La Cour des comptes révèle des dérives dans la prise en charge des notes de frais du Conseil administratif de la Ville de Genève. En réaction, le Bureau du conseil municipal a demandé une enquête sur les dix dernières années.
L’annonce a fait l’effet d’une bombe. La Cour des comptes a publié le 1er novembre un rapport sur le Conseil administratif de la Ville de Genève et sa gestion des notes de frais. Il apparaît que des déplacements privés, des notes de téléphone extravagantes ou encore du champagne ont été payés… par le contribuable. La Cour a de plus révélé que les raisons des dépenses ne sont jamais contrôlées et qu’aucun plafond n’a été établi pour les frais effectifs.
Le conseiller administratif du Parti Démocrate- Chrétien (PDC), Guillaume Barazzone, a d’ores et déjà remboursé volontairement plus de 51 000 francs (44 600 euros), en prenant en compte les années antérieures à l’audit, depuis son élection en 2012. Il aurait dépensé plus de 17 000 francs en frais de téléphonie mobile, « soit un montant cinq fois supérieur à la moyenne de ses collègues, sans aucun autre motif que de la convenance personnelle », peut-on lire dans le rapport, dont les extraits ont été publiés par La Tribune de Genève. Selon les informations du quotidien, le rapport détaille également des frais de bouche tard dans la nuit ou des trajets en taxi dont le caractère professionnel n’a pas été démontré.
Un contrôle du bien-fondé des dépenses
Dans ce rapport, la Cour a émis plusieurs recommandations pour améliorer la situation, dont l’établissement d’un règlement propre au Conseil administratif qui définisse la prise en charge des frais professionnels. Ce règlement a d’ores et déjà été adopté par l’exécutif. Il prévoit notamment un contrôle du bienfondé des dépenses par le conseiller administratif en charges des finances. Réuni en séance extraordinaire le 3 novembre, le bureau du Conseil municipal de Genève, qui compte des représentants de chaque parti du canton, a demandé que l’audit de la Cour des comptes soit étendu aux dix dernières années.
Dans ce communiqué, les conseillers municipaux se disent « consternés » et « en colère ». Ils appellent les partis politiques et la commission des finances à « prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à ces pratiques inadmissibles ». Ce rapport fera par ailleurs l’objet d’une séance spéciale le mardi 13 novembre.
Par Romain Fournier
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