À Saint-Jean-le-Vieux, InsectÖsphère a produit cette année un million de larves de coccinelles dans ses couvoirs. En pleine dynamique de croissance, la jeune société a des projets précis de développement.
Les enfants, tout comme les jardiniers et les poètes les ont baptisées les bêtes à bon Dieu. En revanche, pour les pucerons, les coccinelles sont de féroces carnivores qui déciment des colonies patiemment encadrées par les fourmis. « C’est ultra-gore, confirme Vincent Bouguet. Elles éventrent les pucerons. Pour eux, c’est un véritable film d’horreur. »
Les coccinelles, ce jeune ingénieur agronome les connaît bien. Avec son associé Kevin Bonnamour, il a créé en février 2017 à Saint-Jean-le-Vieux InsectÖsphère, une entreprise spécialisée dans la vente « de solutions de lutte biologique et d’amélioration de la biodiversité ». Avec un produit phare donc, les bêtes à bon Dieu : « En 2019, on a produit plus d’un million de larves de coccinelles pour la lutte biologique au niveau professionnel. Sans compter ce qui est vendu aux particuliers, surtout des œufs et des adultes car ils sont moins fragiles », souligne-t-il. Car les Coccinellidae ont une image extrêmement positive auprès du grand public.
À juste raison puisque cet insecte auxiliaire est un véritable ange gardien pour les cultures. « D’autant plus qu’on fait des espèces qui sont très efficaces », relève Vincent Bouguet. Comme les coccinelles à deux points : « C’est ce que l’on préconise car c’est ce qui donne le meilleur résultat. Elles volent de branche en branche, elles pondent là où il y a des pucerons et en quelques jours on a un arbre qui est complètement nettoyé. »
À la croisée de l’agriculture, de l’économie et du développement durable, InsectÖsphère a le vent en poupe. Ce dont témoigne son chiffre d’affaires : de 160 000 euros en 2018, il est passé cette année à 350 000 euros. « On arrive à vivre de notre activité, reconnaît Vincent Bouguet, mais on investit beaucoup dans la société. » Pour construire de nouveaux locaux et déménager les bestioles début 2021 : « On fournissait un grand groupe de la lutte biologique, mais au vu de nos installations, ce n’était plus possible de continuer comme cela, on a donc été contraint d’arrêter cette année. »
Installée aujourd’hui dans un ancien cabinet médical racheté par la commune qui met les locaux à sa disposition, la jeune société s’installera dans deux ans sur la zone artisanale de Saint-Jean-le-Vieux. Elle occupera alors de 4 à 500 m2 contre un peu plus de 110 m2 aujourd’hui.
Après à peine trois ans d’activités, le constat est plutôt réjouissant : il y a de l’avenir dans les bêtes à bon Dieu !
Des solutions de lutte biologique
InsectÖsphère, propose beaucoup d’autres solutions marquées du sceau du développement durable : des hôtels à insectes, des gîtes à chauves-souris et pour les hérissons, des nichoirs. Sans compter toute une gamme d’amendements organiques, de bio stimulants pour les jardins, des pièges à phéromones contre la pyrale du buis. Ou bien un kit d’élevage des coccinelles…
Quatre-vingt-seize espèces recensées en France
InsectÖsphère élève et commercialise quatre espèces de coccinelles : à deux points (pour les arbres), à sept points pour les plantes potagères, à onze points pour les arbustes ; et depuis quelques mois, à virgules. On en recense en France 96 espèces. Certaines ne dévorent pas les pucerons mais des cochenilles et des acariens (idéal pour la protection des orchidées, des cactus, des ficus). « Notre saison de production, c’est essentiellement de mars à juin, quand il y a des pucerons pour nourrir les coccinelles », souligne le jeune entrepreneur. Et bien les nourrir ! Selon l’espèce, les adultes croquent entre 80 et 250 pucerons par jour… Le tréma sur le O d’InsectÖsphère est un clin d’œil pour rappeler les antennes des coccinelles.
Par Patrice Gagnant
Cet article est paru dans le magazine ECO de l’Ain du 14 novembre 2019. Pour retrouver l’intégralité des articles de notre hebdomadaire, mais aussi de nos suppléments et hors-séries, c’est ICI.
0 commentaires