Reprise en juin 2015 par ses salariés associés au sein d’une société coopérative (SCOP), l’usine ALPINE ALUMINIUM remet en état son outil de production.
Après une dizaine d’années sans investissement, Alpine Aluminium se remet peu à peu sur les rails. Le chiffre d’affaires 2017 du fabricant de disques en aluminium et de bandes d’aluminium laqué atteindra les 29 millions d’euros (plus de 50 % à l’export), avec une production de 9 000 tonnes. « Nous enregistrons une progression de 10 % par rapport au premier exercice. Destiné à sécuriser l’outil de production, notre plan d’investissement se déroule comme prévu », souligne son pdg Grégoire Hamel.
D’un montant total de 3 millions d’euros, le programme financé avec l’aide de l’État et de la Région via des fonds dédiés à l’investissement industriel a permis de remettre à neuf les organes vitaux des équipements lourds de l’usine et d’accroître les capacités en construisant un troisième four. L’été dernier, le pilotage de la ligne de laquage a été intégralement changé afin de réduire la durée du cycle, de gagner en stabilité et en fiabilité. Cette ligne de laquage qui fut la première construite en Europe lors de sa mise en service en 1965 n’avait été améliorée qu’une seule fois en 1992.
BESOINS DE MAIN-D’OEUVRE
L’effort d’investissement s’accompagne de recrutements. Lorsqu’elle a été reprise, en juin 2015, par ses salariés réunis sous forme de société coopérative, Alpine Aluminium comptait 65 salariés. Les effectifs sont actuellement de 90 personnes, dont 45 associés. Si la pyramide des âges a été considérablement rajeunie avec les départs des personnels proches de la retraite, 5 à 10 personnes supplémentaires seront nécessaires en 2018 pour procéder aux remplacements et répondre à la demande. Pourtant, les recrutements sont compliqués sur des métiers industriels pour lesquels il n’existe pas de formation spécifique.
Dans un bassin où l’offre d’emploi est forte, l’usine n’est par ailleurs pas en mesure de s’aligner sur les avantages sociaux offerts par les grands groupes implantés en Haute-Savoie. « Nous nous engageons dans la durée avec les personnes que nous recrutons et que nous formons. C’est vraiment un mariage qui implique, entre autres, d’adhérer à notre spécificité coopérative et d’apprécier le travail en équipe », précise Grégoire Hamel. Recrutés comme dans une entreprise classique, les nouveaux embauchés peuvent, au bout d’un an, rejoindre les rangs des associés s’ils sont cooptés par leurs pairs et que leur demande est acceptée en assemblée générale.
DIVERSIFICATION DANS LES PRODUITS LAQUÉS
L’usine dont la production a atteint, dans le passé, jusqu’à 30 000 tonnes n’a pas l’intention de se relancer dans une course aux volumes. Sa stratégie vise à revenir à une centaine de salariés pour une production annuelle de l’ordre de 12 000 tonnes, dont 25 % de disques en aluminium destinés aux articles culinaires, principalement pour Tefal, partenaire historique des forges. La production de bandes d’aluminium laqué pour les marchés du bâtiment (bardage, toiture, gouttière…), du transport, de l’industrie génère, elle, 75 %, des ventes.
Alpine Aluminium est l’un des deux producteurs français actifs sur ce segment en forte croissance et à plus forte valeur ajoutée. « Nous avons la chance d’être totalement indépendants, puisque nous partons des chutes d’aluminium pour effectuer les opérations de fonderie, laminage, laquage », poursuit Grégoire Hamel. En parallèle, Alpine Aluminium prévoit de se renforcer au niveau commercial pour étoffer son portefeuille clients.
UNE SCOP, ET UNE ASSOCIATION
Placée à l’automne 2014 en redressement judiciaire, la Compagnie Alpine d’Aluminium a été reprise en juillet 2015 sous forme de société coopérative et participative (scop). Le projet, qui a nécessité un investissement de 10,5 millions d’euros, est porté par ses salariés qui ont réussi à convaincre le tribunal, les clients, les banques, collectivités et autres organismes. L’association “Autour des forges de Cran” a été lancée en mai 2015 pour accompagner la création de la scop et fédérer tous ceux qui veulent s’investir autour de l’usine.
Elle se charge de la formation à travers le transfert des savoirs et des savoir-faire entre anciens et nouvelles recrues. « Sa vocation est aussi de faire connaître et partager le patrimoine de l’usine avec un projet de tourisme industriel axé sur les processus de fabrication, l’histoire et la richesse patrimoniale du site », ajoute Yannis Sautis, son responsable. L’idée est, entre autres, de renforcer l’ancrage de l’usine sur le bassin en l’ouvrant pour des manifestations culturelles (expositions , projections… ).
Par Sophie Boutrelle
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