de l’eau en sous-sol pour la vendre en bouteille est absurde. » De plus, le projet suscite la colère des communes des cantons de Genève et de Vaud car les camions de transport des bouteilles circuleront sur l’autoroute Lausanne-Genève, déjà saturée. Dix communes ont ainsi déposé un recours au Grand Conseil genevois. Un collectif de Ferney-Voltaire a aussi déposé le sien.
Éviter un nouveau Vittel
Le 24 mai dernier, une réunion publique a eu lieu en présence du nouveau maire de Divonne, Vincent Scattolin, et de Patrick Sabaté, négociant en champagne, qui est l’un des promoteurs du projet. Ce dernier s’est montré rassurant, selon le journal suisse 20 Minutes. L’eau se reconstituerait avec le ruissellement à travers la roche et n’aurait rien à voir avec l’eau courante qui alimente une rivière.
De plus, il assure que les camions de sa société éviteront les heures de pointe et ne perturberont pas le sommeil des riverains. Pour autant, selon plusieurs sources, l’ambiance de la réunion était houleuse, et les deux interlocuteurs ont peiné à convaincre les participants du bien-fondé de leur projet. Le lendemain, le collectif “Stop embouteillage” a donné une conférence de presse au cours de laquelle des habitants de Vittel ont raconté comment la commercialisation de l’eau minérale est en train d’assécher leur région.
De leur côté, les soutiens du projet mettent en avant l’argument économique, arguant de son potentiel impact sur l’emploi et le tourisme, sans oublier la concession d’exploitation, qui pourrait rapporter des recettes considérables à la ville. La production doit débuter en 2021.
Par Romain Fournier
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